Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DONT C’EST VOUS QUI DÉCIDEZ DE LA COMPOSITION
LA PIÈCE DONT C’EST VOUS QUI DÉCIDEZ DE LA COMPOSITION

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LA PIÈCE DONT C’EST VOUS QUI DÉCIDEZ DE LA COMPOSITION

Myosotis as Myosotis

Je souriais, ravi. Après trois heures de marches, maintes épreuves épuisantes et nombres de périls dont je ne m’étais tiré que de justesse, j’étais enfin sur le point d’ouvrir la porte de ce maudit château qui avait, semblait-il, avait engloutit mes cousins… Cela faisait exactement deux semaines qu’ils n’étaient pas venus frapper à ma porte. C’était le signal qu’ils m’envoyaient comme quoi je devais venir les chercher, nous l’avions défini ensemble.
Oui, je me trouvais bien sur le point d’ouvrir la porte de ce manoir qui m’avait tant fait rêver, gamin, quand j’osais à peine le regarder. Et dire que maintenant, j’allais bientôt pousser la vielle porte arrière sud! Posant la main sur la poignée rongée par les âges, je marquais une pose en me demandant ce que j’aurais voulu voir apparaître.
Après tant de difficultés, j’aurais juste voulu voir apparaître la bibliothèque de mon enfance. Chaude. Ancienne. Accueillante. Pleine d’étagères sur le point de s’effondrer sous le poids des vieux livres qui sentaient le renfermé. Et puis de bons vieux fauteuils sur lesquels me reposer devant un feu de cheminée. J’abaissais alors la poignée, coupant court à mes rêveries. Je savais parfaitement que ce château était à l’abandon depuis plusieurs siècles. Le seuil se dégagea alors, libérant la vue sur une pièce haute de plafond. Vide. Je fis quelques pas sur les planches usées. Aussi simple qu’elle fut, cette pièce me fichait une trouille bleue. Peut-être était-ce parce que les planches ne grinçaient pas. Ou peut-être parce que bien qu’inhabité, cet endroit ne présentait pas la moindre trace de poussière. Ou peut-être simplement parce qu’il n’avait rien d’extraordinaire…
J’eus à peine le temps de cligner des yeux pour m’habituer à l’obscurité que cela changea. Les murs devinrent couverts d’une tapisserie ancienne, un tapis recouvrit le sol. Des étagères couvertes de livres aux reliures usées surgirent de nulle part, ainsi qu’une cheminée dans laquelle brûlait un feu de bois. Des fauteuils usés se matérialisaient sous mes yeux étonnés. Une table basse. Une lampe. Des tasses remplies de thé brûlant. La salle vide et austère était devenue l’endroit que j’aimais le plus au monde, la bibliothèque de mes parents. Tout cela en moins de quelques secondes. A vrai dire, cela ne me surprenait pas énormément. Ce château était trop spécial pour qu’il cache quelque chose de simple, de banal.
L’envie me prit de rester ici. Me reposer un dévorant un vieux bouquin. Me brûler les lèvres sur le bord de la tasse en essayant de boire le thé. Mais aussi belle qu’était cette promesse de calme et de repos, celle que j’avais fait à mes cousins était plus forte encore. Les retrouver. Quoi qu’il arrive, je devais partir à leur recherche. Je prenais une grande inspiration et me dirigeai vers la porte tout au fond.

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