Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ RIEN N’AURAIT DÛ SE PASSER
LA PIÈCE OÙ RIEN N’AURAIT DÛ SE PASSER

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LA PIÈCE OÙ RIEN N’AURAIT DÛ SE PASSER

Louvelo as Louvelo

J’avais inspecté minutieusement la pièce. Chaque recoin, chaque infime espace, chaque faille dans la roche était passé sous mon œil inquisiteur. Le dragon, lui, était resté assis en grognant, se laissant sécher.
Quand j’eus été sure que nous étions en sécurité, du moins pour un moment, je m’assis sur les dalles. Je posais mon sac sur le sol, et entrepris de le vider. Mes provisions, heureusement, n’étaient pas complètement trempées. Je les avais bien protégées, dans une petite sa coche en cuir qui avait retenu une grande partie de l’eau. Mon carnet, lui, était dans un piètre état. Ses pages étaient gorgés d’eau et collaient entre elle, et les mots soigneusement écrits à l’encre étaient délavés. Je le posais sur le côté. Le reste de mes affaires n’étaient pas trop abimées. Mes allumettes étaient un peu humides, mais elles allaient sécher, et l’eau de la fontaine aux pouvoirs de guérison était restée dans ma gourde.
Je réunis un petit tas de brindilles que je trouvais entre les pierres, et, bien que cela me fende le cœur, déchirait quelques feuilles de mon carnet. Dragon alluma le feu, et je séchai soigneusement mon carnet. Ensuite, je rangeais le tout dans mon sac, et m’allongeai sur les pierres.
-Tu es fatiguée. Dors, je monte la garde, dit le dragon.
Le remerciant silencieusement, je fermai les yeux.
Je n’avais dormi que quelques heures quand les cris du Dragon me réveillèrent. Je me redressai, sur le qui-vive, bien qu’encore engourdie par le sommeil.
Dragon était recroquevillé sur lui-même, comme tentant de chasser de son esprit quelque chose… Mais quoi ?
« Quelque chose… Où quelqu’un, Louvelo. »
Je redressai la tête, alarmée. Quelqu’un était là. Pouvait lire mes pensées. Connaissait mon nom.
« Oui, je connais ton nom, je peux lire tes pensées… Et bien plus, oh, tellement plus… »
Un rire cristallin résonna dans la pièce, un rire effroyable, inhumain. Je me roulai en boule, tremblant de tout mon corps. Je tentai de prononcer quelques mots, mais je ne parvins qu’à murmurer :
-Qui est… tu ?
« Tu ne sais pas qui je suis ? Mais c’est simple, tu ne l’as pas encore compris ? Voyons, Louvelo… Je pensais que tu étais plus intelligente… Je suis le château »
Je fus comme foudroyée. Ce n’étais pas possible, ça ne pouvait pas être vrai…
« Et si, c’est vrai. Rien n’est plus vrai. Je suis le château. Des centaines d’explorateurs parcourent mes pièces chaque année… Et aucun n’en est encore sortit. En ce moment, des centaines d’explorateurs souffrent, ont peur, se font mal… Quelques un meurent. »
-Non… Pas vrai…
C’est alors que, dans mon cœur, je sentis un soupçon de courage s’éveiller, se perdre dans la peur, l’estompant peu à peu. Lentement, je me redressai. Puis, levant la tête, je répétai :
-Non. En ce moment, il y a des centaines d’explorateurs qui découvrent des pièces magnifiques, des centaines d’explorateurs qui sont heureux, vivants… Tu n’es pas tout, ici, tu ne contrôle pas tout. On a encore le choix.
La voix disparut, la sensation de peur aussi. L’air redevint normal. Je soupirai longuement, mon cœur battant la chamade.

Ce n’était, malheureusement, pas la seule fois où j’aurais affaire avec ce sinistre individu.

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