Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE MON ANNIVERSAIRE
LA PIÈCE DE MON ANNIVERSAIRE

LA PIÈCE DE MON ANNIVERSAIRE

Je suis allongée, les yeux fermés, sur le sol. Bizarrement, je ne suis pas pressée d’observer ce qui m’entoure, je n’aimerais pas encore être dans un concours de mode. De plus, je ressens un pincement au ventre, comme un pressentiment, et, malheureusement, je ne saurais dire si c’est positif ou négatif. J’entrouvre enfin un œil. Il fait entièrement noir.
– Qu’est ce que c’est que ce bazar ?
J’étends un bras et rencontre une surface dure. Je force un peu et ma main s’enfonce dans le mou. Je porte ma main à ma bouche. De la crème ! Humm… Je me lèche les doigts avec délice avant de creuser pour sortir de cet endroit. Je rencontre très vite des fraises, du chocolat et toutes sortes de choses appétissantes. Enfin, une partie de ce qui me paraît être un gâteau s’effondre sur moi et je m’empresse de sortir la tête pour respirer. Je vois enfin la lumière et, en face de moi, mes compagnons en train de se dépêtrer dans un tourbillon de rubans et de confettis.
– Où on est ? Je demande, intriguée, mais en jetant un regard noir à Marine, histoire de ne pas lui faire oublier que j’avais l’intention de lui passer un savon.
A leur air étonné, je comprends qu’ils viennent eux aussi juste de se réveiller.
– Pourquoi t’es dans un gros gâteau de 2 mètres ? Fini par me demander Marine.
Je suis en effet – seule la tête dépassant – en haut du mélange de gourmandises.
– Bah… Vous ne voulez pas plutôt m’aider à sortir de là au lieu de poser des questions idiotes ?
Romain vient m’extirper et je me rends ensuite compte que je suis habillée d’un grand coupe-vent. Je le retire (je ne vais pas le garder il est plein de crème !), et découvre en dessous une magnifique robe blanche. C’est une robe bustier qui se termine au milieu des cuisses. Un peu courte, donc, mais j’ai un petit short moulant (comme un short de gym blanc, quoi), qui me permet d’être à l’aise sans qu’on voie mes sous-vêtements. Des petites feuilles noires en sur épaisseur sont imprimées à hauteur de l’épaule et s’élargissent jusqu’à une ceinture noire également. Elle est belle, mais je ne me sens pas très à l’aise. J’ai l’impression de me déguiser.
– Où t’as eu ça ? me demande Marine. J’veux la même, moi ! C’est pas un cadeau de Cristina, quand même ?
– Je ne pense pas… Je… Je crois que… Je pense… Enfin, peut-être que c’est…
– Bah dit à la fin ! s’énerve ma sœur, curieuse.
– Je crois que c’est parce que c’est mon anniversaire, aujourd’hui…
Je fixe mes pieds (ou plutôt les froufrous de ma robe). Je n’ai pas le cœur à faire la fête ni à ce qu’on m’offre des cadeaux… mis à part un seul. Rentrer chez moi. Ce serait mon plus beau cadeau d’anniversaire. Puis ce que je craignais arrive :
– Joyeux anniversaire Trid ! hurle ma sœur, euphorique. Mince ! J’ai rien à t’offrir !
– Je ne veux pas de cadeaux, je ne veux rien… S’il vous plaît, oubliez que c’est mon anniv.
Le silence retombe. Ils ont enfin compris que je n’étais pas d’humeur.
– Allons visiter la pièce, je finis par proposer avec un sourire gêné. Et c’est donc ce que nous faisons, silencieusement. Après un grand espace dédié au gâteau (qui ressemble en tout point à une salle des fêtes), un rideau sépare la deuxième partie de la pièce .Ce sont quelques lits simples, de quoi se reposer, en somme. Alors que nous nous apprêtons à rejoindre la première partie de la salle, je m’arrête brusquement.
« Allons, Astrid ! Tu ne vas pas faire la tronche le jour de ton anniv, quand même ! Ce serait trop dommage ! Une pièce exceptionnelle vient d’apparaître juste pour toi ! C’est pas possible ça, à la fin !! » je sursaute.
– Euuh… 5 secondes, j’ai un petit problème, dis-je à l’attention des autres, continuez sans moi.
« T’es qui ? c’est tout ce que j’ai trouvé à dire.
– Pas le droit d’le dire, répond la voix de femme (oui, c’est un femme).
– Ça m’avance ! Je râle, contrariée par son premier commentaire. Et puis ta voix me dit quelque chose… On se serait pas croisées quelque part?
– Réfléchis mieux…
– Youpi ! Que des réponses vagues… Pourquoi t’es dans ma tête ?
– C’est à toi de comprendre.
Je pousse un long soupir.
– Pourquoi tu me parle maintenant et pourquoi tu ne m’as jamais parlé avant ?
– Ch’uis magicienne, je pouvais pas te parler avant, réfléchis !
Cette réponse est moins vague, mais je ne sais pas si je la préfère.
– Mais…
Elle me coupe dans mon élan.
– Romain.
– Quoi, Romain ?
– C’est un fils du château. »
J’en reste bouche-bée. Romain ? Un fils du château ? Qu’est ce que c’est ? Un château ne peut pas avoir d’enfant ! J’allais poser une rafale de questions à la voix mais le lien était coupé.
– Astrid, viens voir ce qu’on a trouvé, m’appelle timidement ma sœur.
Je les rejoins et les trouve au pied d’un gros paquet cadeau.
– Écoute, commence Yashim. Nous savons que tu ne veux pas trop rigoler, mais quand même, c’est ton anniv… On a trouvé ça par terre, on ne sait pas qui l’a mis.
Je le coupe :
– Non, c’est bon. J’ai compris. J’avais besoin du coup de pouce. Désolée.
Et je commence à arracher le papier coloré. Je découvre une petite boîte bleue finement décorée, scellée par un tout petit cadenas et une petite clé. J’ouvre le coffret à l’aide de cette dernière et y trouve des dizaines – peut-être même des centaines – de petites billes de verres. Je reste sceptique. Des billes de verre ? Ça fait de la déco mais c’est pas vraiment ce que j’espérais. Romain ne peut s’empêcher de pouffer.
– Trop bien le cadeau du château ! Je lui lance un regard noir avant de remarquer qu’Orianne est entrée dans une profonde réflexion.
– Qu’est ce qu’il y a ? je lui demande. Elle m’entraîne à l’écart et fouille dans son sac.
– Ce cadeau devrait plus te plaire.
Elle en sort un gros livre avec en écriture dorée :
« Intégrale d’Harry Potter »
Je lui lance un regard gêné.
– Tu sais, je les ai déjà lus… Et à ma grande surprise, elle éclate de rire.
– C’est pas ça… Tu vas voir. Elle prend une page au hasard et en commence la lecture à voix haute, lentement. Au bout de quelque secondes d’incompréhension, nous nous mettons à nous élever dans les airs. Je retins un cri et plaque mes mains sur ma bouche. Puis, nous nous mettons à tourner de plus en plus vite, et, cette fois je hurle franchement, tandis qu’Orianne affiche un sourire décontracté.
Nous sommes dans une salle en pierre d’au moins 5 mètres de haut, aux quelques fenêtres disposées à environ 4 mètres du sol. Des tables en bois sont disposées çà et là, et des tas de flacons et autres choses étranges sont éparpillés.
– Devine où on est, me fait Orianne avec un sourire jusqu’aux oreilles.
– On est sortis du château, je demande pleine d’espoir.
– Quasiment mieux que ça ! me répond-t-elle.
Je réfléchis profondément. Mon anniversaire, le cadeau (intégrale que j’ai déjà lue), puis… Mais bien sûr ! Enfin non… C’est strictement impossible… A moins que… Mais non, te fais pas de faux espoirs… Et si seulement… Non, non, non, ce n’est pas possible !
Mon raisonnement devait se lire sur mon visage car Orianne éclata de rire une nouvelle fois :
– Eh si ! On est à Poudlard ! Mais dès qu’on se fait repérer par quelqu’un on revient dans le monde réel !
Nous avons exploré le château et ses environs pendant des heures, en passant par la cabane d’Hagrid (si petite qu’ont peine à imaginer que c’est un géant qui habite là-dedans) et la tour des chouettes en oubliant le château. Nous arrivons devant une étendue d’arbres sombres, que je ne mets qu’un coup d’œil à reconnaître.
– La forêt interdite … Tu veux vraiment y aller ? dis-je à l’attention d’Orianne.
– Bien sûr ! Vive l’aventure ! puis elle rajoute en voyant ma mine apeurée :
– On risque rien de toute façon. Si quelqu’un nous repère, on part ! Y’a rien craindre de Voldemort où quelque chose d’autre.
Je ne lui dis pas mais ce n’est pas de Voldemort dont j’ai peur… Je garde mes pensées pour moi et un léger frisson me prend. Nous marchons lentement, sans nous précipiter. A chaque pas le sol craque, mais je n’ose pas regarder par terre. Dès que je vois une ombre, je me cramponne au bras d’Orianne à laquelle je fais aveuglément confiance. Il fait noir tellement noir… Mais je finis quand même par voir ce que je craignais ; la visite aura été courte.
– UNE A-RAI-GNEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !
Je me mets à courir à perdre haleine, courir, courir sans pouvoir m’arrêter, jusqu’à ce que mes jambes ne me portent plus. Je m’effondre donc, à peine sortie de la forêt. Je jette un coup d’œil derrière moi, allongée de tout mon long, et remarque Orianne à quelques centaines de mètres de moi. Elle aussi est par terre et semble sur le point de tourner de l’œil : elle a bien été obligée de me suivre, mais n’a pas eu de poussée d’adrénaline, elle. J’essaye de me remettre sur mes pieds. Peine perdue, cela ne sert à rien ; je tombe à chaque essai, un bleu de plus sur le corps.
– Quelle imbécile je suis, fais-je en m’auto réprimandant. Une petite araignée d’à peine ma taille !
Je finis par me résoudre à ramper piteusement vers elle, histoire de voir qu’elle va bien.
– Orianne, ça va ?
Je suis obligée de tendre l’oreille pour savoir ce qu’elle dit, mais il me semble entendre entre quelques souffles saccadés :
– Tu… Es… Une… Folle… Dingue…
Et nous éclatons de rire. Mais les paroles de la femme me revinrent subitement en tête, mettant fin à ce passage.
– Orianne…
– Quoi ? elle a repris son souffle.
– Tout à l’heure, j’ai parlé avec une femme…
– Qui ça ?
– J’sais pas trop…Elle disait qu’elle était magicienne. Et elle m’a dit que Romain était un fils du château.
Orianne est subitement devenue livide.
– Tu es sûre qu’elle a dit ça ?
– A cent pour cent.
– C’est pas bon, ça…
L’exploratrice se lève subitement et part en prétextant vouloir visiter encore un peu. C’est impressionnant l’effet que la conversation a dû lui faire pour qu’elle se remette si vite sur pieds. Je la rattrape vite mais lâche le sujet. Nous arrivons à l’entrée de la grande salle. Ses impressionnantes bougies volantes sont présentes et les 4 tables tels que je les avais imaginées.
-Planque-toi, y’a du monde ! je préviens Orianne.
Et devant nous passent une jeune fille aux cheveux châtains, un garçon roux et un autre brun avec une cicatrice sur le front. Je ne peux réprimer un cri de surprise, Harry, Hermione et Ron ! Ils ne ressemblent pas aux acteurs du film… La fille se retourne et nous regarde avec un air surpris, appelée par mon cri. Quelques secondes plus tard, nous revoici dans le château des 100 000 pièces.
– Mais vous étiez où ? On a entendu Astrid hurler et puis… Plus rien … souffle Yashim. Vous n’étiez plus là ! cette fois il crie. A ses cotés, Romain et ma sœur sont très pâles.
– C’est compliqué, je réponds le sourire aux lèvres.
Je souris pour deux raisons. La première est que j’ai toujours rêvé de vivre dans le monde d’Harry Potter et que je viens de le visiter, le deuxième est que ça m’a mis du baume au cœur de voir que Yashim s’était inquiété à ce point. J’affiche donc un air béat qui ne me quitte pas malgré tous mes efforts. Orianne a d’ailleurs l’air de se retenir d’exploser de rire. Je dois avoir l’air vraiment idiote. Mon visage s’empourpre et je pars me remettre de mes émotions. De loin, j’observe la bande. Orianne prend Romain à part, et, si je ne sais pas ce qu’elle lui dit, je vois bien que mon ami est aussi surpris que mal à l’aise.
Yashim et Marine se retrouvent à parler, et je devine que c’est de notre mystérieuse disparition.
Je finis par les rejoindre et leur expliquer ce qui s’est passé. Tandis qu’ils m’écoutent attentivement, une musique (tous mes morceaux préférés !) résonne subitement, en même temps qu’apparaissent un buffet et des ribambelles et des ribambelles de confettis et d’autres décorations. Instinctivement, Orianne entraîne Romain à danser. Celui-ci fait d’abord la grimace mais finit par se laisser entrainer par le rythme et rit de bon cœur. Marine les rejoint suivie de Yashim puis, un peu plus tard de moi. Nous passons une soirée de rêve. Nous dansons sans réfléchir, il y a boissons et nourriture à volonté, crises de fou rire et bonheur immense. Il est déjà onze heures. La soirée ne se passe sans aucun problème ou presque. Une main se pose sur mon épaule.
– J’ai parlé à Romain.
C’est Orianne.
– Et ?…nous sommes presque obligées de crier pour nous entendre.
– Il ne sait pas ce que c’est que des enfants du château.
– Il n’est pas le seul, je lui réponds pour la forcer à m’expliquer.
– Le château… C’est compliqué. Mais il a des enfants. Malheureusement, je ne sais pas si c’est positif ou négatif que Romain en soit un.
– Je suppose qu’on va le découvrir bientôt, je réponds, bien que dépitée par la non précision de cette réponse.
– Certes. Mais pour l’instant oublie. Je ne voulais pas te gâcher la soirée, juste t’informer.
Je hoche positivement la tête et nous repartons. Quelques temps plus tard, nous partons nous coucher pour un repos bien mérité après le labyrinthe et le concours de mode (aaaargh !), mais je n’arrive tout de même pas à dormir. Je sors de mon lit sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller les autres, et m’assois devant le gâteau (que nous avons bien entamé), la boîte bleue et Harry Potter sur mes genou.
– Ça aura été de loin mon plus bel anniversaire, fais-je en un soupir
Le lendemain matin, nous sommes décidés à quitter la pièce. Nous cherchons pendant plusieurs heures la porte et finissons par la trouver derrière un meuble. Marine la passe la première, vient ensuite Romain, Yashim et Orianne. Je m’attarde sur un téléphone fixe que je suis la seule à remarquer, à priori. Je décroche et appelle mes parents. Répondeur. Je laisse un message et passe la porte.
« Allô ? C’est Astrid, je suis avec Marine. Je vais bien, et je vais bientôt revenir, je vous le promets. »

Autrice : Cléclé, sous le pseudo « Cléclé »

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