Miss Lovegood as Miss Lovegood
Je poussai la porte suivante et entrai dans la cage d’ascenseur que nous voyions depuis la pièce de l’océan. Je regardai les boutons. Impeccable ! Cet ascenseur montait jusqu’au 90ème étage. Une fois que Caliorynthe et Om furent entrés dans la cabine, j’appuyai sur «83.»
-Direction Emérence !
(Et le Château, mais ça, chut, on n’en parle pas.)
Nous attendîmes que l’ascenseur se mette en route. Au bout d’une minute, il n’avait toujours pas bougé.
-Il a peut-être un problème, suggéra Caliorynthe, il doit être en panne ou ne fonctionne plus.
Évidemment, ç’aurait été trop facile.
Nous sortîmes donc de l’ascenseur, de fort mauvaise humeur.
-Il faut absolument qu’on trouve un autre escalier, on ne peut pas s’éterniser au quatrième étage, dit Om
J’actionnai la poignée pour retourner dans la pièce de l’océan. Elle était verrouillée.
Il y a parfois des jours où le destin parait s’être rebellé contre nous.
-Bon. On fait quoi, du coup ? demanda Caliorynthe
-Je ne sais pas, dis-je, tu en penses quoi, Om ?
Absorbé dans la contemplation des câbles, il ne nous répondit pas.
-Om ? Qu’y a-t-il d’intéressant ?
-J’ai eu une idée. Pour monter chez Emerence, on peut s’accrocher aux câbles et se hisser vers le haut. Pour atteindre les fils, il suffit de casser le plafond de l’ascenseur.
Caliorynthe examina attentivement les câbles et la cabine, puis hocha la tête.
-On peut essayer, mais nous n’atteindrons jamais au niveau 83.
Om entra dans la cabine. Je le suivi et Caliorynthe fit de même. Il donna de grands coups sur la vitre, sans résultat.
-Zut. Je n’ai pas assez de force pour la casser.
Caliorynthe ouvrit alors le sac et en sortit la baguette magique. Elle traça un cercle sur la vitre, puis prononça une formule magique particulièrement compliquée (brise toi, brise toi, brise toi…) Le résultat fut quelque peu différent. Elle disparut complètement. Pas d’éclaboussure de morceaux de verre, non, rien. La vitre s’était évaporée.
Nous montâmes donc sur le toit de l’ascenseur. Om s’accrocha le premier au câble. Caliorynthe fit de même et je fermai la marche. (L’ascension, dans ce contexte.)
Je dois vous avouer que nous fîmes une pause dès le cinquième étage. Fort heureusement, il y avait une petite marche à chaque niveau, sur laquelle nous pouvions nous asseoir. Nous reprîmes notre ascension. Om montait très rapidement et paraissait ne ressentir aucune fatigue. Caliorynthe avançait vite et s’arrêtait régulièrement pour boire quelques gorgées d’eau. Quant à moi, je voletais parfois à côté d’elle puis je me raccrochais au câble, pour me reposer un peu. Nous nous arrêtâmes à l’étage huit. Cette halte fut très courte, car la marche était trop petite pour nous accueillir tous les trois. Après la onzième marche, le câble devint alors particulièrement glissant et paraissait être recouvert d’une substance noire, ce qui compliquait notre ascension. Nous passâmes devant une marche. Étage quinze. À ce moment-là, les mains de Caliorynthe lâchèrent prise, sans doute à cause de la fatigue et du câble glissant. Elle tomba dans le vide, en hurlant.
-Elle a dû rattraper le câble, suggéra Om lorsque le cri s’arrêta, il vaut mieux que nous descendions la rejoindre.
J’opinai du chef. Nous passâmes devant l’étage quatorze et vîmes Caliorynthe assise sur la petite marche. Elle semblait s’être fait mal au pied, sans doute au moment de l’atterrissage.
-On ne peut pas arrêter maintenant, dit Om, Emerence est au 83ème étage et nous n’en sommes qu’au quatorzième.
-La douleur va passer rapidement, je pense. On pourra continuer après.
-Et toi Esprit, ça va ? me demanda Om
-Je suis un peu fatigué…
Om paraissait être en pleine forme. Enfin pas tout à fait. On voyait qu’il bien qu’il était fatigué, mais il tenait absolument à ce qu’on gravisse quelques étages supplémentaires. Par moments, j’avais l’impression qu’il était impatient de rencontrer Emerence et le Château.
Justement, il nous demanda si nous étions prêts pour continuer.
-Oui, je n’ai plus trop mal, répondit Caliorynthe
J’hochai la tête.
-Regardez, j’ai remarqué que ce câble n’est pas glissant, ou du moins pas pour le moment.
Caliorynthe s’y accrocha en première. Elle grimpa de quelques mètres, puis Om se suspendit à son tour. Je fermai de nouveau l’ascension. Cette fois, nous fîmes beaucoup de mois de pauses. Je regardai les numéros des étages indiqués sur les marches : 16…17…18…19…
-On a passé le vingtième étage ! cria Caliorynthe
Nous nous arrêtâmes quelques instants, puis repartîmes. La longue ascension dura une bonne demi-heure. Finalement, ce fut Om qui demanda à arrêter. Caliorynthe était prête à repartir (nous venions de faire une petite halte) mais il déclara qu’il ne pourrait pas continuer. Je regardai le numéro de l’étage : 30. Nous étions encore loin de la tourelle d’Emerence. Caliorynthe traça, à l’aide de la baguette magique, un cercle dans la porte verrouillée. Elle s’engouffra dans la pièce suivante une fois que le rond ait mystérieusement disparu, comme celui réalisé dans l’ascenseur.
J’entrai également et refermai la porte derrière moi.