Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE PALAIS DES ARAIGNÉES
LE PALAIS DES ARAIGNÉES

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LE PALAIS DES ARAIGNÉES

Louvelo as Louvelo

Le trajet fut long. Je ne voyais rien à travers le foulard, mais je devinais le trajet sinueux tandis que l’araignée marchait dans les dédales des couloirs.
Puis l’araignée s’arrêta. D’une voix rauque elle m’autorisa à enlever le bandeau.
Je le détachai, et cligna des yeux à cause de la lumière. Nous étions dans une salle qui avait dû être magnifique un jour. De hautes colonnes sculptées montaient jusqu’au plafond, et le sol était fait de marbre.
Mais d’épaisses toiles d’araignées reliaient les colonnes entre elles, et le sol était poussiéreux, terne. Le palais, outre le fait d’être enseveli sous des toiles d’araignées, était sombre ; de lourd rideaux avaient étés cloués par-dessus les larges fenêtres.
Je me rappelai soudainement d’Alden.
Il était allongé sur le dos de l’araignée, pâle. Du sang s’écoulait de sa blessure qui avait pris une teinte verdâtre. Il respirait faiblement.
« Patience, humaine. Nous allons soigner l’autre humain, » fit-l’autre araignée, en avançant vers le centre de la pièce. Je la suivis, frayant mon chemin entre les toiles d’araignées.
Un trône était posé au milieu de la pièce, grand, majestueux, fait de marbre blanc et d’ébène vermoulue. Il y avait une araignée, plus grande que toutes les autres, sur le trône. Elle était énorme. Ses huit yeux nous fixaient avec insistance, luisant doucement dans l’obscurité.
Elle prit la parole, ses mots résonnant étrangement dans le palais silencieux.
« Qui-êtes-vous, humains ?
-Je suis Louvelo, exploratrice du château. Et mon ami, Alden, est amnésique. Il ignore ses origines, dis-je, mon cœur battant à tout rompre.
-Amnésique ? C’est étrange. Son visage m’est étrangement familier… »
L’araignée observait Alden de ses huit yeux, pinçant l’air de ses crochets d’un geste qui pourrait être considéré pensif.
Alden était en train de mourir. Il fallait s’occuper de sa blessure, vite. Le venin se propageait trop rapidement.
« Allez le guérir. Il n’a plus beaucoup de temps, » fit-l’énorme araignée, comme si elle avait lu dans mes pensées.
Les deux autres s’éclipsèrent, me laissant seule avec leur roi.
« Vous vous demandez surement pourquoi je vous ai capturés.
-À vrai dire, en effet.
-La raison, c’était que j’étais curieux. Cela fait longtemps, oh, fort longtemps que je n’ai pas eu compagnie humaine. Regarde autour de toi. Ce palais tombe en ruine. Il fut un temps, où les humains étaient nombreux, ici, Il y en avait tant ! Tant d’explorateurs, comme toi, Louvelo. Avide d’aventures, de dangers… Maintenant, je n’en vois plus. C’est pourquoi je t’ai convoqué, toi et ton ami. Pour discuter. »
Je ne sus quoi dire. Le mot « convoqué » me semblait un peu exagéré, étant donné les circonstances. Mais on ne conteste pas une araignée de deux mètres.
« Mais… Ce n’est pas la seule raison. Malheureusement, je ne pourrais pas vous garder. Ce n’est pas l’envie qui me manque, non ! Mais quelqu’un d’autre vous demande. Quelqu’un, je dois l’admettre, de plus puissant que moi.
-Qui ?
-Je ne puis vous le dire, insolente humaine. Allez maintenant rejoindre votre ami dans les cachots. Je viendrai vous chercher plus tard. »
Je soupirai, et une araignée s’approcha de moi et commença à m’escorter jusqu’à la prison.

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