La Chatte qui Pêche as La Chatte qui Pêche (ou Poussière d’Etoile)
Notre situation était plutôt mauvaise. Esprit s’était évanouie dès la sortie de la pièce de la lumière. Comment réveille-t-on un Esprit? On lui fait reprendre ses… esprits? Jeu de mots pourri à part, je n’en avais pas la moindre idée. En désespoir de cause, je commençai à lui faire de l’air avec une plume d’oiseau trouvée par terre. Le sol de cette nouvelle pièce était aussi recouvert de graines et de semis. On aurait dit un poulailler.
Je remis l’observation de la pièce à plus tard, car Esprit avait commencé à remuer. Finalement, ses yeux orageux s’ouvrirent et me regardèrent comme à travers d’un voile.
« Tu.. tu as vu, toi aussi? » demanda-t-elle d’une voix pâteuse.
Je hochai la tête. Bien sur que j’avais vu ces visages! Mes parents, mon frère, tous ceux de mon clan que j’aimais avant qu’ils ne me bannissent… Mais je les avait quittés il y a tellement longtemps que les revoir ne m’avait pas trop troublée. Pour Esprit, la séparation devait être encore relativement fraîche…
« On est où, là? » mon amie s’était un peu reprise, on dirait.
« Je ne sais pas, on dirait un poulailler… Mais je ne vois pas de volaille. »
Au moment où je prononçais ces mots, une poule apparut.
« Cooooot? »
Immédiatement, d’autres poules se détachèrent des murs de la pièce. Tout en se dandinant, elles s’approchèrent de nous, la mine un peu curieuse.
« Esprit, je n’aime pas du tout… » Ma phrase fut interrompue car une poule était en train de tirer sur ma blouse.
« Je ne suis pas comestible! » hurlai-je. Mon cri eut le seul effet d’attirer encore plus de plumés. A présent, elles s’attaquaient à mon sac, mes cheveux, et se disputaient pour me pincer avec leur bec.
« Espriiiiit! Elles vont m’écarteler si tu ne fais pas quelque chose! »
Mon compagnon fit un large sourire et entreprit de me libérer. J’avais l’impression qu’elle se retenait pour ne pas éclater de rire. Finalement, Esprit me prit dans ses mains et s’éleva dans les airs.
« Accroche toi! » Et on fila par la seule fenêtre du poulailler, laissant derrière nous une foule jacassante qui se désespérait de la fuite d’une proie aussi succulente.