Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE « MEMENTO MORI »
LA PIÈCE « MEMENTO MORI »

LA PIÈCE « MEMENTO MORI »

Carnet de Quelqu’un, ou de Devhinn, où d’un idiot.
Pièce perdue n°1.

Je n’avais pas hésité. J’ai vu une louve tomber derrière la Créature, masse visqueuse sans pitié, puis j’ai sauté, avec le petit grand nain. Ma chute n’a pas été longue. Parce qu’elle n’est pas arrivée où elle aurait dû.

Je suis tombé sur un rebord à mi-chemin du fond du gouffre, en plein sur le dos, mais je crois que je n’ai rien de cassé. Il y a tout de même cet avantage à être immortel. J’ai vu chuter quelques personnes, peu, vers où la Créature est tombée. Et parmi eux le petit grand nain. Il n’est pas mort. Où bien il a ressuscité, et il est dans ce cas sûrement immortel, comme moi. Mais je ne le verrai plus, ça n’a plus d’importance. Pour voir des gens, des amis, il faudrait déjà que je sache qui je suis…

Récapitulons alors. Je suis une personne incapable même de donner mon vrai nom aux gens, j’ai précipité la mort du petit grand nain en lui révélant que je suis immortel, et par-dessus le marché, j’étais au service du Château lors de ma première vie. Je tuais pour lui.

Un trou dans la pierre me permet d’entrer dans une nouvelle pièce. À l’intérieur, il y a quelques meubles, et un lampadaire au milieu. Identique à celui que j’ai déjà vu, avant ce deuxième rassemblement. Ça semble déjà si loin…

Exténué, je m’assois sur un fauteuil, à côté duquel se trouve une commode, sur laquelle sont posées deux pièces d’or, identiques à la mienne. Je l’ai d’ailleurs perdue dans ma chute. Et malheureusement, ce ne sont que des pièces en bois ici.
Et maintenant je me rends compte que cette pièce a été faite juste pour moi, car tout ce qui s’y trouve est en rapport avec mon passé. Enfin, uniquement ma seconde vie.

Une hache lourde digne de celles des plus grands nains est posée contre une étagère, sur laquelle repose un petit arc elfique, comme celui d’Eno, mon apprenti. Lui aussi, je l’ai perdu.

Il y a également un chapeau melon noir et une moustache postiche posés sur un fauteuil en face de moi. Les Dupondt. Chances de morts élevées.

Des robots jouets renversés sur le sol. Les GDIR et Neonity. Sûrement tous morts.

De la glace pilée sur un plateau. Le Maître des glaces. Mort.
Un os rongé sous un petit lit. Le squelette douanier. Mal en point, si ce n’est mort.

Sur la table, dans un coin de la pièce, des Playmobils à l’air innocent. Les aventuriers du rassemblement, à coup sûr. Et tant d’eux sont morts…

Et puis autour de moi, tout simplement. Ces murs blanchâtres, ce plafond sale et ce plancher moisi, c’est la deuxième incarnation du Château, lui qui est aussi immortel, comme moi, parce qu’il est déjà mort, comme moi. J’ai bien vu les expressions d’incompréhension des aventuriers lorsque Émérence à pris le Château en sang dans ses bras. Il ne pouvait pas mourir, tout simplement parce qu’il faudrait détruire sa deuxième vie pour qu’il meure. Anomalie de la ressuscitation, ses deux vies vivent encore. La première qui est le Château, en tant que personne, et la deuxième, le Château, en tant que… Château.

Je regarde mon bras droit, celui sur lequel il y a ma rune elfique. Preuve de mon immortalité. Je brave la Mort, sans même l’avoir voulu. Mais j’ai un but, je crois.

Je dois réparer mon erreur. Ma première vie.

Je saisis le petit arc, trouve un carquois plein de flèches au fond du placard, et sors par une porte de chambre sur laquelle est scotchée une étiquette ridicule avec un smiley souriant.

C’est bête, mais je crois que la Mort ne peux pas m’atteindre, sauf si elle est plus rusée que moi. Ce qui n’est, sans me vanter, pas une mince affaire.

Autrice : un gars…, sous le pseudo « Un gars… »

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