J’attendis, une main sur le manche de l’une de mes épées et l’autre sur mon lasso. Comme la dernière, la pièce était plongée dans l’obscurité. Toutefois, avec une porte comme la précédente, nul doute que je ne serais pas déçu et que mon aventure allait enfin commencer. Tous les sens en éveils, je laissais passer une minute. Puis deux. Et poussais un cri de rage à la troisième. Rien ! Il ne se passait rien ! Mais quel était donc ce château ? M’avait-on trompé ? Agacé, je jurais de retrouver N’mahad et de lui faire payer ses mensonges. Visiblement, torturer sa fille et sa femme jusqu’à la mort n’avait pas été une leçon suffisante.
Je fis un pas en avant et, ce faisant, le sol devant moi s’éclaira d’une douce lumière blanche. Avec elle vint une odeur de fleur de lys et des particules lumineuses se mirent à flotter dans les airs. Que c’était niais. Un second pas et, de nouveau une lumière jaillit, dorée cette fois. Hum, je crois que je commence à saisir le truc.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela n’avait rien d’intéressant. Décision fût donc prise de mettre un terme à cette mise en scène et de se rendre dans la salle suivante le plus rapidement possible. En espérant qu’elles ne se ressemblaient pas toutes.
Fermant les yeux, que voulez-vous c’est mon côté joueur, je traversais la pièce de long, en large et en travers. Après m’être cogné de nombreuses fois contre les murs et effectué un nombre d’aller-retour trop nombreux pour être compté, je me stoppais et relevais mes paupières.
Et mon cœur manqua me lâcher tandis que je retenais avec force la bile qui menaçait de sortir de ma bouche. Répugnant. Infect. Odieux. Une torture pour les yeux. Je me trouvais dans ce qui semblait être une chambre de bébé. Et vous voulez-savoir la meilleure ? UN BÉBÉ HUMAIN ! Allons donc, pourquoi, de toutes les espèces avait-il fallu que ce soit l’une de ses immondes créatures ? Idiote, insolente, arrogante, laide, puante, les qualificatifs ne manquaient pas pour décrire cette race heureusement éphémère.
Et la décoration ! J’ose à peine en parler. Les murs étaient recouverts d’une étrange tapisserie rose bonbon sur laquelle des lapins anormalement gros gambadaient en toute liberté. Le sol était désormais éclairé de toutes parts et une berceuse agaçante et répétitive s’était déclenchée depuis quelques minutes. Au centre de la salle, dans un berceau au bout duquel était suspendu de nombreux jouets se trouvait l’hideuse créature dont je ne m’abaisserais plus à prononcer le nom. Nous n’avons qu’a l’appeler la chose. Et si les choses de l’univers entier trouvent cela insultant, je m’en excuse auprès d’elles. Je plaisante bien sûr. Si elles trouvent cela insultant elles peuvent toujours venir m’en parler et me demander des comptes les yeux dans les yeux. Je suis certain qu’elles s’excuseront d’être des choses par la suite !
Je crachais une belle quantité de salive qui disparut aussitôt lorsqu’elle toucha le sol et me rapprocha de la chose. C’était encore plus horrible de près. Des doigts boudinés qui cherchaient avec amour mon contact. De grands yeux bleus mi-clos mi-ouvert dans lesquels brillaient l’innocence de l’enfance. Un sourire enjôleur donné sans aucunes arrière-pensées. Un nez qui frétillait de la manière la plus mignonne qui soit…
3 secondes. C’est le temps que je tenus avant de décapiter la chose d’un coup sec de mon épée. Cela me faisait de la peine de la souiller ainsi mais il m’était encore plus insupportable de voir la chose gesticuler paisiblement. Cette tâche accomplit, je cherchais des yeux une porte qui aurait soudainement fait son apparition. Rien.
C’est alors que je remarquais que le sang de la chose avait traversé le berceau et se dirigeait vers le fond de la salle. Intrigué par ce phénomène, je suivis sa course en espérant trouver une sortie. Mais, à la place, le sang vint se placer contre le coin supérieur gauche et forma un carré qui masqua complètement la lumière
Une lueur se fit dans mon esprit et je ne pus retenir un éclat de rire. Si mes déductions étaient juste alors…Oui ! Oui, oui et oui ! La chose était de retour dans son berceau, affichant le même air charmeur que la dernière fois, comme s’il ne s’était jamais rien passé. Je lui souris en retour et m’adonnait à mon activité préférée : le massacre
Strangulation. Démembrement. Exsanguination. Étouffement. Écartèlement. Bisou avec le mur. Rencontre avec les poings d’Altixor. Puis la tête d’Altixor. Et son coude. Le plat de son épée. Le manche de son épée. Le plat de sa seconde épée. Le manche de sa seconde épée. Au cours des quatre dernières heures, je donnais la mort de plus d’un millier de façons différentes à la chose. Bon d’accord, au bout de la 756ème, je fus à court d’idée et dut recommencer depuis le début mais j’aimerais bien vous y voir.
A chaque décès, un carré de sang s’ajoutait au précédent. Je découvris également que certaines méthodes, comme réduire la chose en bouillie par exemple, rapportait beaucoup de sang tandis que d’autres, manger bout par bout la chose encore vivante pour ne citer qu’elle, ne fournissait quasiment rien.
Enfin, après mille et un assassinats, la salle fût remplie de sang. La lumière avait petit à petit disparue et les particules dans l’air s’étaient teintés de noir. La berceuse avait depuis longtemps céder la place à une symphonie funèbre et cette ambiance me convenait déjà mieux. Même si, je dois l’avouer, les rayons lumineux avaient toujours mit mon teint splendide en avant et me conférait une aura dont je n’étais pas peu fier.
Tandis que je me faisais cette réflexion, la pièce trembla tout autour de moi et le berceau fut avalé au travers d’un gouffre qui venait de s’ouvrir. Je m’en rapprochais pour étudier la hauteur et découvris avec surprise que, plus de dix mètres en contrebas, se trouvait une porte entrouverte. J’étais trop loin pour en distinguer les détails mais il me semblait distinguer du magma tout autour du cadre. J’avais toutefois appris à me méfier de l’aspect extérieur et, priant pour tomber dans une fosse de dragons, je fis le grand saut…
Auteur : Altixor, sous le pseudo « Altixor »