un gars… as un gars…
Carnet de Quelqu’un.
Pièce n°40.
Ignorant le PGN abasourdi que je tirais par le bras, nous franchissâmes une porte en métal ornée d’une rune que je ne reconnus pas dans la précipitation. En refermant cette porte, j’entendis les effritements du pilier de l’autre côté s’interrompre comme par magie. Pardon, en même temps on peut le dire, par magie.
Nous nous sommes retrouvés dans une sorte de temple surmonté d’un dôme étrange d’où émanait un lueur violette, rappelant quelque chose à ma mémoire de manière très floue. J’avais déjà vu ce temple, mais pas dans cette pièce.
Je croisais le regard de mon ami. Des centaines de questions semblaient se bousculer dans sa tête, et il voulut sans doute m’en poser trois en même temps puisqu’il dit cette phrase incompréhensible :
« Qui est d’où se passe est-ce possible ? »
Ce à quoi je répondis :
Rien.
Je ne répondis rien. L’elfe du Temps ne voulait plus que je parle du passé, dorénavant, je regarderais vers l’avenir.
Voyant que je ne souhaitais pas répondre à sa question biscornue, il s’éloigna, faisant mine de
s’intéresser à une colonne qui soutenait le dôme. Il me dit, tremblant :
« Ce temple est vraiment étrange, il dégage un pouvoir incroyable, mais ne me semble pas en de mauvaises mains.
– C’est vrai qu’il ne seras pas mauvais envers nous, si j’en crois mes souvenirs. »
Le temple commençait à revenir dans ma mémoire, par bribes d’informations.
« Il existe depuis des millénaires déjà, ce temple est en lui-même une relique incontestée de la culture elfique. C’est pour ça qu’il y a sur la porte la rune que je porte sur mon bras. »
Mais j’en avais trop dis. Un éclair violacé fusa au centre du temple, à deux pas du petit grand nain. Une vague de poussière scintillante partit de ce point et traversa toute la salle. Puis, de la fumée, émergea un personnage que je ne connaissais que trop bien. Un personnage qui s’était manifesté deux fois pendant ma deuxième vie. Dans la pièce précédente, ou j’avais expliqué une partie de mon passé à mon ami, et dans celle d’avant, ou j’avais déjoué la prophétie. Ce personnage était plutôt grand, vêtu d’une grande robe verte qui accrochait le regard, et reconnaissable aux autres membres de son peuple à son visage allongé et ses oreilles un peu plus grandes que la normale. Devant nous se tenait, dans toute sa splendeur, l’elfe du Temps.
Le petit grand nain le regarda avec deux grand yeux, mais se tordit de douleur dans la seconde qui suivit, comme si on lui avait transpercé le ventre. J’allais courir vers lui quand un grand bâton en chêne barra mon chemin, tenu par l’elfe qui m’avait ramené à la vie.
« Non. Laisse-le, dit l’elfe d’une voix étrangement caverneuse. C’est de ta faute s’il est ainsi.
– De ma faute, peut-être, m’exclamais-je, mais c’est mon ami !
– Que je le tue ici ou non ne changera rien, la prochaine lune est après-demain, et il mourra à ce moment. »
J’allais répliquer, mais cette annonce me cloua complètement. Non, pas lui !
Il récupéra son bâton.
« Seulement, continua l’elfe du Temps, je ne suis pas venu seulement pour te sermonner d’en avoir trop dit, il y a autre chose… »
Je ne dis rien.
« En… retardant… la prophétie te concernant, tu en as créé une nouvelle. Mais elle ne se rapporte pas à toi. Ou du moins… pas directement. Je te cite moi-même cette prophétie :
« Celui qui tombera, le nain frère du traître,
Peut-être sauvé par un choix, qui le fera renaître,
Une décision pleine conjurera le sort,
L’autre, tranchée, précipitera la Mort. »
L’elfe du Temps continua, pesant chacun de ses mots qui me décourageaient un peu plus à chaque fois :
« Et ce choix risque d’être fatidique, désastreux, phénoménalement désastreux. Et il pourrait bien de nouveau être tiens. Et dans ce cas, l’avenir de ton… ami, pourrait bien être corrompu. Et il en faudrait beaucoup pour que je décide de la ramener à la vie, même si le deuxième vers de cette prophétie à l’air de m’impliquer également.
– Si je comprends bien…, lança une voix »
L’elfe avait arrêté le supplice qu’il infligeai a mon ami. Celui-ci se tenait à une colonne, nous examinant comme si nous étions des créatures inconnues. Je ne sais pas depuis combien de temps il écoutait, mais il avait entendu la prophétie.
« Si je comprends bien, répéta-t-il, je suis destiné à mourir. Dans deux jours à peine. Et toi (il me désigna), tu vas parfaire cet avenir ! Je te croyais…
– Non, attends, le priais-je »
Il traversa le temple ou j’étais quelques années plus tôt né une nouvelle fois, et ouvrit une porte noire au fond de la salle. Je me tournais, bêtement impuissant, vers l’elfe.
« Va, me dit-il. Mais rappelle-toi, rien n’est tracé à l’avance, tout peut-être détourné. »
Je saisis mon sac et me dirigeai à la suite du PGN, lorsque une explosion, puis un cri, retentirent de la pièce où il se trouvait. Inquiet, j’accourus.