Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU MANGE-SOUVENIRS
LA PIÈCE DU MANGE-SOUVENIRS

Warning: Trying to access array offset on null in /var/www/223829/site/wordpress/wp-content/themes/bravada/includes/loop.php on line 341

LA PIÈCE DU MANGE-SOUVENIRS

La Panthère Qui Ronronnait as La Panthère Qui Ronronnait (Chocolatiiine!)

Le noir. Le néant. C’était tout ce que je voyais, sentais, entendais. Depuis peut-être quelques instants, peut-être depuis quelques jours. Voir des années.
L’ennui, aussi. Pour l’instant, le monde entier n’était que noir, néant, et ennui. C’était tout. Le noir était insupportable. Ce n’était pas vraiment du noir, plutôt un sentiment d’être aveugle. Ça me disait quelque chose.
Le néant. Il faisait peur. On avait l’impression de flotter dans le vide, ou de tomber, ou de se noyer… tout dépendait de la façon dont on le voyait.
Et l’ennui. Terrible, infini, écrasant, étouffant. Aucun moyen de le combattre. Ou peut-être si… ou peut-être pas. S’il y en avait un, je ne le connaissais pas. Ou je ne le connaissais plus.
« En es-tu sûr? »
Je sursautais. Intérieurement. D’où venait cette voix? Chaude, agréable, douce, elle me disait quelque chose. Je l’avais déjà entendue. Mais où?
J’essayais de la saisir, à nouveau, pour l’entendre, et me laisser bercer par elle. Peut-être qu’alors, je sortirais de ce noir, ce néant et cet ennui?
J’essayais de la saisir, mais elle partait. Elle glissait entre mes doigts, s’éloignant, devenant de plus en plus petite, jusqu’à s’éteindre complètement. Et moi, je pleurais.
Tout en pleurant, je fouillais dans ma mémoire, essayant de la retrouver. Je sortais certains souvenirs, qui ressemblaient à des photos, du coffre de ma mémoire, comme on sort de vieux habits d’une malle, mais je ne les jetais pas négligemment par-dessus mon épaule. Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose me disait que c’était important. Je replaçais donc chacun soigneusement à la place où je l’avais trouvé.
Les plus anciens me firent réfléchir. Comme un où l’on voyait un petit garçon transparent, qui semblait malheureux et que personne ne voyait vraiment. Puis un autre, celle d’un monstre énorme contre qui se battait une dizaine de personnes. Elle semblaient avoir le désavantage, et une femme fixait quelque chose que je ne voyait pas, le visage déformé par une douleur intense de tristesse. Je sentais que quelque chose d’horrible venait de se passer. Peut-être que c’était quelque chose qui venait d’être détruit, quelque chose de très important pour elle?
Lorsque je regardais ce souvenir, une douleur forte me traversait, mais je ne savais pas pourquoi.
Passèrent encore quelques souvenirs, puis je parvins au dernier, le plus ancien. On y voyais un couple, souriant, et dont la femme tenait un bébé dans les bras.
Je la sortis, et la levais au-dessus de ma tête, pour mieux en voir les détails.
Soudain, quelque chose happa l’image, qui disparut dans un petit scintillement. J’avais eu l’impression de sentir une présence dans mon dos pendant que j’observais les souvenirs, mais j’étais trop absorbé pour y faire vraiment attention.
Je perçus un souffle glacé et crus entendre: « Maintenant que le premier est parti, les autres suivront. » Puis une espèce de ricanement, et je vis avec horreur les souvenirs s’effacer lentement, et disparaitre dans une étincelle.
Je hurlais, et essayais de retenir les images, mais ne vain. Les toucher ne faisait qu’aggraver le cas: elle s’effritait plus rapidement dans mes doigts, et coulaient à travers comme du sable.
Je criais, n’arrêtais pas de répéter « Non, non! », mais cela non plus ne servait à rien. Le dernier s’effaça, laissant la malle vide, et moi à genoux, laissant couler mes larmes.
Au bout d’un moment, j’avais même oublié que j’avais eu des souvenirs. Je savais juste que je venais de perdre quelque chose d’important, mais je ne savais pas quoi. Je venais de perdre quelque chose de peut-être vital, mais je ne savais plus quoi.
À ce moment-là, je fus pris d’une grande torpeur, d’une irrésistible envie de dormir. Étant sûre que je venais de vivre quelque chose d’intense (mais je ne savais plus quoi), je décidais simplement de me laisser faire, et m’endormis.

Partager...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *