Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU PRISONNIER, ou LA PRESQUE FIN DE MES AVENTURES
LA PIÈCE DU PRISONNIER, ou LA PRESQUE FIN DE MES AVENTURES

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LA PIÈCE DU PRISONNIER, ou LA PRESQUE FIN DE MES AVENTURES

le petit grand nain as le petit grand nain

Une grande porte de bois à moitié dissimulée par les plantes grimpantes se dressait devant nous. Neonity, mon robot, et moi-même étant poursuivis par une armée de soldats moyenâgeux dont les cris se rapprochaient, nous n’hésitâmes pas trop : Neonity leva les bras et fit sauter l’entrée. Une salle sombre se trouvait à l’intérieur et il ne semblait pas y avoir de danger, donc nous entrâmes. Mais nous avions mal estimé la distance qui nous séparait des guerriers : une flèche siffla à mes oreilles. Je me tournai, et aperçu une trentaine de soldats qui pénétraient dans la pièce. Certains portaient des masses, des arquebuses… Même Neonity n’aurait pas pu résister contre leur nombre, et surtout pas avec un fardeau tel que moi, d’autant que tous nous en voulaient à mort pour le sort que nous avions infligé à leurs compagnons (en même temps, ils l’avaient bien cherché, hein).
-Cette fois-ci, nous allons pouvoir tuer ces hérétiques ! s’exclama un cavalier à la tête de l’armée. Les éclaireurs, ces incapables, n’ont pas su s’en débarasser, mais nous y parviendrons !
Neonity et moi nous tournâmes vers nos adversaires, bien décidés à vendre chèrement notre peau. Un coup d’arquebuse projeta la machine Atlante contre un mur, et des flèches se mirent à pleuvoir sur moi. Je les évitai comme je pouvais, en stoppant quelques-unes de ma hache, et me mit à courir vers le chef ennemi, espérant le tuer et disperser l’ennemi par la même occasion, technique plutôt désespérée. Et là, un des soldats ennemis eut un geste surprenant et parfaitement calculé : il lança sa dague en direction de ma gorge. Comme il s’en doutait, emporté par mon élan, je ne pus que baisser la tête en arrière pour éviter l’arme.
Le couteau trancha net ma barbe.
Dans laquelle je me pris les pieds.
Avant de lâcher ma hache et de m’assommer sur celle-ci.

Quelques minutes plus tard, je me retrouvais dans la même salle, attaché sur un bûcher de fortune avec Neonity, prêt à être brûlé vif. Aucun d’entre vous ne peut imaginer la honte qui nous est infligée lorsque nous perdons un combat à cause de notre barbe : pour les autres races, c’est déjà source de moqueries, mais chez les nains… Pour vous donner un exemple, l’un des plus grands seigneurs nains de tout les temps,à la suite d’un grand combat, s’apprêtait à achever le chef ennemi, un humain. Il se tenait debout devant le condamné, prêt à abattre sa hache devant tous ses guerriers quand l’homme, d’un geste désespéré, se saisit de sa barbe déjà alourdie par le poids des décorations liés à sa souveraineté, l’attira à lui et lui envoya un coup de genou dans le nez. Le prisonnier fut libéré, car le roi n’avait plus aucun pouvoir, et symboliquement, on lui refusait même son dernier acte de suzerain ; quant au roi, il fut banni, rejeté dans une forêt sauvage sans armes et sans vêtements, condamné à vivre en tant qu’ermite pour le restant de ses jours. Et moi, non seulement j’avais trébuché sur ma barbe mais en plus et surtout, je n’avais PLUS ma barbe…
J’étais donc fort triste.
Le bourreau s’approcha, la torche à la main. Je vis ses yeux à travers sa capuche, et son regard cruel… La flamme s’approchait de la paille destinée à faire démarrer le feu, les soldats acclamaient, le chef riait, Neonity paniquait… Ce robot était capable de ressentir des émotions. Les Atlantes étaient d’excellents concepteurs, mais si Neonity avait pu se libérer, il m’aurait été bien indifférent qu’il puisse ou non avoir des sentiments… En plus, ça voulait dire qu’il allait peut-être souffrir.
Je ressassais ces sombres pensées (notez quand même que j’étais sur le point d’être carbonisé vivant) quand il y eut…
Euh, je ne sais pas trop, en fait. Une lumière, un flash et je crois que c’est tout, j’étais en fait en train de pleurer ma barbe disparue donc j’étais moins concentré, forcément… Toujours est-il que quand j’ouvris les yeux, les soldats n’étaient plus là. A leur place, se trouvait un être vêtu de blanc, qui était encore plus petit que moi, et duquel émanait une aura lumineuse. Je n’aurais su dire si il s’agissait d’une femme ou d’un homme (rappelons que les femmes naines portent la barbe, ma femme, entre autres (quelle tête fera-t-elle si je rentre sans la mienne ?) ) mais il semblait vraiment… Euh… Du côté des gentils dans un livre. Enfin, vous comprenez, n’est-ce pas ?
Il me dit :
-Salut à toi, Petit grand nain. Je t’attendais depuis longtemps.
-Bonjour, répondis-je. qui êtes vous ?
-Je suis le prisonnier que tu recherchais, sourit-il. Je suis heureux que tu m’ais trouvé.
-Euh, je ne vous ai pas trouvé, c’est vous qui…
-Non, non, dit-il, les bords de son sourire s’affaissant un peu. J’étais dans cette salle !
-Mais si vous pouviez communiquer avec moi par l’esprit, pourquoi ne pas m’avoir indiqué où vous étiez ?
-Mais, je savais que tu trouverais la pièce ! Enfin, non, je ne savais pas où j’étais, en fait.
De plus en plus perplexe, je continuai :
-Mais qui êtes-vous vraiment ?
Là, je fus un moment perdu quand il dit :
-Je le tue maintenant ?
-Hein ?
-D’accord.
Il ne s’adressait pas à moi. Enfin normalement.
Il y eut un nouveau flash lumineux et la personne qui se trouvait devant moi eut soudain l’air moins sympathique. Ses vêtements étaient devenus rouges feu, il avait des cornes sur le front, une queue fourchue et son ombre envahissait toute la pièce.
Je remarquai qu’il n’avait pas libéré Neonity… J’étais assez mal parti. En plus, je ne m’étais pas habitué à la perte de ma barbe : vous comprenez, avec un tel fardeau en permanence à l’avant de la tête, les nains ont pris l’habitude de pencher la tête en arrière pour ne pas tomber.
Essayant de gagner du temps, je lui lançai :
-Mais pourquoi ne pas avoir laissé les autres me tuer ?
Je vis soudain son visage se crisper, comme tordu d’une intense douleur. Je commençai à chercher la cause de cette douleur quand je compris qu’il était simplement en train de réfléchir.
 » Houlà, pensai-je, s’il réfléchit toujours comme ça, ce sera facile de m’enfuir.  »
A ce moment précis, il releva la tête et dit :
-Pour être sûr de te tuer !
-Oui, répliquai-je, mais pourquoi ne pas les avoir laisser s’occuper de moi et ensuite m’avoir achevé s’ils avaient échoués ?
Dès que je le vis baisser à nouveau la tête, je me précipitai vers Neonity le plus discrètement possible, et détachai ses liens. Puis je vins me replacer devant l’espèce de démon, qui était toujours perdu dans ses « pensées ».
-C’est parce que le maître l’a décidé ! s’illumina-t-il soudain.
Neonity vint s’installer derrière l’être stupide et pointa vers lui son œil-arme.
J’entendis la créature marmonner, comme parlant toute seule :
-Le robot ? Quoi, le robot ? Derrière m… ? Hein ? dit-il en se tournant vers mon allié.
Il comprit instantanément. Des réflexes de guerrier, peut-être. Voyant qu’il s’apprêtait à détruire Neonity, je lançai ma hache en direction de sa tête, mais il choisit ce moment-là pour se mettre à grandir démesurément. Ma hache n’atteignit donc non pas sa tête, mais sa queue, la sectionnant.
Il se tourna vers moi. Neonity pris le relai et lui envoya une décharge électrique. Le démon s’effondra à terre en hurlant, rétrécissant au fur et à mesure jusqu’à reprendre une taille normale. Il était étendu à mes pieds, mais moi je n’avais plus d’arme.
Je me tournai pour voir s’il n’y avait pas d’autres moyens de le vaincre dans la salle. A ce moment, je dérapai sur le sol glissant, le déséquilibre causé par la perte de ma barbe s’accentua et le démon décida de crier de douleur :
-AAAAAAAAÏE !
Suivi de :
Sprotch…
Je venais d’écraser la tête d’un démon en lui tombant dessus, parce que j’avais un très lourd casque, plus de barbe et que j’avais sursauté quand il avait crié.
Je mis quelques minutes à reprendre un peu mes esprits, puis je décidai de repartir, laissant derrière moi ma barbe et un casque assez… sale.

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