La Chatte qui Pêche as La Chatte qui Pêche (ou Poussière d’Étoile)
Après être sortie de la salle d’attente de gare, je me retrouvai dans une pièce totalement différente de tout ce que j’avais exploré avant. Car… ce n’était pas une pièce, ou du moins je n’en avais pas l’impression. J’étais dans une immense forêt de sapins. Au-dessus de moi, le ciel. Sous mes pieds, un tapis en aiguilles de pin. Pour moi, cette forêt était un paradis, car j’avais grandi dans une forêt qui ressemblait beaucoup à celle-ci. Avec le reste de mon peuple, les Dissents, on avait élu domicile… Non. Ne pas raconter. C’est une blessure encore trop récente.
Je me suis avancée au milieu des arbres. Je ne comprenais pas comment un tel endroit pouvait exister dans le Château, mais ici tout est possible, non?
En tout cas, j’abandonnai vite ce problème pour me concentrer sur un autre qui était beaucoup plus important. Concernant la petite araignée qui s’était installée sur mon épaule. C’était, bien sûr celui de l’alimentation. Que mangent les araignées? Des mouches non? Mais normalement, elle ne sont capables de les capturer qu’en construisant une toile. Je tournai la tête pour inspecter mon nouveau compagnon lorsqu’il fit quelque chose qui résolut d’emblée mon problème. L’araignée se contenta de gober un moucheron de passage, avec un petit bruit de satisfaction.
Ce dilemme fut mis de côté, mais un autre surgit presque simultanément. C’est-à-dire quel nom donner à la bestiole. « Araignée », c’était un peu long. « Composante de la famille des Arachnides »? Encore pire. Finalement, je résolus de l’appeler Ara, par abréviation. Je prononçai plusieurs fois son nom, et je crois que ce son guttural lui plaisait.
Pendant que je réfléchissais, je ne m’étais pas rendue compte que la température dans la forêt avait peu à peu augmenté. Quand j’avertis ce changement, il était trop tard. Un incendie était en train de ravager la forêt derrière moi. Affolée, je ne savais pas quoi faire. Je ne voyais pas de porte. Je commençais à sentir l’odeur du bois brûlé. Les flammes s’approchaient. Encore un mauvais tour du Château! Ara était agitée elle aussi. Tout à coup, elle bondit de mon épaule et se mit à courir de toutes ses pattes. Je me mis à la poursuivre. Quelle ingrate! Je l’avais sauvée et elle s’enfuyait! Je la vis s’immobiliser à la base d’un sapin. Toussant et pleurant à cause de la fumée, je la rejoignis. Mais qu’est-ce qu’elle avait? Puis je me rendis compte que l’arbre était creux. Et son tronc était modelé de façon à rappeler une porte. Ce gros nœud de bois, c’était la poignée. J’attrapai Ara et poussai cette porte avant que le feu ne réduise la forêt en cendres.