Dans le noir, je tends la main devant moi en tentant de m’orienter. Je sens des bouteilles sous mes doigts qui tintent doucement, la soif me prend et j’hésite à déboucher le bouchon de liège mais je ne peux résister à la soif dévorante qui me déchire la gorge.
– Tu as de l’eau dans ton sac, tu le sais, un peu. Pourquoi hésiter ainsi? me demande-je en mettant la bouteille sous mon nez pour identifier son contenu.
Un relent d’alcool m’emplit les narines mais je recommence pour tenter d’identifier le relent sous-jacent qui me pique le nez et la gorge. Avec précaution, je repose la bouteille et je prends la suivante, douce et ronde qui s’adapte parfaitement à ma paume. Je la caresse un moment, appréciant ses rondeurs avant de la déboucher. L’odeur de viande pourrie me prend la gorge et je manque de vomir. Précipitamment, je rebouche le flacon et je commence à chercher la sortie.
Je tâtonne de mur en mur dans le noir, j’identifie ça et là des bouteilles dont je tente de deviner le contenu, rondes pour le vin, carrées pour les alcools forts. Je me demande combien d’aventuriers se sont aventurés ici avant moi. Combien ont cédé à la tentation de se saoûler pour oublier où ils se trouvent et ce qui les avait mené en ce lieu désert.
– Pourquoi est-ce que je ne croise personne? Pas non plus de cadavres qui pourrissent dans un coin? Aucun squelette? Ce n’est pas normal. On dit que ce château est sans limite, que personne n’en est jamais ressorti. D’ailleurs, les pièces devraient être couvertes de poussière ou envahies par des toiles d’araignée?
Je gémis lorsque je me rends compte que je me suis perdue dans le noir.
– La pièce ne doit pas être immense, je vais bien trouver une porte.
A tâtons, je laisse mes doigts courir sur les étagères couvertes de bouteille, un peu inquiète à l’idée de me blesser sur des débris de verre. Je commence à paniquer lorsque je me rappelle que je suis revenue au rez-de-chaussée.
– La sortie se trouve peut-être au plafond.
Je me mets sur la pointe des pieds et je tâtonne les dalles lisses qui composent le plafond. J’en sens une qui cède sous mes doigts et je saute pour la faire basculer.
– Parfait, il ne me reste plus qu’à grimper là-haut. En espèrant ne pas me retrouver coincée.
Je balance avec force mon sac à dos par la trappe et je saute le plus haut possible en essayant d’attrapper le rebord. Je m’y reprends à trois fois avant que mes doigts n’aient une prise suffisante pour espérer me hisser par le trou. Je peine un long moment mais je parviens à me soulever à la force des bras puis à basculer contre le sol.
– J’ai grimpé d’un étage. me dis-je en reprenant mon souffle, étendue sur le sol.
Autrice : Rozennwyn-Sìne sous le pseudo « Rozennwyn-Sìne »