Aqua as Aqua
C’est lors de la dernière pluie que je fis mon arrivée au château, sous ma forme d’Aqua, soit de gouttelette d’eau. Changer d’apparence a parfois quelques inconvénients, comme celui d’arriver après tout le monde.
Je tombais par le premier conduit de cheminée venu, un lieu fort sombre et crasseux ; apparemment, la construction du Château ne datait pas d’hier. Qui savait, peut-être existait-t-il depuis la nuit des temps ? Ou même avant…
Après être passée au travers de multiples toiles d’araignée, j’atterris en douceur sur un tas de cendres froides. Devais-je en conclure que le lieu était habité ? À moins que les feux ne soient dus uniquement aux explorateurs successifs… Quoi qu’il en soit, mon exploration débutait là.
Je repris forme humaine et me retrouvais à quatre pattes dans le foyer du Cathedrhall, l’entrée principale. M’extirpant de là non sans me cogner la tête au rebord de marbre, je me redressai et époussetai mes vêtements humides. Mes mains et mon visage étaient couverts de suie.
La pièce, immense, avait des murs innombrables et tous uniques : parcourus de tapisseries ou de miroirs, de fresques ou de papier peint, de bougeoirs et d’étagères, troués de milles ouvertures – toutes fermées –, ils s’étalaient en longueur aussi bien qu’en hauteur. Je restais bouche bée devant tant de portes à ouvrir, de pièces à explorer… Je me sentais à la fois minuscule et toute-puissante. Je pouvais aller où je le souhaitais. C’était à m’en donner le vertige…
Soudain, un léger mouvement, non loin, attira mon attention. J’eus tout juste le temps d’apercevoir un pan de soie bleu disparaître derrière une porte imposante, qui se referma dans un claquement sec.
Sans hésiter, je m’élançais entre des colonnades pour rejoindre l’aventurière qui m’avait précédée.