Gabi as Gabi
En fait, nous ne tombons pas sur un couloir, mais directement sur une autre pièce. Celle-ci est… Finalement assez banale, parce qu’elle ne contient rien. Pas un seul objet, juste des murs gris.
Ma main me fait mal, ce qui est étrange car je n’ai pas le souvenir de m’être cognée quelque part. Je la lève et vois une morsure. Quand ai-je pu me faire mordre ?
– Euh… Gabi…
Je lève les yeux, détectant de l’inquiétude dans la voix de Leïla, et je reste bouche bée.
Je suis face à un miroir. Non, pas un miroir, puisque mon reflet n’est pas dans la même position que moi.
Je fronce les sourcils et jette un coup d’œil à mes vêtements. Je ne porte plus mon pantalon marron et mon T-shirt noir, et mon sac bleu a été remplacé par un autre sac. J’attrape une mèche de mes cheveux : je ne suis plus brune.
Je relève la tête vers mon double.
– Leïla ?
J’hoche la tête, ou plutôt elle hoche la tête.
– On a… Échangé nos corps…
J’ai désormais le corps de Leïla.
– Pourvu que ça dure juste le temps qu’on traverse la pièce… je balbutie
– Pourquoi ? Tu n’aimes pas mon corps ?
– Si si, c’est juste que la morsure me fait mal…
– Ah oui, c’est vrai que je me suis fait mordre. Attend.
Elle ouvre mon sac bleu et en sort un désinfectant et une bande de tissu, avant de se mettre à soigner ma plaie.
– Aïe ça pique !!!
– Tu es moins douillette d’habitude.
– Je te rappelle que je suis dans ton corps… C’est toi qui est douillette.
Elle sourit.
– C’est assez étrange de se faire soigner par soi-même, mais discuter avec soi-même, c’est encore plus bizarre.
– Ouais…
Elle enroule la bande autour de « ma » main.
– Et voilà !
– Bon, si on s’en aller ? C’est pas que n’aimes pas ton corps mais je préfèrerais retrouver le mien…
– Tout a fait d’accord avec toi.
Nous faisons quelques pas en avant et, soudain, une trappe s’ouvre juste sous les pieds de Leïla. Mais elle s’accroche à moi de justesse et je m’étale au sol, au bord du trou. Elle reste suspendue dans le vide.
– Aaaah ! Sors-moi de là !
– J’ai plutôt intérêt, non ?! Je ne vais pas regarder mon corps sombrer au fond du trou…
Je l’extirpe du piège et constate que ses bras sont tout égratignés.
– Ah super… Après je vais avoir plein d’égratignures…
Nous courons vers la porte et nous débouchons dans un couloir.
Je ressens alors des petites brûlures au niveau des bras et vérifie que je suis bien redevenue moi-même.
– C’est bon. fait Leïla. Tout est normal.