Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE INESPÉRÉE
LA PIÈCE INESPÉRÉE

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LA PIÈCE INESPÉRÉE

lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste as lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste

Le couloir. Interminable. Sombre. Froid. Glacial en fait. Et puis une lueur. Lointaine. Et une musique. Douce.
La lumière provenait d’une petite lanterne, suspendue au-dessus d’une porte. Pourquoi pas ?
La poignée de la porte était faite de pierres précieuses, sculptées en forme de lune. Je la pris dans ma main tremblante (tout ce que j’avais appris de ce château, tout ce que j’y avais vu, ne pouvait que me laisser craindre le pire), la tournai et ouvrit la porte le plus lentement possible (c’était devenu une habitude !).
J’avais perdu toute notion du temps, et tout ce que je vis dans la pièce ne pouvait signifier qu’une seule chose : nous étions le soir de Noël.
Un gigantesque sapin trônait au beau milieu de la pièce, si grand que l’on ne voyait pas sa cime. Il était richement décoré, avec des boules qui semblaient faites d’or et d’argent, des guirlandes qui paraissaient tressées de diamant, des étoiles qui auraient pu avoir été sculptées dans du cristal.
De cette pièce, émanait une douce chaleur, une délicieuse odeur de pain d’épices et la même douce musique que j’avais entendue dans le couloir inhospitalier.
Je m’avançais sans crainte vers le sapin, pour y découvrir des centaines, peut-être même des milliers de cadeaux. Sur chacun figurait un nom ; je me mis à lire les noms sur les paquets : un joli paquet violet entouré d’un petit ruban orange portait le nom étrange d’ « Esprit » ; un minuscule paquet, que j’aurais pu ne pas voir s’il ne portait une curieuse barbe verte, portait le nom de « petit grand nain » ; un paquet noir d’encre portait le nom d’ « Om » ; un paquet décoré de mille épées portait le nom d’ « un gars… » ; un paquet recouvert d’aiguilles de sapin portait le doux nom de « Caliorynthe » ; un paquet orné d’une étoile portait le nom de « Leeko » …tout cela me semblait étrange certes, mais si accueillant…jusqu’à ce que je découvre un paquet posé à l’écart, emballé de gris, mais d’un gris indescriptible qui jurait avec la gaité des autres emballages, et qui me mit mal à l’aise.
J’allais m’en approcher lorsqu’un tout petit personnage me tira par la manche. Je voulus lui résister mais il était si insistant, et il émettait de tels petits cris stridents que je le suivis jusqu’au pied du sapin. Là, il me tendit une décoration de Noël, et je compris à ses gestes insistants qu’il me fallait l’accrocher. J’hésitais quelque peu, car ce qu’il m’avait tendu était une étoile en bois toute simple, qui contrastait terriblement avec le reste des riches décorations qui ornaient déjà le splendide sapin. Tandis que je m’évertuais à atteindre une branche basse du gigantesque sapin, le petit personnage disparut sans crier gare.
Et alors que j’ouvrais la bouche pour l’appeler, mon regard se posa sur un paquet bleu…qui portait mon nom. Un sourire s’installa sur mon visage, je saisis le paquet, j’allais l’ouvrir, lorsque je me souvins du paquet gris qui m’avait inspiré ce sentiment de malaise…je reposai le paquet et cherchai le paquet gris qui m’intriguait sans que je sache bien pourquoi…lorsqu’un bruit étrange s’échappa du paquet qui portait mon nom. L’idée que j’avais en tête la seconde d’avant m’avait quittée, et j’entrepris à nouveau d’ouvrir mon paquet. J’enlevai le beau papier, découvris une boîte en fer, avec une petite serrure sur le dessus, et alors que j’allais retrouver l’idée qui m’échappait tout le temps, une petite clé tinta en tombant juste à côté de moi . Je la saisis et m’en servis pour ouvrir la boîte. Au moment où je terminais de tourner la clé dans la serrure, un horrible cri s’échappa de la boîte et une créature gélatineuse, d’un blanc laiteux, s’extirpa sans mal de la boîte pourtant minuscule par rapport à la taille de ce qui en sortait, et envoya dans ma direction un tentacule que j’évitai de justesse. Malheureusement, je ne fus pas assez rapide pour éviter le deuxième tentacule qui s’enroula autour de ma taille, et la créature me souleva de terre pour m’attirer vers ce qui devait être sa bouche : un trou béant et noir qui dégageait une odeur fétide (pire que celle qui se dégagerait de la bouche d’un nain qui ne se serait pas brosser les dents depuis six mois). Elle me laissa suspendue une fraction de seconde en l’air, ce qui me laissa juste le temps de découvrir avec horreur qu’un homme était prisonnier à l’intérieur même de cette bête monstrueuse. Comme l’on voit parait-il défiler sa vie juste avant de mourir, je me remémorai en un instant tout ce que j’avais pu lire sur ce château et ses habitants, et galvanisée par le souvenir de tous ces aventuriers qui ne baissaient jamais les bras, je pris le couteau qui était glissé dans ma ceinture, et d’un coup net je tranchai le tentacule qui m’emprisonnait.
La créature eut un haut-le-cœur de surprise, me laissa choir sur le sol et régurgita par la même occasion l’homme engourdi qu’elle avait dû avaler juste avant d’essayer de me prendre comme dessert. Celui-ci pris ses jambes à son cou, et je le suivis ventre à terre, non sans jeter un dernier coup d’œil vers cette scène de cauchemar : et là je vis ce que l’on avait voulu me cacher depuis mon arrivée ici, le nom qui figurait sur le paquet gris : Emerence.
La femme qui avait lancé cet appel déchirant. Ainsi tous ces cadeaux étaient-ils destinés à piéger les aventuriers, leur offrant un semblant de répit avant de les dévorer vivants ! L’homme qui avait été avalé par la créature avait déjà franchi la porte de sortie, et j’allais faire pareil lorsque je vis un micro, derrière le sapin.
Il n’était sûrement pas là pour permettre aux aventuriers de chanter en direct « Petit Papa Noël » ! Non, je savais, au fond de moi, que si j’atteignais ce micro, je pourrais mettre en garde les autres et les sauver ainsi d’une digestion lente et douloureuse. Car je voyais la créature, dont le tentacule avait repoussé, commencer à se couler doucement dans un paquet rose. Mais je n’osais imaginer ce qu’il adviendrait de moi si je décidais de ne pas quitter la pièce maintenant. La voix d’Emerence, et son message douloureux adressé à nous tous me revint en mémoire, et je sus que je n’avais pas le choix.
Je marchai rapidement vers le micro, l’empoignai vivement et me mis à crier :
« Aventuriers ! Si vous croisez une pièce qui vous rappelle Noël, passez votre chemin, refermez immédiatement la porte et ne vous laissez pas tenter par son esprit de fête apparent…c’est un vulgaire piège, et une créature abominable vous y attend pour vous digérer dans d’atroces souffrances ».
Au moment où je reposai le micro, je compris ce que je savais déjà sans avoir voulu en tenir compte. La porte de sortie s’effaça et je me retrouvai bloquée dans cette pièce maudite…Le château m’avait donné un choix, sorte de mise à l’épreuve :j’allais maintenant devoir payer le prix pour avoir tenté d’aider les autres…restait à découvrir quel serait ce prix…

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