Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR POUSSIÈRE D’ÉTOILE (LA CHATTE QUI PÊCHE)
LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR POUSSIÈRE D’ÉTOILE (LA CHATTE QUI PÊCHE)

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LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR POUSSIÈRE D’ÉTOILE (LA CHATTE QUI PÊCHE)

La Chatte qui Pêche as La Chatte qui Pêche (ou Poussière d’Étoile)

La pièce où on entra était très différente de toutes celles que j’avais vu auparavant. Elle ressemblait à une salle de bal moyenâgeuse, mais moderne en même temps. Des fauteuils de tous les genres étaient éparpillés sur le plancher. Un bon feu de bois crépitait dans la cheminée, décorée par des tableaux Picasso. Au centre trônait un gigantesque buffet, éclairé par des lampes à néon. Une bibliothèque design offrait asile à quelques vieux grimoires…
« Waouh » je soufflai « Esprit, tu as vu ça ? »
Je n’obtins pas de réponse.
« Hé ! Esprit ! »
Finalement, mon amie apparut.
« J’étais allée faire un tour d’inspection… Cette pièce me semble un peu bizarre. Regarde les fauteuils… »
« Ben, les fauteuils, qu’est-ce qu’ils ont, les fauteuils ? »
« Ils semblent faits sur mesure. Regarde, il y en a un tout petit pour toi. Et celui-là, dit-elle en désignant un fauteuil mou qui flottait à quelques centimètres du sol, est parfait pour un esprit. »
Une boule se forma dans mon estomac. Je n’aimais pas ça du tout. Premièrement, parce que si quelqu’un avait pu prévoir qu’on serait arrivées là, cette personne devait détenir un pouvoir incroyable sur le Château. Et deuxièmement, parce qu’il y avait au moins une dizaine d’autres fauteuils dans la pièce. On n’était pas les seules à être attendues…
« Il y en a plusieurs qui semblent être de taille humaine, continua Esprit. Par contre, le gros rouge là-bas est bien trop large pour une personne normale. »
« Pour qui pourrait-il être, alors ? »
À ce moment là, deux trucs arrivèrent. D’abord, j’entendis un « POUF » suivi d’un « BAOUM ». Et juste après, une sorte de montagne apparut derrière moi.
Enfin, ce n’était pas réellement une montagne, car je l’entendis s’exclamer d’une voix tonitruante « Dans quel genre d’endroit on est arrivés ? » et j’eus juste le temps de me jeter de côté pour éviter une grosse botte avec pointe en métal qui s’écrasa sur le plancher, me manquant de peu.
Un peu sonnée, j’entendis Esprit apostropher l’inconnu de « grosse brute ».
« Vous avez failli aplatir mon amie ! »
Je vis un visage à la barbe touffue se pencher sur moi.
« Ahem, désolé, mademoiselle. C’est que vous n’êtes pas très visible… »
Esprit me prit dans ses mains et m’éleva à une meilleure hauteur pour que je puisse détailler le nouvel arrivé. Trapu, de petite taille, une grosse hache à la ceinture. Un nain, pas de doute. Le fauteuil rouge était tout à fait de son gabarit !
« Ce n’est rien. Mais on peut savoir votre nom ? »
« Le petit grand nain. J’explore le Château avec un gars. »
En effet, derrière le petit grand nain se tenait un jeune garçon brun, qui paraissait s’amuser de la situation. Il nous adressa un sourire et se présenta à son tour. Il s’appelait vraiment « un gars » ! Esprit dit nos noms et s’excusa d’avoir traité le petit grand nain de grosse brute, excuses que l’intéressé accepta. Une discussion commença, qui portait sur nos réciproques aventures et les raisons qui nous avaient poussé à explorer le Château. Mais nous fûmes bientôt interrompus par un grincement de porte, et un bruit de voix.
« Allons bon, on est finies où ? » Deux jeunes filles s’étaient avancées dans la pièce. Elles nous dévisagèrent pendant un moment, sur leurs gardes, mais se tranquillisèrent quand on leur expliqua qu’on était des explorateurs, pas des monstres ou des mutants, et qu’on ne savait pas non plus ce qu’on faisait là. Elles dirent de s’appeler Gabi et Leïla, et il y eut un nouveau tour de présentations. Elles semblèrent assez étonnées de notre aspect hétérogène (un humain, un nain, un esprit et une fille haute dix centimètres) mais elles non plus n’étaient pas communes ! L’une des deux, Leïla, semblait être sortie tout droit d’une prison (ce qui s’avéra vrai). Gabi était en bien meilleure santé.
On n’eut pas le temps d’approfondir la connaissance car une autre fille se faufila dans la pièce par une porte cachée derrière un tableau. Elle ne devait pas avoir plus de treize ans et ça ne devait pas être longtemps qu’elle explorait le Château, car elle ne se montra pas méfiante du tout. Elle nous dit que ça faisait longtemps qu’elle voulait rencontrer des aventuriers en chair et en os, et s’unit bientôt à la conversation. On apprit qu’elle se nommait Sara.
« Tout de même, dit-elle après un moment, c’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit ! »
Esprit et moi échangeâmes un regard inquiet.
« Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! » ajouta mon compagnon d’aventure.
Tous regardèrent autour.
« C’est vrai ! » s’exclama Gabi
« Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! » dit sombrement un gars.
Comme pour faire écho à ses paroles, un aigu crissement se fit entendre. Le bruit provenait d’une porte d’ébène et était tellement sinistre que tout le monde se regroupa, s’attendant au pire. Certains commencèrent à sortir leurs armes. Le petit grand nain grogna et se cramponna au manche de sa hache. Un gars serra son poing tellement fort que sa main blanchit. Finalement, la porte s’ouvrit et un visage ouvert et souriant en émergea.
« Salut ! » nous salua allègrement la petite fille qui venait d’entrer. « Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet ! »
C’était Miss juliette, sans l’ombre d’un doute ! Esprit et moi la présentâmes aux autres, puis on lui expliqua comment on s’était retrouvés là. Pourtant, elle n’apparut pas très troublée par le mystère. Je commençai aussi à me détendre un peu. Après tout, il y avait pire endroit où arriver. De la nourriture, du confort et des gens avec qui bavarder, ce n’était pas commun pour le Château !
Je dévorais un clafoutis aux cerises quand deux aventurières s’ajoutèrent au groupe. L’une semblait avoir une trentaine d’années, mais dans son regard se lisait une sagesse qui démontrait que son âge était bien plus avancé. L’autre était une jeune fille sportive, avec des cheveux très longs. Elles s’appelaient Violette et ArtistElsa. On se présenta comme de coutume et je me chargeai de leur expliquer comment on s’était tous retrouvés dans cette pièce. Je venais de terminer la longue explication (elles étaient très curieuses) quand une autre jeune fille arriva, du nom de Leeko. Je dus tout répéter du début, puis je proposai à Leeko et aux autres de se reposer sur les fauteuils. On était maintenant onze explorateurs, assis confortablement en cercle, et pourtant un peu inquiets. Qui serait le douzième?
La réponse nous fut livrée quand Louvelo entra. C’était une fille qui avait l’air d’une guerrière. Elle avait le pouvoir de se transformer en louve, ce qu’on découvrit très tôt car elle nous prit d’abord pour un piège dangereux. Heureusement, le quiproquo fut éclairci rapidement. Je n’avais pas du tout envie de l’avoir pour adversaire! On s’assit de nouveau en cercle, mais sans réussir à retrouver la sérénité d’avant. Douze explorateurs étaient attendus et douze étaient arrivés. Qu’allait-il arriver? Et si c’était un piège?
Tout à coup, le sol se mit à trembler. Je poussai un cri et m’agrippai aux bras du fauteuil. On aurait dit que le Château tout entier tremblait, comme actionné par un marteau-piqueur invisible. Les tremblements continuèrent de plus en plus forts et je vis avec horreur de la poudre de brique se détacher des murs de la pièce. Elle n’allait tout de même pas s’effondrer ! Je voulus me lever mais j’étais comme paralysée. Les autres semblaient avoir le même problème. Rapidement, un nuage de poussière nous enveloppa. Je dus fermer les yeux sous peine d’être totalement aveuglée. Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, terrorisée, dans le noir, mais quand je me risquai à plisser les paupières, on n’était plus seuls. Au milieu du cercle, quelqu’un avait apparu. Il avait l’aspect un homme très imposant. Mais il dégageait une telle aura de puissance que c’était impossible de le prendre pour un humain. Il se campait bien droit, les bras croisés, devant nos visages médusés. Il portait un long manteau noir qui lui descendait jusqu’aux pieds. Ses yeux bleus étaient aussi froids que la glace. Lorsqu’il parla, je compris que son pouvoir s’étendait bien au-delà de mon imagination.
» Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »
Le Château! Le Château était cet homme! Si n’importe qui d’autre aurait parlé de cette façon, j’aurais cru à un mythomane. Mais il était impossible douter de la franchise de cette voix, comme il est impossible nier l’existence de la montagne qu’on a devant soi.
» Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »
Il rit brièvement, un rire qui fit monter la colère en moi. Si avant j’avais craint le Château, à présent je ne le redoutais plus. Qu’il nous tue tous, mais qu’il ne s’attende pas à ce que je m’incline devant lui! Furieuse, je cherchai le soutien de mes compagnons par le regard. Ils semblaient partager mes sentiments, mais que faire face au Château en personne.
« Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »
J’ouvris la bouche pour rétorquer qu’aucun de nous n’avait l’intention de la faire, mais soudainement je sentis une force m’emprisonner la gorge. L’homme-Château avait fait un geste. Comme s’il avait pu lire dans mes pensées! Il s’approcha de moi et se pencha pour m’observer.
« Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! »
Il me restait juste assez de forces pour me venger. D’une main tremblante, je pris mon poignard et le frappai sur son visage. Je réussis juste à lui faire une légère éraflure. Mais je l’avais touché dans son amour-propre.
« Si c’est ainsi, meurs donc la première! » me cracha-t-il à la figure.
Et l’étreinte sur ma gorge se fit plus douloureuse. Je voyais tout flou. Je ne pouvais plus respirer. Je vis quelque chose s’agiter, puis le Château se redressa brusquement. Quelqu’un lui avait sauté dessus. Une louve? Je n’en suis pas sûre, mais finalement je pus aspirer une goulée d’air. Puis les autres arrivèrent à la rescousse. A coups de pieds, d’hache, de poignard ou de griffes, ils s’attaquaient à l’homme avec une force incroyable. Cependant, il arrivait aisément à repousser leurs attaques. A peine un coup l’atteignait que le responsable était projeté à plusieurs mètres de distance. Sous mes yeux ébahis, notre ennemi se mit à grandir et à grossir. Trois minutes plus tard, c’était un géant de cinq mètres chauve et très musclé. Il se mit à arracher des pierres des murs de la pièce et à les projeter sur nous. Un gars prit l’initiative de renverser le buffet afin de nous protéger. Au milieu de la confusion, je me mis à courir de toutes mes forces vers le refuge. Du coin de l’œil, je vis Esprit affronter le géant. Comme c’était un esprit, elle ne craignait pas les pierres. Certains l’aidaient en s’attaquant aux jambes du géant. Haletante, je me planquai derrière la table. Les jambes ne me tenant plus, je fermai les yeux et m’assis. Pas pour longtemps. Je sentis une main m’attraper et me soulever. C’était ArtistElsa.
« Tu ne peux pas rester sans rien faire! Viens, on a un plan! »
Elle se faufila habilement parmi le mobilier démoli, ne sursautant même pas quand une pierre s’abattait près de nous. On rejoignit bientôt un coin de la pièce où on ne pouvait pas être aperçues par l’ennemi. Violette , Gabi, Leila, Sara étaient là et m’attendaient, souriantes. Elles semblaient excitées par la bataille.
« Il faut qu’on arrive à créer une diversion, m’expliquèrent elles. On a fabriqué une sorte de catapulte, et il nous faut quelqu’un de léger pour le faire marcher. »
Avant que je réussisse à demander OÙ le lance-pierres allait me faire arriver, elles m’avaient déjà placée dans un bol qui faisait office de lanceur. Gabi actionna un élastique et la seconde d’après je volais. C’était une sensation que je n’avais jamais éprouvée. Je fendais l’air comme une fusée et je me sentais étrangement euphorique. Je le fus un peu moins quand je compris où j’allais atterrir. En plein dans le nez du géant. Il poussa un grognement furieux et secoua sa tête, abandonnant pour l’instant le lancer de pierres. En contrebas, les aventuriers redoublèrent d’efforts. Un gars me fit un signe d’encouragement. Je ne lâchai pas prise et commençai à escalader sa figure. Lorsque je fus plus en haut, je sortis mon poignard et le lui enfonçai dans l’œil.
« En voilà pour toi, assassin! »
Le géant se démena, grognant et hurlant. Il avança une main pour m’enlever de sa figure, mais une forme noire se cramponnait de toutes ses forces à ses doigts. Je reconnus Miss juliette dans sa forme de chat.
Puis, le géant trébucha. Quelqu’un devait avoir eu l’idée géniale de ligoter ses jambes avec des cordes. Je me fis tomber souplement au sol juste avant qu’il ne s’effondre par terre. Des cris de victoire fusèrent. Le géant chercha à se relever, sans succès, car les aventuriers avaient grimpé sur lui et le menaçaient. Pendant une minute, il sembla capituler. Puis son corps trembla et il revint à sa forme humaine.
« Pas mal, dit-il en s’époussetant le manteau. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. »
Il se transforma encore et devint une nuée de harpies. On eut juste le temps de sortir nos armes que les harpies cédèrent place à un torrent d’eau noire. Je me débattis dans l’eau, mais trois secondes plus tard c’était une tornade qui nous faisait face. Les transformations se succédaient avec tellement de rapidité qu’il était impossible de les contrer. J’étais tantôt griffée par les serres d’un aigle, tantôt bloquée dans des sables mouvants. Le désespoir me gagna. Quoique je fasse, j’étais toujours trop lente!
Certains d’entre mes compagnons s’en tiraient mieux que moi. Le petit grand nain avait adopté la stratégie « tourner sur soi-même en hurlant et en agitant la hache », qui était en fait un vrai coup de génie puisqu’ainsi il se défendait de tout. Mais comme je n’avais ni sa hache ni sa carrure, ça ne risquait pas de marcher pour moi. Esprit, un peu plus loin, affrontait les ennemis avec calme. N’avoir pas de corps solide peut aider! Cependant, plusieurs autres étaient en difficulté, couverts de blessures. Mais comment leur venir en aide, lorsqu’on doit déjà combattre pour se maintenir en vie?
Soudainement, je compris à quoi visait le Château. Il voulait qu’on se sépare. Ainsi, on était plus faibles! J’essayai de me déplacer vers Louvelo et Leeko, qui étaient les plus proches de moi. Mais une harpie ne me laissait pas en paix. Là, j’eus un autre déclic. Une harpie? J’avais déjà vu ça! Et si… Une cascade d’eau noire m’aspergea, me laissant frigorifiée mais l’esprit en tumulte. Deux minutes après, je fus presque heureuse de sentir la tornade qui me projeta vers le plafond. Les transformations se répétaient dans un ordre précis! J’aurais du le comprendre avant. Le Château était peut-être rapide, mais n’avait pas d’imagination.
J’essayai de héler les autres, mais au milieu de ce chaos ce ne fut pas facile. Certains me repérèrent, dont ArtistElsa et un gars. Ils comprirent ce que je voulais dire et hochèrent la tête comme pour dire qu’ils le savaient déjà. Puis ils me firent signe de m’approcher d’eux. Je plongeai pour éviter un éclair qui était tombé du plafond et m’empressai de les rejoindre, tout en essayant de faire comprendre aux autres qu’ils devaient me suivre. Peu à peu, tous se rassemblèrent. Commença alors un étrange manège. Quelqu’un hurlait: « Aigles! » et tous se baissaient. Puis un autre criait: « Sable! » et tous grimpaient sur les murs. « Gobelins! » et tout le monde se plaçait dos à dos en position de combat. On savait d’avance ce qui allait nous frapper et nous pouvions nous défendre aisément. On put bientôt passer à l’attaque. Désormais, les harpies étaient transpercées par nos armes. La rivière était évacuée par un trou dans le plancher. La foudre ne frappait plus que des piques en métal plantées par terre. Les transformations se firent plus lentes. L’ennemi faiblissait. De temps en temps, on voyait sa forme humaine qui apparaissait, grimaçante de haine, quand on déjouait un de ses pièges. A chaque coup qu’on portait, l’édifice tremblait. Nos efforts redoublèrent. Nous étions ensemble, forts, personne ne pourrait nous arrêter.
Finalement, l’homme-Château apparut pour de bon. Il respirait fort et tremblait de tous se membres. En un seul mouvement, nous nous jetâmes sur lui, prêts à en finir. Il nous adressa un dernier regard venimeux et disparut avant qu’on puisse le toucher. Le sol trembla un instant sous nos pieds, puis tout sembla revenir à la normalité.
J’étais un peu déçue mais aussi très soulagée. On avait réussi à vaincre (enfin presque) le Château en personne! Je vis un sourire de triomphe éclairer le visage de mes camarades, bien que entrecoupé de grimaces de douleur. L’affrontement ne nous avait pas laissé indemnes. J’étais recouverte de bleus et de coupures, et certains étaient réellement blessés.
Nous nous assîmes en cercle, comme à notre arrivée dans la pièce, et nous partageâmes des vivres. On se félicita, on se donna des tas de bourrades et de tapes amicales. J’étais heureuse d’avoir rencontré des aventuriers comme ceux-là. Mais j’étais aussi un peu triste. Je savais qu’on ne pouvait pas continuer à rester ensemble. C’était trop dangereux d’explorer le Château en un groupe nombreux. A croire que tout le monde avait mes mêmes pensées, car on décida d’un commun accord de prendre des routes différentes.
« Mais on se reverra! » je leur promis, avant qu’ils ne choisissent chacun une porte et s’engouffrent dans les entrailles du Château. Ils repartirent comme ils étaient arrivés, certains mélancoliques, d’autres moins. Une fois seules, je regardai Esprit. Elle m’adressa un sourire en retour.
« Il est temps de reprendre l’exploration » dis-je d’une voix décidée. Et je poussai la porte devant moi.

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