Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE LA FUITE OU LA PIÉCE DE LA TORTURE
LA PIÈCE DE LA FUITE OU LA PIÉCE DE LA TORTURE

LA PIÈCE DE LA FUITE OU LA PIÉCE DE LA TORTURE

Éléa

J’ai dormi et j’ai repris des forces. Le Père m’a dit qu’il partait, que son refuge secret était inviolable et que je ne le reverrait jamais. Il m’a dit que je mourrais avant. C’est triste, non ? Mais avant que je ne meure, je reverrai mes enfants. C’est mon dernier espoir. C’est tout ce qu’il me reste, l’espoir. Et la vie. Mais, la vie, on a beau l’aimer, elle, elle ne nous aime pas. Comme quoi tout est désespéré. Il n’y a que l’espoir pour nous pousser à nous accrocher. Et l’amour. Mais l’amour, c’est déjà de l’espoir. C’est croire en l’autre, c’est espérer être deux en étant un, être un en étant deux. C’est faire confiance. Je suis sortie de la pièce du Père et me voilà dans une plaine sans fin. Selon les calculs du Père, une pièce ne peut excéder les 124 hectares. Celle-ci doit bien être de 1500 km². C’est grand et pourtant ce n’est pas assez pour contenir tout mon espoir. C’est comme une drogue, l’espoir. A part de l’herbe brulée, il n’y a rien. Juste mon espoir. Juste la paix et le silence. Etre blessée plutôt que blessant. Torturée plutôt que d’abandonner. Mais ne jamais faiblir. Faiblir, c’est renoncer à choisir, renoncer à l’espoir. Choisir c’est renoncer à la faiblesse. S’assoupir un instant et se réveiller en sachant que tout va bien se passer. C’est tout ce que je demande, n’est-ce pas ?

C’est faux, pas vrai ? Je suis seule. Il n’y a rien ! Rien ! Je suis une aberration. Pourquoi es-tu là, toi ? Je suis seulement moi. Il n’y a personne d’autre que moi. Personne. Alors pourquoi es-tu là ? Qu’est-ce que tu veux ?
1000-7 égal… égal… égal ?
Rien. Rien. Rien…
Un monstre.

Espérer.

Les Étoiles… Elles arrivent…

« Bonsoir, Éléa.
– Qui… Qui êtes-vous ?
– Rayon, pour vous servir !
– Qu’est-ce que vous m’avez fait ?
– Rien… Enfin, pas grand chose.
– Quoi ?
– Un orteil de moins, un de plus… Ce n’est pas grand chose, n’est-ce pas ?
– Pourquoi ?
– Vous vous sentez bien ?
– Vous m’avez torturée ? Pourquoi ? Pourquoi moi ?
– Le sang… C’est bon le sang, vous ne trouvez pas ? Qui sont les Étoiles ?
– Je ne sais pas ! Que me voulez-vous ?
– A vous ? Rien. Mais répondez moi. Connaissez-vous le Château ?
– Oui… Malheureusement.
– Bien. »

Il est parti. Il n’y a ni herbes brulée, ni silence paisible, ici. Juste le blanc des murs, le blanc des hôpitaux, le blanc de la Mort. Juste la souffrance en papier peint, le sang en parfum. Quel est ce piège ? Le Père est-il vraiment de mon côté ? Et quelles sont ses Étoiles dont a parlé… Rayon ?
Je ne sais pas. J’ai peur qu’il revienne.

J’ai longtemps dormi. Il est tard, trop tard pour que je puisse voir quelque chose. C’est étrange, non ? Il n’a pas de soleil, mais il y a un jour et une nuit, comme de la luminosité en pilotage automatique. Ce lit en fer est tellement inconfortable ! Depuis que je suis réveillée, je sens sa présence près de moi. Que va-t-il se passer maintenant ?

« Tu peux partir.
– Quoi ? Mais…
– Il le veut et Il a toujours raison. »

Une porte apparaît. Je m’y précipite.
Juste quand je la franchit, un rire machiavélique résonne dans ma tête. Comme s’Il était en moi…

Autrice : Shvimwa, sous le pseudo « Shvimwa »

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