lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste as lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste
Je me retrouvais à nouveau dans ce couloir, interminable. Je n’arrivais pas à me résoudre à m’éloigner de cette porte. J’aurais voulu la marquer d’un signe distinctif, pour pouvoir la retrouver plus tard, et avoir des nouvelles du garçon.
Mais j’étais arrivée ici les mains vides, désespérément vides. Je sentis soudain dans la poche arrière de mon jean délavé mon trousseau de clés (en aurais-je encore l’usage un jour?). Je l’extirpai de là et arrachai le bonhomme en scoubidou multicolore qui retenait les clés entre elles. Je le déposai dans l’angle de la porte. Ce geste pourrait paraître anodin mais il pesa affreusement sur mon moral, car c’était la dernière chose que le garçon m’avait donnée, quelques jours plus tôt, avant que je ne l’entraine dans cette aventure qui me paraissait de plus en plus insensée.
Le couloir. Des portes qui se ressemblaient toutes. Seule leur répartition changeait, parfois régulière, parfois plusieurs dizaines de mètres sans portes. Et finalement , une porte avec une lucarne, juste à hauteur de mes yeux. Je m’avançai lentement, et regardai à l’intérieur.
Stupeur, horreur, frayeur. J’assistai impuissante à la scène la plus incroyable qu’il m’ait été donné de voir. Deux aventurières, l’une presque translucide et l’autre si minuscule qu’on aurait pu la prendre pour une lilliputienne, observaient terrifiées leur ami, ou plutôt ce qui semblait être l’ombre de leur ami, prisonnier à l’intérieur d’une créature gluante et gélatineuse qui l’avait…avalé. J’allais pousser la porte de la pièce lorsque la plus petite des deux aventurières entra dans la créature pour porter secours à l’ombre, forçant ainsi par miracle la répugnante créature à les rejeter tous les deux. Je reculai stupéfaite autant qu’effrayée, soulagée d’avoir vu les aventuriers quitter la pièce sans dommage.
Je pensai au garçon. Avais-je eu raison de l’entraîner dans ce château ? Je me pris à envier le sort de ceux qui vivaient ici sans se savoir prisonniers, tels ces rédacteurs dont j’avais eu vent dans la pièce de l’ordinateur.
J’étais fatiguée, non, plus que cela, éreintée serait plus juste.
Je décidai que je franchirai la prochaine porte sur ma gauche (parce qu’il fallait bien décider de quelquechose, alors voilà, ce serait la prochaine porte sur ma gauche.).
La-dite porte ne comportait pas de lucarne. Tremblante à l’idée de ce que j’allais trouver derrière, je l’ouvris le plus lentement possible…et arrivai dans une pièce…normale. Pas de magicien, créature, animal fantastique, être translucide ou ombre étrange, pas de nain à la barbe improbable, ni de guerrier fantastique ou robotique. Juste un lit qui semblait douillet à souhait. J’étais épuisée et je trouvais un lit…simple hasard ?
J’étais sale et poussiéreuse, mais malgré tout je me glissai dans les draps qui sentaient bon le propre et le frais.
Je m’endormis immédiatement.
Et mon rêve commença.
Emerence. Une femme triste, d’une tristesse incommensurable, me parlait. Non, elle parlait à tous les aventuriers. Sa voix était à la fois douce et forte. Autoritaire et suppliante. Imposante et conciliante. Mais ce qu’elle demandait…avait-elle conscience que tous les aventuriers n’étaient pas guerrier ou magicien, que certains étaient seuls et venaient juste de découvrir ce château contre lequel elle appelait à se battre ?
Lorsque je m’éveillais , je ne savais plus très bien où je me trouvais. Mon regard ce porta sur une porte entr’ouverte qui laissait deviner une petite salle de bain. Elle n’était pas là la veille (mais était-c e la veille ? J’avais perdu toute notion de temps depuis que j’étais entrée dans ce château). Je pris une douche brûlante, qui dura un temps infini.
Quand je voulus me rhabiller mes vêtements avaient été remplacés…par qui ? par magie ?
Sur le lit, je trouvai un pantalon en cuir marron avec une étoile rouge sur le genou gauche. Une chemise blanche trop grande pour moi, avec les poignets rouges. Une ceinture rouge. Des chaussures elles-aussi rouges, qui semblaient lourdes mais qui étaient aussi confortables que des pantoufles. Un frisson qui n’était pas un frisson de plaisir m’envahit lorsque je découvris un couteau à la lame effilée et tranchante, avec une pierre précieuse rouge incrustée dans le manche.
Fatiguée, je trouvais un lit. Sale, je trouvais une douche. Ce poignard que je trouvais, qu’est-ce que cela signifiait ?
Je revêtis un peu à contre-cœur ces vêtements. Tout ce rouge. Je souris presque malgré moi. Rouge. La couleur préférée du garçon. Penser à lui me réconforta un peu.
Je pris en dernier le poignard, le glissai dans ma ceinture, jetai un dernier coup d’œil à cette chambre, et la quittai rapidement.
Le couloir. Les portes. Il me fallait avancer. Vers quoi ?