(Aucun de mes deux explorateurs n’est passé par le Cathedrall, il fallait bien que je le fasse un jour non ?)
Après avoir eu les cheveux décoiffés lors de ma traversée des Volcans de Vents, après avoir gravi ses innombrables pentes parsemées de rochers de toutes tailles, de toutes formes et de toutes couleurs, après avoir exploré des dizaines et des dizaines de gouffres, après avoir trouvé mon chemin jusqu’au sommet guidée par une colère atroce, j’ai enfin atteint le Deuxième Plus Haut Point Du Monde, là où naissent les nuages. Je ne me suis pas laissée impressionner, car je ne suis pas venue jusqu’ici pour renoncer, et j’ai continué.
Encore et toujours. J’ai marché, j’ai couru, je me suis trainée sur le sol glacé d’hiver, j’ai rampé, clopiné, escaladé des ruines. Encore et toujours.
Et puis, enfin, je suis arrivée à ce point, le Premier Plus Haut Point Du Monde (aussi appelé PPHPDM) et devant moi s’est dressé le château. Celui des Cent Mille Pièces. Celui dont on avait tant parlé dans mon petit village au cœur de la forêt enchantée. Celui auquel j’ai rêvé nuits après nuits dès lors que j’ai eu 100 ans. Celui, enfin, qui était le sujet de ma quête.
De notre quête à vrai dire. Je n’étais pas seule. Mais les Elfes ne sont pas entièrement immortels. Malheureusement.
Et aujourd’hui, j’ai 101 ans. Et je suis seule. Les larmes ruissellent sur mon visage. J’ai perdu l’être que j’aimais le plus au monde. Mais je me dois d’avancer.
Alors je fais la chose qu’on aurait voulu faire, toutes les deux. Je pousse l’énorme porte en chêne massif du Cathedrhall.
L’endroit sur lequel je débouche est une immense caverne de lave. L’atmosphère est brûlante. Bouillante. Torride. Sous mes pieds, un pont en pierre pavé. A ma gauche, de la lave. A ma droite, de la lave.
Des colonnes de pierre se dressent, droites, au travers du champ de lave. Des jets rouges jaillissent autour de moi et j’avance sur ce pont flamboyant. Les rugissements de l’air chaud sont hargneux, pareil aux sentiments qui bouillonnent en moi. Et je ne veux qu’une chose, évacuer mon chagrin, ma colère, ma peine, ma rage.
Alors j’attrape mon arc dans mon dos, je tire une flèche de mon carquois et je commence à le vider, flèche après flèche. Mais sans arrêt, il se re-remplit et je pourrais continuer encore longtemps. Il me faut autre chose. Une autre arme, un objet, n’importe quoi avec lequel je puisse me défouler. Alors je continue mon chemin énergiquement jusqu’à atteindre le bout du pont. Et la porte. Une porte entourée d’armes de toutes tailles, de toutes sortes. Armes que je prends autant que je peux en porter.
Alors allégée grâce à ces armes qui me pèsent autant qu’elles me soulagent, je pose ma main sur la poignée.
Autrice : Owang sous le pseudo « Owang »