Ewen as Ewen
Devant moi, rien qu’un couloir, un très long couloir. Un tunnel, en quelque sorte. L’obscurité, et la saleté régnait: des toiles d’araignée, ci et là, de la poussière sur le sol, de l’humidité sur les murs… L’Ange était toujours derrière moi et, heureusement, elle dégageait une lumière d’une blancheur pure et délicate. Je pouvais donc m’avancer sans réel danger de trébucher. Le sol et les murs étaient faits de pierre, assez lisse. Je ne distinguais pas de porte devant moi, j’allais devoir marcher. Mais ce n’était pas une mauvaise chose, j’allais pouvoir en savoir plus sur l’Ange, et sur son meurtrier.
Je me tournais vers elle et lui dis calmement:
«-Pourquoi vous a-t-on assassiné?
-Parce que j’étais une menace. Toute personne s’aventurant dans ce château risque la mort. Chaque vie est en péril.»
Sa déclaration me fit un choc. Ainsi, j’étais moi aussi menacé? Nous poursuivîmes notre marche dans le tunnel. Nos pas résonnaient un à un.
«-Mon tueur est, je pense, le propriétaire du château. Il est puissant, d’une force exceptionnelle, néanmoins, chacune de ses victimes l’affaiblit. L’acte d’ôter la vie est un acte cruel, inhumain, et chaque fois qu’il commet un crime, il est punit en perdant ses moyens.
-C’est rassurant, alors.
-Oui et non. Car il devient fou, incontrôlable. Je l’ai vu de mes propres yeux, et il commence à ne plus ressembler à un homme. Une fois qu’il se sera transformé, on aura beaucoup à craindre de lui. Sa folie résiste à sa perte de puissance, et il reste un redoutable adversaire.»
Je ne demandais pas ce qui signifiait «se transformer». J’avais peur de la réponse. Car si notre adversaire devenait autre chose qu’un humain, s’il devenait un monstre, pourrions-nous vraiment l’arrêter?
Après quelques instants d’une marche silencieuse, une nouvelle porte se profila devant nous. Cette troisième pièce que je visitais, en compagnie de l’Ange, avait été d’une tranquillité révoltante. Mais j’avais appris énormément de choses sur le meurtrier de l’Ange.
Avant de pousser la porte, je demandais à l’Ange:
«-Au fait, comment vous vous appelez?
-India Wills, et tu peux me tutoyer.
-D’accord, India»
Je lui souris, puis ouvris enfin la porte.