Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE GLACE
LA PIÈCE DE GLACE

LA PIÈCE DE GLACE

-HAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!
Vous y avez cru ? Auriez-vous oublié que j’étais Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand ? Pensiez-vous réellement qu’une chute aussi ridicule ferait trembler Altixor ? Ce château allait devoir trouver mieux que cela s’il voulait se débarrasser de moi
Après quelques secondes passé dans les airs, j’atterris sur mes deux pieds dans une salle faite de glace et de stalagmite. La température avait brusquement chuté et je m’inquiétais pour ma peau. Tous ses changements allaient sans doute mettre à rude épreuve mon physique majestueux. Les bras serrés contre ma poitrine, je jetais plusieurs regards autour de moi. Cette pièce-ci n’était pas très grande mais comportait de nombreuses cavernes qui pouvaient s’étendre sur des kilomètres et des kilomètres. De plus, le sol, rendu glissant par le froid, rendait mon avancée difficile. Dans de telles conditions, utiliser ma vitesse était absolument hors de question et explorer chacune des ouvertures me prendrait sûrement plusieurs heures.
Je poussais un soupir de résignation et lançait ma jambe en avant pour marquer mon mécontentement. Grossière erreur. Emporté par mon élan, je perdis l’équilibre et me retrouvait les quatre fers à l’air tandis qu’un mélange de honte et d’agacement s’emparait de mon esprit. Heureusement, personne n’était là pour…
-Bonjour aventurier.
Je me retournais d’un seul bloc, mes deux épées dégainées. Face à moi se tenait un homme à la peau bleu striée de vert par endroits. Ses longs cheveux argentés tombaient devant ses yeux m’empêchant de distinguer son regard ce qui n’incitait guère à la confiance. Sa musculature n’avait rien de très impressionnant mais le fait qu’il se tienne nu dans un climat pareil sans que cela n’ait l’air de le déranger m’incita au respect aussi décidais-je de l’épargner. Du moins pour un temps.
-Qui êtes-vous ?
-Je me nomme Blidoris et je suis l’une des nombreuses personnes vivants dans ce château
Un mauvais point pour lui. Vous savez ce qu’on dit : l’ami de mon ennemi est mon ami. Non attendez, ce n’est pas tout à fait cela. L’ami de mon… l’ennemi de mon enne… Ba de toute façon, je considère le monde entier comme mon ennemi et ce Blidotruc venait d’en rejoindre les rangs.
-Où se trouve la porte ? demandais-je en décidant de sauter les formalités d’usage.
L’homme bleu me sourit.
-Il existe de nombreuses portes, aventurier. Certaines sont plus difficiles à trouver que d’autres et leur compréhension nous échappe parfois mais elles valent toutes la peine d’être ouverte.
-Hum je vois
Ce que je voyais surtout c’était que ma main, et par la même mon épée, se rapprochait de plus en plus de la gorge de mon interlocuteur sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour l’en empêcher.
-D’où venez-vous ? me demanda alors Bolidoric.
Le doux souvenir des assassinats perpétré dans la pièce précédente me revint en mémoire. Peut-être pouvais-je faire un effort et laisser l’homme bleu vivre encore quelques instants ?
-Une salle merveilleuse. Quoi qu’un peu répétitive et monotone. J’y ait refroidi une chose fis-je avec un clin d’œil
-C’est intéressant
Je haussai un sourcil. Peut-être Bilidori avait-il mal compris
-Refroidi répétais.
Devant son air neutre, je rajoutais
-La glace, le froid, refroidi ! C’est un jeu de mots
-J’avais compris
-Alors pourquoi n’avez-vous pas rigolé ?
-Ma foi, cela ne s’y prêtait guère
Cette fois c’en était trop. Comment un être aussi misérable osait-il mettre en doute le niveau de mes blagues. Bodilis avait franchi la limite. Sans même que son œil ne puisse distinguer le moindre mouvement de ma part, j’esquissait un arc de cercle avec mon épée et lui transperçait la gorge. Enfin, c’est ce qui aurait dû se passer. Mais, l’homme bleu semblait avoir prédit mon geste et évita facilement le coup.
-Il semblerait que nous soyons désormais en froid vous et moi.
Et, visiblement satisfait de lui, il recula de quelques pas avant de siffler à trois reprises
-Votre accueil glacial rendait cette situation inévitable
-Non, c’est votre manque de sang froid qui a causé cela
-Ne soyez pas ridicule. J’ai voulu briser la glace avec une blague mais vous m’avez ri au nez. Maintenant, vous allez en payer les frais.
Tandis que je savourais ma victoire avec ce combo, je réalisais qu’une meute de créatures mi-loup mi-lion s’était rapproché. Je compris alors l’utilité des cavernes. Ce n’était pas un réseau de galeries comme je l’avais d’abord cru mais le refuge de ses créatures.
Sans le moindre signe avant-coureur, l’une d’elle se jeta sur moi. Je plantais fermement mes pieds au sol pour m’assurer de ne pas tomber et, d’un geste, lui ôtai la vie. La bête rendu l’âme avec un glapissement tandis que ses compagnons réclamaient vengeance. Usant de toute mon agilité, je tuais deux nouvelles créatures avant d’effectuer une roulade pour me soustraire aux griffes des restantes. Je fis de nouveau face à mes adversaires et put lire la peur dans leur regard. Jamais il n’avait connu d’adversaire tel que moi. Jamais…
-HAAAAAA !
Quelle était donc cette sensation qui me vrillait l’épaule et me forçait à poser un genou à terre ? Et pourquoi un liquide doré s’écoulait-il de mon corps à l’endroit même où je souffrais ? Un coup d’œil sur le côté me confirma ce que je redoutais. L’une des créatures, profitant du fait que j’étais occupé avec le gros de la troupe s’était glissé derrière moi et avait planté ses crocs sur ma peau. Mais comment était-ce possible ? Ma peau avait été certifiée comme étant l’un des matériaux les plus durs de l’univers. Un vulgaire loup-lion ne pourrait la transpercer.
C’est alors que j’entendis des paroles inintelligibles qui flottaient dans l’air. D’abord lente, elles se faisaient de plus en plus rapide et chargeaient l’atmosphère d’une odeur que je ne connaissais que trop bien : la magie. Et je compris ce qu’il venait de se passer. Biliso était un mage de type buffer. C’est-à-dire qu’il avait le pouvoir d’augmenter ou de réduire les capacités de n’importe quel être vivant. Et, au vu de l’altération que je venais de subir, son niveau devait être très élevé.
Toutefois, je n’étais pas un adversaire que l’on pouvait vaincre en se cachant derrière des sorts. S’ill pensait être à l’abri derrières ses misérables hybrides qui lui obéissaient au doigt et à l’œil, il allait découvrir à quel point il avait été présomptueux. Rangeant mes épées, je décrochais mon lasso de ma ceinture tout en esquivant les attaques furieuses de la meute de loup-lion. Je retins ensuite mon souffle et lançait ma corde. L’espace d’un instant le temps sembla se figer. Oh, pardon, je reprends. L’espace d’un instant le temps sembla geler. J’avais visé juste. Mon lasso s’enroula autour du corps de l’homme bleu et je le ramenai avec force vers moi en tirant un coup sec. Projeté en avant, les bras collés le long du corps, le pauvre bougre n’eut pas la moindre chance d’esquiver le coup que je lui portais. Il tomba mort à mes pieds et, aussitôt, les loup-lion, comprenant qu’ils n’avaient plus aucune chance, se retirèrent de la bataille.
Mais il était hors de question que je les laisse filer. Usant de ma vitesse, je les pourchassais sans relâche jusqu’au fin fond de leur tanière. Je ne m’inquiétais plus de perdre l’équilibre sur une plaque de glace. La colère avait affûté mon esprit et ma concentration était désormais sans faille. Je pouvais discerner avec précision où poser mon pied et quel pas me conduirait à la chute. Quelques minutes plus tard, le dernier représentant de cette meute des loup-lion venait de s’éteindre. En temps normal, j’aurais festoyé sur leur cadavre mais je n’étais guère en était de jouer et je préférais plutôt emprunter la porte qui venait apparaître devant moi.
Sur son panneau avait été rédigé un texte dans une écriture manuscrite que je ne pris pas la peine de lire. Peu importait ce qui m’attendait derrière, je ne prendrais plus la peine de discuter. Le château venait de commettre la pire erreur de sa vie. Il allait apprendre qu’on ne me blessait pas impunément. Nul être encore vivant ne peut prétendre avoir vu la couleur de mon sang. Je suis Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand. Et après avoir vaincu 99997 autres pièces, je répondrais au nom d’Altixor le Conquérant.

Auteur : Altixor, sous le pseudo « Altixor »

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