Nous apparaissons, Immanuel et moi dans une pièce des plus horribles. Des corps gisent au sol, et saignent abondement. Certains morts sont pendus par une corde épaisse, teintée de sang séché. Certains sont récents, et d’autres datent de plusieurs années. Les corps en décompositions font naitre une odeur putride et nauséabonde.
Cet ensemble sanguinolent fait un dégradé saisissant allant du rouge vermeil à l’ocre.
Toutes ces couleurs et ces odeurs nous choquent, Immanuel et moi. Le prophète murmure, bouleversé:
-Ce n’était pas mon message… Aimez vous les uns les autres. Ne faites pas ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse… Ma vie est un échec.
-Ne dis pas ça. Le chateau n’a pas la même logique que les humains.
-Les innocents ne devraient pas mourir ainsi. Personne.
-Tu vengeras leu mort.
-Non. Je dois rendre le bien pour le mal. Vaincre les cruels par l’amour, en les instruisant sur la compassion, la générosité, la tolérance et le respect de la vie. Tu comprends?
-Oui. Quel dieu sert tu?
-Je ne l’appelle pas Dieu. C’est une entité supérieure éternelle.
-Je crois en Parandar.
-Nous ne venons pas du même monde.
J’éclate alors en sanglots amers. Toute la souffrance, la douleur, la tristesse, la haine, et la colère des derniers jours, contenue au plus profond de mon âme m’échappe alors, et se laisse transparaitre par les larmes. Mon âme n’attendait qu’une occasion comme celle ci pour déverser ses sentiments.
Immanuel, aussi bouleversé que moi, mais plus respectueux envers les morts, saisit doucement ma main, et m’entraine vers la sortie.
Je ne me retourne pas. Je ne veux plus jamais voir cette pièce de ma vie. Ou de ma mort.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »