Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE MONET
LA PIÈCE DE MONET

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LA PIÈCE DE MONET

PtiteLu as PtiteLu, Kissing In The Rain

Je me réveillais. M’étais endormie ? Évanouie ? Je ne savais, je savais seulement que quelques instants plus tôt je dormais. Peu à peu, la mémoire me revint. Une douleur vrillait mon crâne. J’vais du atterrir sur quelque chose de dur. J’étais allongée sur de l’herbe. Une pointe de frustration grandit en moi. Je n’entendais plus le chant merveilleux. Mes yeux se remplirent de larmes. Je savais que c’était ridicule de pleurer pour ça, mais j’aurais pu y rester jusqu’à… Toujours. Mais soudain, j’eus cette révélation ; si je n’avais pas touché le dôme, je serai demeurée à jamais dans cette tour, ignorant la soif et la faim, trop absorbée par cette musique si envoûtante. Je serai morte dans même m’en soucier. Mais après ? Je ne trouverais pas plus belle fin… Oh ! Je me giflais intérieurement. Je suis censée explorer cette saleté de château, pas me faire piéger dans des pièces et y mourir tranquillement ! Mon âme est légèrement plus farouche. Tenace. Je ne savais pas combien de temps j’avais passé dans la Pièce de Musique, et je n’avais aucune idée de si on était le jour ou bien la nuit. En fait, cela m’était totalement égal.

Ma gorge m’élançait. Je m’assis sur mon séant et prit ma gourde dans mon sac à dos. J’en pris une toute petite gorgée, car on ne sait pas si je trouverais bientôt de l’eau. C’est alors, seulement, que je m’étonnais d’être assise sur le l’herbe. J’embrassais du regard la pièce qui m’entourait. Elle était très vaste, mais je voyais les quatre murs, verts, de chaque côté. Un grand tapis d’herbe s’étendais par terre tout su long d’une grande marre qui prenait le plus grand espace au centre de la salle, qui ressemblait à un beau jardin. Le plafond était bleu pâle, avec des nuages peints. Je rangeais ma bouteille dans mon sac, pour m’approcher de l’eau.La pièce était très lumineuse, et les couleurs, éclatantes. Une odeur me titilla le nez. Une senteur âcre, nauséabonde… Une odeur de peinture. Des arbres se dressaient tout autour de moi. Je touchais l’écorce de l’un d’entre eux, puis retirai vivement ma main. Elle était couverte de peinture marron, gluante et pâteuse. C’était comme si l’arbre avait été peint. Je remarquais que mon pantalon était taché de vert. L’herbe l’était aussi, donc. Je me précipitais vers la mare pour me laver. C’était un très joli étang, qui brillait des reflets des arbres. Des nénuphars en fleur flottaient paresseusement. Des nymphéas ! Je compris. Si la pièce était en peinture, c’était car c’était un tableau de Claude Monet… La pièce de Monet ! Je murmurai cela à voix haute, et la prononciation « la pièce de monnaie » me fit rigoler. Je m’accroupis au bord de l’eau et y trempais ma main. L’eau était douce, opaque. Je la retirai… Ma main était trempée de peinture. Trempée des reflets brillants des arbres. Elle avait la couleur exacte de l’eau. Pas transparente, la couleur qu’avait l’eau lorsque l’on regardais l’étang. Et j’aurai du y penser ! Je me re-giflais mentalement. Tout absolument tout, ici était en peinture, et bientôt je le serais aussi. C’est pourquoi je me hâtais de sortir au plus vite. Je partis à la recherche d’une issue.

Je prenais soin de ne plus toucher quoi que ce soit pour ne pas me salir d’avantage. Tous les détails étaient présent, le tableau était sublime. Je marchais le long du mur, m’attendant à trouver une porte. Mais je ne tombais que sur un grand cadre accrochée au mur. Une toile vierge était tendue au milieu. Seulement, je ne savais pas comment sortir grâce à cette toile. Peut-être m’aspirerai-t-elle si je la touchais, comme le dôme ? Je posai mes doigts sur la surface. Rien de se produisit. Je posais mes mains dessus et poussais, mais la toile était solide comme du fer. Peut-être le cadre était-il lui-même une porte ? Je tirai dessus, à droite, à gauche, en dessous… Non, pas au dessus, c’était bien trop haut pour moi. Le cadre restait solidement fixé au mur. Peut-être devais-je dessiner quelque choser ? Maintenant que je me le disais, c’était évident. Dommage, car le dessin n’était pas mon point fort. J’essuyais mes mains couvertes d’encre sur la toile, puis je pris de la peinture sur l’herbe pour dessiner une porte. Porte, qui soit dit en passant, ressemblait beaucoup plus à une montagne grossièrement taillée. Aucun commentaire, s’il vous plait ! J’appuyais sur la porte. Je sentais le bois – et la peinture – sous mes doigts, mais elle ne bougea pas. Je peins – façon élégante de dire je gribouillais – une poignée et une serrure. J’appuyais sur la poignée, mais même si je la sentis entre mes doigts, la porte ne bougea pas. Je commençais à rager. Je dessinais une clé. Je la pris, et l’introduisit dans la serrure, qui produisit le son contentant d’un cliquetis. Avec un sourire triomphant, je poussais le battant, enjambais le cadre, et passais dans l’encadrement de la porte…

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