Il est flasque, mou. Il grelotte comme de la gelée. Il tente de prendre forme humaine. Il fait des bruits humides, il produit des sons d’égouts.
Il n’y arrive pas. Il reste gelée, amorphe.
Mais il m’a vu. Il s’approche en bloblotant. Il se répand, il fond, il dégouline, il tremblote de joie, il comprend que je ne peux pas bouger. Il bave, il envoie ses projections, il éructe, expectore, vomit. Il fond dans ses propres crachats. Il me monte dessus. Il me recouvre de son corps de crachat. Il se répand dans mon nez, dans ma bouche, dans mes oreilles, dans mes yeux. C’est frais, c’est doux, ça ne fait pas mal. Je le sens s’installer au fond de ma gorge, je le sens explorer ma propre humidité intérieure.
Bientôt, il n’est plus là, tout entier entré en moi.
La douleur naît lorsqu’après s’être installé dans mes poumons, il commence à se reproduire. Je tousse, j’étouffe. Je tousse. Je tousse.
La porte s’ouvre, la lumière s’allume… c’est maman !
Je tousse, je crie, mais je ne produis qu’un petit son étranglé.
– Mon chéri ! Mon bébé ! ça ne va pas ?
Maman me prend dans ses bras, m’embrasse.
Je tousse.