Des formes et des couleurs.
Des égouts, une figure rouge qui apparaît brusquement dans le noir.
Des étoiles dans le ciel.
Des gâteaux géants dans une usine à pâtisserie qui sent bon.
Des cris, des hurlements de terreur, qui laissent place à des rires d’enfants.
Une araignée, une ombre noire, un nain armé mais souriant, un petit renard qui ouvre grand la gueule et engouffre le monde.
Des montagnes blanches et désertiques, brusquement remplacées par des miroirs innombrables…
Je me réveille en sursaut. Je me frotte les yeux et m’étire. J’ai mal à la tête comme si j’émergeais d’un long sommeil de plusieurs années. Je revois toutes ces couleurs, ces rires et hurlements… j’ai l’impression d’avoir rêvé pendant une éternité.
J’ai dormi tellement longtemps avec tous ces paysages qui se succédaient devant mes yeux que je ne sais même plus qui je suis. Où je suis. Ni même quels sont tous ces rêves, et si d’ailleurs ce sont bien des rêves. Je suis incapable de me remémorer ce que j’ai pu faire hier, ni d’ailleurs de savoir quel jour nous sommes.
J’ai l’impression qu’on m’a donné un coup de marteau sur la tête qui m’a endormi pendant des siècles, un peu comme la Belle au bois dormant en moins classe.
Je tente de me lever, de m’activer pour retrouver la mémoire. Je regarde autour de moi. Je suis dans un immense espace blanc. Il n’y a rien, pas même de véritable sol, si bien que j’ai peur de tomber en découvrant le vide sous mes pieds.
Tiens d’ailleurs, des pieds ? J’ai parlé trop vite. J’ai un sursaut de frayeur en découvrant que je n’en ai pas. Tout comme je ne possède pas de bras, je suis… une vapeur d’eau ? Un fantôme ? Je pourrais faire peur si quelqu’un me voyait. Que diable m’est-il arrivé !
Une figure colorée contraste avec le blanc de l’endroit. Je ne l’avais pas remarquée avant et la vue de cette personne me surprend. Je ne suis donc pas seul ! Je l’observe discrètement. Il s’agit d’une jeune fille, aux cheveux gris et à la robe verte en lambeaux. Elle sourit et me fixe avec ses yeux pétillants.
– Esprit ?
Je la regarde comme un idiot. Elle fronce les sourcils.
– Youhou… Esprit ?
Je crois qu’elle s’adresse à moi. Je réponds timidement pour engager la discussion.
– Tu… ça va ? me demande-t-elle d’un air ennuyé, tu as l’air un peu sonné…
– Euh… on se connaît ?
Franchement, pour passer pour un idiot, on ne peut pas faire mieux.
– C’est-à-dire que je ne sais plus trop où on est, tenté-je de me justifier
Elle acquiesce.
– Oui je comprends. En fait on a dormi hyper longtemps. Je me suis réveillée il y a quelques jours. J’ai pris du temps à me rappeler les événements. Nous étions dans une pièce avec des robots contrôlé par un homme très puissant, le dominateur. Nous avons semé la zizanie dans la pièce, tu voulais récupérer ton corps, le dominateur s’en est aperçu et il a dû lancer un puissant sort pour endormir toute la population. Pendant ce long sommeil, je pense que nous avons été transportés jusqu’ici pour que nous ne puissions plus retrouver notre chemin et retourner chez les automates.
J’ai du mal à assimiler tout ce qu’elle m’explique.
– Tu viens de dire que… j’ai perdu mon corps ? demandé-je car c’est certainement la chose la plus surprenante qu’elle m’ait annoncée.
– Oui. D’ailleurs c’est pour ça que tu, euh, disons… es un esprit vaporeux.
Je hoche la tête et commence à comprendre.
– Je m’appelle Caliorynthe, déclare-t-elle. Tu vas certainement retrouver ta mémoire au fil des jours. Nous sommes dans un immense château avec des milliers de pièces à visiter.
Je fais le lien avec tous les rêves de mon sommeil. Serait-ce donc d’anciennes aventures ?
– On n’a qu’à sortir de cette salle, me dit-elle. Peut-être que traverser des endroits différents nous permettra de nous rappeler le passé. En tout cas, j’ai hâte de découvrir d’autres pièces !
Je pense au renard de mes rêves, qui avait failli me manger. A la créature qui ne semblait pas moins accueillante. Un château sympathique, a-t-elle vraiment dit ? Mais je me rappelle aussi les rires, les cadeaux, et même les jeunes élèves de Poudlard. Quels autres mystères renferme donc cet endroit ?
– Tu as raison. Allons-y…
Auteur : Miss Lovegood sous le pseudo « Miss Lovegood »