Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA TRAPPE VERSION CHÂTEAU
LA TRAPPE VERSION CHÂTEAU

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LA TRAPPE VERSION CHÂTEAU

le petit grand nain as Le petit grand nain (JBlogueur/Château)

Au milieu de la tempête d’informations qui me parcouraient, je tentai de séparer tous les éléments importants :
Tout d’abord, les Maîtres. Plus je repensais au fait que ce Maître soit celui des Robots, plus son lien avec Neonity m’apparaissait comme évident.

Le fait que Vic ne nous ait pas emmenés plus loin m’embêtait un peu parce que je pensais aux problèmes qui nous attendaient si nos alliés ne s’entendaient pas. En plus, avec le GDIR n°1 qui avait lui aussi un passé tumultueux, les différends ne devaient pas manquer. Combien de nos alliés et d’explorateurs avait pu tuer notre ami avant de passer de notre côté ?

Ensuite, la pièce. Cette pièce qui avait tant d’importance… De toute façon, le conseil du Maître avait été plutôt inutile. Si nous avions voulu retrouver leur pièce, nous n’aurions pas agi différemment. Nous savions que le hasard était pour beaucoup dans notre rencontre, et que ce n’était pas nous qui contrôlions ce genre de choses. Fréquemment, nous allions où les gens plus puissants voulaient que nous allions.

Et pour finir… Un gars était déjà venu dans le Château. Cela, je ne me l’expliquais pas. Et… Pourquoi avait-il honte de cela ? Il avait agi devant le Maître comme s’il voulait s’en cacher. Je failli lui demander, puis me ravisai. Il ne semblait pas avoir envie d’en discuter maintenant, et de toutes manières, nous étions dans une situation plutôt tranquille qui excluait les risques réels. Le Maître avec nous, Vic qui devait nous suivre… D’ailleurs, un certain nombre de robots nous suivaient.
Pendant que nous avancions, le Maître continuait à nous expliquer.
– Le Maître des Glaces est peut-être moins puissant que le Maître Prophète, mais je reconnais volontiers qu’il est bien plus doué pour certaines choses à la portée des humains normaux : il est un stratège incroyable, est très intelligent et observateur, et a surtout la capacité de se faire des amis en toutes circonstances. Il a un pouvoir de persuasion très fort, et choisit bien ses mots, ce qui fait de lui quelqu’un qui, s’il n’était pas notre allié, pourrait se révéler très dangereux. Le Château a d’ailleurs longtemps eu tendance à le sous-estimer, jusqu’à ce qu’il convainque le GDIR de nous rejoindre.

Nous parcourions une sorte de couloir décoré de pièces métalliques, qui devaient avoir appartenu à des robots. Bientôt, nous arrivâmes à un cercle qui envoyait des reflets colorés sur les murs, creusé à même le sol et entouré de bois.
– Alors, c’est cela, la trappe ? demanda Un gars.
– Oui, répondit le Maître. Je ne vous accompagne pas plus loin, car si je quittais mon domaine, il s’en trouverait grandement affaibli, en particulier les protections qui empêchent le Château de le trouver. C’est donc un passage direct vers la pièce du Prophète, qui a bien plus de choses à vous révéler que moi.
– A ce propos, commençai-je, j’avais au début de mon exploration un robot qui s’appelait Neonity et je me demandais…
Le Maître avait disparu. Un gars me regarda, et me dit :
– Je ne suis plus sûr… Il y avait bien quelqu’un là ? Le Maître ? Ou est-ce ma mémoire qui me joue des tours ?
– Non, il était bien là, répondis-je. Mais… Il a disparu. Il a dû retourner dans sa pièce…
– Sans doute. En tout cas, il nous a laissé une sacrée escorte.
En effet, une quinzaine de robots équipés pour le combat nous entouraient.
– Eh bien, allons-y, déclara Un gars.
Il souleva la poignée de la trappe, puis sembla hésiter, et se tourna vers moi.
– Tu sais, dit-il d’un air gêné, ce qu’a dit le Maître des Robots dans la pièce… Il faut que je te dise, c’est…
À cet instant, une explosion l’interrompit. Le bout du couloir, à l’opposé de l’endroit d’où nous étions arrivés, s’emplit de flammes.
Un gars réagit immédiatement, et saisit la poignée avant de la rejeter en arrière. La trappe s’ouvrit, et il se précipita à l’intérieur. Trois robots s’y engouffrèrent à sa suite, mais l’un d’entre eux me bouscula au moment où j’allais entrer. Je tombai sur le côté, et les flammes m’atteignirent.
J’ouvris les yeux deux secondes après l’attendu impact des flammes, ne sentant rien d’autre qu’une chaleur passant de part et d’autre de mon corps. Rien ne m’atteignait. Et pour cause… Trois des robots qui devaient nous escorter se tenaient devant moi et faisaient écrans pour me protéger des flammes. En quelques secondes, celle-ci laissèrent place au vide. Un gars sortit en courant de la trappe.
– Tu n’as rien ? demanda-t-il.
– Non, ça va.
Après un moment d’hésitation, je poursuivis :
– Est-ce qu’on va voir ?
– Pas besoin, on arrive, dit une voix que je connaissais bien.
– Cours, intimai-je à Un gars.
– COUREZ ! hurla-t-il à son tour aux robots.
Tout le monde se précipita dans la trappe, tandis que s’approchait à toute allure notre interlocuteur.
– Je vous conseille de rester ici, si vous ne voulez pas que je…
L’un des robots se tourna et lui tira un missile, qu’il stoppa net dans les airs d’un geste du poignet.
Le robot cligna alors de l’œil. Le missile explosa, projetant notre adversaire quelques mètres plus loin.

Quand il se releva, nous étions tous dans la trappe. Il tenta de l’ouvrir, sans succès. En-dessous, le vacarme fait par ses pas sur le sol résonnait sur chaque mur, rendant le bruit assourdissant. Finalement, les bruits de pas s’éloignèrent.

– Il est enfin parti, dit Un gars, rompant le silence. Heureusement…
– Non, répondis-je. Non, pas heureusement. Tu n’imagines même pas ses pouvoirs.
– Quoi ? dit-il. Tu le connais ?
Un silence suivit sa phrase.
– Oui, dis-je enfin. Ou du moins j’en ai entendu parler. C’est une vieille légende naine, que tout le monde connait dans notre peuple, qui raconte l’histoire de cette personne. Un ancien homme, qui serait décrit comme ayant un jour disparu en explorant un immense manoir. Ce qui était particulier dans cette légende, en plus de son histoire inachevée, c’était que la description du personnage était incroyablement précise. En t’épargnant les détails, il possède depuis toujours des vêtements tous unis, mais qui changent de couleur d’un instant à l’autre. Il a un œil absent, la peau lisse là où devrait se trouver son deuxième œil. Il a des lames qui dépassent des coudes, et d’autres au niveau des chevilles. Il est très agile, mais ça je n’ai pas pu le vérifier tout à l’heure. L’œil qui lui reste est vert, il a une peau presque grise, et son pas est extrêmement lourd, alors qu’il n’est pas très gros. C’est un mystère pour tous, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a quelques décennies, il a détruit une cité entière humaine. Et tous les témoignages des rescapés, humains et nains, concordaient…
– Et ce serait lui ? demanda Un gars.
– C’est lui, aucun doute. Mais je ne sais pas ce qu’il fait là… Le problème, c’est qu’il se dirige vers le Maître des Robots.
– Le Maître est puissant…
– Pas suffisamment, rétorquai-je. Tu n’imagines même pas à quel point…
– Oh si, j’imagine. Mais crois-moi, ce n’est pas assez.
J’observai un court instant Un gars, qui semblait presque désabusé.
– Eh bien… Nous devons faire quelque chose. Nous continuons ?
– Attends, dit-il. J’ai certaines choses à te dire. Le Maître des Robots avait dit que j’étais déjà venu… C’est vrai. C’est vrai, mais pas tout à fait. Quand j’étais venu… Je ne considère pas que j’étais la même personne. Tu disais que le Maître n’était pas assez puissant. C’est faux. Je l’ai vu à l’œuvre, et je peux te dire que si il avait voulu détruire une cité humaine, aussi grande soit-elle, il n’y aurait pas eu de rescapés. Aucun. Je l’ai vu détruire une pièce du Château entière d’un claquement de doigts, tuant par la même occasion une vingtaine de serviteurs du Château. Dont quatre magiciens. L’un d’entre eux a survécu, et a pu détruire un de ses robots avant de s’enfuir. Mais le Château ne l’a jamais revu. Car j’avais été terriblement impressionné par sa performance, et je commençai à penser que le Château n’était pas assez puissant pour lutter contre lui, qui venait de tuer plusieurs de mages que j’avais vu accomplir des prouesses. Je pensais à le rejoindre, simplement par intérêt. »

Je fis mine de ne pas noter le brusque passage à la première personne, mais mon cerveau tournait à cent à l’heure. Un gars avait été un magicien au service du Château ? Ce qui voulait dire que, à quelques années près, ç’aurait pu être lui que j’avais tué dans la pièce des Mirages, à coup d’Excalibur. Ou alors… Rien ne disait que ce n’était pas lui qui aurait pu me tuer.

– Mais je n’ai pas tout de suite osé. Entre autres parce que le Château a envoyé tous ses soldats les plus forts sur lui, dont le GDIR et le grand petit nain, je crois. Je ne connaissais pas ton frère auparavant, mais je crois me souvenir qu’il était là. Ce fut une hécatombe pendant un temps du côté des Maîtres, jusqu’à ce que le GDIR n°1 décide d’en finir avec les Maîtres. Il est entré dans la pièce où se tenait encore le Maître Prophète, espérant peut-être pouvoir s’en faire un otage, puisqu’il le savait plus faible. Il est sorti une heure plus tard, et a congelé trois magiciens d’un coup. Il avait ce pouvoir, auparavant. J’ai sauté sur l’occasion pour attaquer les hommes de main du Château, qui, pris par surprise, n’ont pas eu le temps de réagir. Le Château y a assisté, et m’a jeté un sort terriblement puissant, qu’il m’a coûté énormément de dévier. Je n’y ai pas perdu la vie, mais j’ai perdu la majorité de mes pouvoirs. Les robots du Maître m’ont plutôt soigné, mais je n’ai pas récupéré mes pouvoirs.
Quelques jours après, le Château a signifié que si je ne quittais pas les lieux immédiatement, il détruirait la pièce où se trouvait le GDIR. »

– Mais… Pourquoi ne l’avait-il pas fait depuis le début, avec les Maîtres, s’il savait où ils étaient ?

– Parce que détruire une pièce, pour le Château, c’est simplement la volatiliser, ainsi que tout ce qu’elle contient, et en faire apparaître une nouvelle. Cela aurait détruit le GDIR à coup sûr, mais le Château aurait été très affaibli. Et aussi parce que les Maîtres pouvaient bouger à tout instant et qu’il aurait eu du mal à les avoir. Mais moi, ce que je ne savais pas, c’est qu’il ne pouvait tout simplement pas se permettre ça après la défaite qu’il venait d’encaisser. Sauf que les Maîtres n’ont pas eu le temps de me le dire… Je suis parti immédiatement, pensant que si le GDIR était tué par ma faute, ce serait pire que ma trahison du Château. J’avais sans doute raison, mais… Il n’allait pas être tué. Toujours est-il que j’ai fui, et que j’ai miraculeusement retrouvé la sortie. Enfin… C’est ce que je croyais. Le Château m’a laissé y accéder et a simplement refermé la porte. Un aventurier, sur le point d’entrer dans le Château, a décidé de m’accompagner un temps, pour que je lui raconte ce que je savais sur le Château, avant d’y retourner. Il m’a sauvé la vie et y a laissé la sienne, quand l’un des assassins du Château a été envoyé pour me liquider. Enfin, il a juste affronté l’assassin assez longtemps pour me permettre de fuir, et j’ai fini par tuer l’assassin. Dans son dos. »
– Mais… Pourquoi n’être retourné dans le Château que si longtemps après ?
– Tu ne crois pas si bien dire, répondit Un gars. Mon premier passage au Château a eu lieu il y a presque 100 ans.
– Comment ? dis-je, incrédule.
– J’étais un magicien, ne l’oublie pas ! Il n’y a qu’un seul pouvoir que je n’ai pas perdu, c’est le don qui était inné pour moi, comme plusieurs magiciens en ont : je vieillis très lentement. Ce pouvoir, le Château n’a pas pu me l’enlever. C’est pour cela que j’ai attendu si longtemps : pour le Château, je suis mort depuis des décennies. J’ai dû faire modifier un peu mon apparence, changer même de mode de combat, et me débarrasser de toutes les traces de magie que je possédais encore, pour être certain que ni le Château ni ses acolytes ne me reconnaissent. »
– Et tu penses que ça a marché ? demandai-je.
– Je suppose que non, soupira-t-il. Le Maître des Robots n’a pas eu besoin de grand-chose pour m’identifier, et rien ne prouve que le Château l’ait su dès le début. Le squelette aussi, d’ailleurs, m’a sans doute reconnu.
– Et… dis-je après une hésitation. Le petit nain de grand ? Tu ne penses pas qu’il le savait, lui aussi ? Si c’était un magicien…
– Je suis moins sûr. Il a vraiment hésité avant de me suivre, et surtout il n’était pas là il y a 100 ans, ça tu le sais.
– Tu oublies que j’ai perdu la mémoire, et que mes souvenirs ne sont pas tous très nets. Les nains magiciens ne sont pas rares, et il est établi qu’il en est un… Les nains prennent ces choses plutôt bien, si quelqu’un vieillit plus lentement, on ne cherche pas à le rejeter pour ça… Même si souvent il s’exclut de notre communauté, parce que voir sa famille mourir tandis qu’on ne change presque pas est assez éprouvant.
– Ca se comprend, en effet…
Il chercha ses mots un instant.
– Mais… D’ailleurs…
Son visage se ferma.
– Je perds aussi la mémoire… Comment se fait-il que je me souvienne de tout ça ?
– Parce que c’est mon bon vouloir.
Nous nous tournâmes en sursaut vers la voix qui venait de retentir dans le souterrain.
Entouré de nos robots, dans un blizzard glacial, une haute silhouette semblait nous attendre.
– Eh bien, dit le nouvel arrivant, je crois me souvenir que vous deviez venir chez mon collègue ? Il se trouve qu’il n’est pas disponible, dans l’immédiat. Je le remplacerais.
L’homme sortit du brouillard. La première chose que je remarquai chez lui était son bouc, bleu, comme gelé.
Le Maître des Glaces nous fit signe de le suivre.

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