Miss Lovegood as Miss Lovegood
L’eau était sale, noire et boueuse. Je pataugeais dedans et essayais de sortir de ce marais. Je me hissai sur le bord. Nous étions dans un couloir, rond comme un toboggan, très sombre où il n’y avait qu’une petite lumière tous les trois cents mètres. Deux trottoirs -en quelques sortes- bordaient le canal boueux. Pour couronner le tout, une horrible odeur de poubelle emplissait l’atmosphère.
J’avançais en silence, ne remarquant des petits moustiques qui voletaient autour des ampoules.
A ce moment-là, une voix tonitruante retentit dans le sombre couloir.
-Et bien que vois-je ? Deux aventuriers perdus dans ces sales égouts !
Une silhouette rouge apparut devant nous, contrastant avec le noir profond du tunnel. Elle ne ressemblait pas un humain mais plutôt à l’un de ces génies de la lampe que l’on trouve dans les contes des mille et une nuits. Il s’agissait en fait d’un petit bout de fumée vaporeuse couleur sang composé d’un corps et d’une espèce de tête sublimée par un élégant béret noir.
-J’imagine, reprit-il, que vous désirez sortir de cet horrible endroit… mais vous ne passerez pas avant de m’avoir vaincu, moi le diable Lucifer !
Un éclat de rire ponctua ses mots. De la poudre noire surgis devant le démon. Il souffla dessus et les grains foncèrent sur moi. Je toussai, crachotai. J’avais l’impression que ces particules brûlantes me réduisaient en poussière ; comme si la fumée dont j’étais constitué s’affaissait sur le sol.
Au même moment, un cri perçant brisa le silence.
-Esprit, Esprit, au secours !
J’essayai de me relever mais cela me demandait plus d’énergie qu’en possédait mon corps entier. Finalement je me laissai tomber sur le sol, jusqu’à ce que de l’eau s’infiltre en moi.
C’est là que je vis Poussière d’étoiles.
Elle flottait sur l’eau à l’envers, de sorte que sa bouche et son nez ne puissent avaler d’air. Lucifer l’avait noyé. Je couru (très lentement) vers elle, l’attrapa dans mes bras et la sortit de l’eau. Mais c’était trop tard, elle ne respirait plus.
Je tournai la tête et vis Lucifer, souriant. Je remontai légèrement les yeux et c’est là que j’eu l’idée du siècle. Je fonçai vers le diable rouge, l’obligeant à reculer, pour terminer bloqué entre le mur et moi. Mais, brusquement, une deuxième tête (portant le même béret) apparut à côté de la première. Usant de mon état de stupeur, Lucifer s’échappa de mon emprise, faisant échouer mon plan. Mais, en recommençant mon stratagème, je parvins à l’emmener là où je le désirais. Le diable fut aspiré par une bouche d’aération que j’avais remarquée un peu plus tôt.
J’attendis quelques minutes immobile puis je me précipitai vers Poussière d’étoiles. Je la pris dans mes bras et je marchai lentement, envahi par la tristesse, au bord du canal, quand, enfin, j’aperçu une porte ronde et petite.
Je l’ouvris.