4 jours semblent s’être déroulées dans le toboggan tellement j’ai faim, je remarque une fois la tête sortie du conduit rose. Une lumière chaude m’aveugle tandis que mes mains se posent sur de l’herbe. Cela fait bien longtemps que j’ai vu de la nature, du soleil ou juste l’extérieur. Je me mets debout et, m’étirant en même temps, je commence à regarder autour de moi. Je suis dans un jardin. Les arbres et plantes s’étendent jusqu’à des murs immenses dressés autour du parc. Le soleil est à son zénith ce qui lui permet de me baigner de sa lumière dorée malgré les murs. J’apprécie cet instant de chaleur, le visage tourné vers le ciel quand j’entends des pas qui semblent courir vers moi. Je me tends et ouvre les yeux. Deux femmes arrivent à ma hauteur. « Enfin tu es là ! Ça fait 4 jours qu’on t’attend ! » la blonde me lance, toute essoufflée, Mon visage doit se parsemer d’incompréhension puisque la brune continue « Tu as oublié ton anniversaire. C’était bien il y a quatre jours, non ?
– Oui… enfin, peut-être, j’imagine. J’ai perdu la notion du temps là-dedans, dis-je en pointant du doigt la porte du toboggan.
– Ah oui, effectivement, tu es pas venu par le chemin le plus rapide.
– Ça ne m’explique pas comment tu sais que c’était mon anniversaire. »
Elles se regardent, abasourdies.
« Mais enfin ! C’est nous ! Léa… Dorine ! Tu sais bien, tes amies de collège ! »
Leurs visages flottent dans l’air, puis je les reconnais.
« Mais ! Qu’est-ce que vous faîtes là ? Je suis venue toute seule dans ce Château, vous n’aviez même pas connaissance de son existence de ce que je me rappelle !
– Ne t’inquiètes pas pour ça, me dit Dorine en me prenant le bras. On a quelque chose pour toi ! »
Je les suis, confuse. Sous l’ombre d’un tilleul, j’aperçois une grande table en bois. Quelques verres, des assiettes et un gâteau qui a l’air d’avoir fondu, nous attendent. Elles s’installent en rigolant, me disent de prendre place et me demandent si je veux du gâteau. C’est à la mangue et au chocolat, je dois goûter, je vais adorer…
Tout cela va trop vite pour moi, je me relève d’un coup : « Je suis sérieuse, pourquoi vous êtes là ? Ça fait 10 ans maintenant. Ça n’a aucun sens…
– Eh ! Arrête de t’inquiéter, tout va bien maintenant, on est là avec toi, on va manger du gâteau et fêter tes 23 ans dans ce joli jardin toutes ensembles, d’accord ?
– Non. » Je lui réponds froidement en la regardant droit dans les yeux. Son visage flotte légèrement et je comprends. Son visage n’a pas changé depuis que je l’ai quitté la dernière fois. Elle a toujours 13 ans, quand je viens d’en avoir 23.
Leur corps se floutent légèrement, le charme est rompu. J’ai les larmes aux yeux quand elles s’effacent totalement. Je m’assoie un instant pour reprendre mes esprits. Mon cœur est lourd et meurtri. Ce Château est devenu mon enfer personnel, le lieu de toutes mes souffrances.
Je souffle et me relève. Autour de moi, des arbres, de l’herbe et ce mur de béton. Aucun bruit n’est perceptible. Je veux quitter cet endroit avant que d’autres illusions ne me trouvent. Je marche vers l’enceinte du jardin en prenant mon arc. Au cas où.
Après une dizaine de minute à marcher dans l’herbe, chose qui pourrait être pus agréable si je n’étais pas aussi pressée, je me mets à longer le mur de béton. Le soleil a déjà disparu derrière celui-ci. Il faut que je le suive.
Je pose ma main contre le mur et continue de marcher. Puis ma main ressent un infime changement. Je la pose dans le renfoncement et pousse. Une paroi du mur s’ouvre alors devant moi.
Auteur : La Petite Goutte d’Eau, sous le pseudo « Petite goutte d’eau »