C’est avec un mélange de joie d’être sorti de la chambre et d’appréhension que j’entre dans cette nouvelle pièce. Mon premier réflexe est de tâtonner autour de moi afin de comprendre où je suis. Les murs grattent. Ils paraissent bossus, comme une carte de France en relief. Je peux de plus atteindre les deux côtés de l’endroit sans bouger : je suis donc dans une pièce toute petite.
Je trébuche en me penchant sur le côté. Le sol n’est pas droit ! Il remonte sur les côtés et je ne remarque aucun angle droit. La forme ressemble à… une roue de fête foraine qui tourne sur elle-même dans laquelle il faut courir sur place si on ne veut pas tomber par terre. Ma roue n’est cependant pas en marche – heureusement.
Une vague géante me gicle dans la figure, je coule et bois la tasse. L’eau m’entoure et m’a pris de surprise. Je tente de me débattre pour remonter à la surface mais cette dernière semble avoir disparu. Je hurle mais personne ne peut m’entendre. Mes bras se relâchent, je sombrer dans les abîmes…
Quand je me rappelle que je suis un esprit, autrement dis que je ne crains pas l’eau. Je n’ai pas de poumons contrairement aux humains ! C’est bien la première fois que cette faculté m’est utile ! Un goût étrange se répand alors ma bouche. Ce que j’ai bu n’était pas de l’eau habituelle. Cette texture s’apparente plutôt à… du liquide vaisselle. Ou mieux encore, du savon.
La roue, les murs qui grattent, l’eau savonneuse… Aurais-je été confondu avec des pantalons à laver ? Mes craintes s’avèrent fondées lorsque les murs se mettent à tourner. Je cours en direction opposée pour ne pas tomber par terre. Je suis désormais un hamster qui joue dans sa cage !
Pourquoi les Hommes ont-ils inventé des cycles de lavage d’une heure ? Déjà, cela consomme une quantité d’eau bien trop importante, mais surtout, je ne suis pas assez entraîné pour un tel effort physique ! Je renonce à courir et me laisse bercer par l’eau. Enfin, bercer ne qualifie que très approximativement la façon dont je suis secoué, essoré par l’eau et cogné contre les murs à chaque seconde. Le plus désagréable dans cette pièce demeure néanmoins le savon que j’avale sans cesse.
Un cri de joie me traverse quand je sens le volume d’eau se réduire et me libérer peu à peu. Je retrouve les murs bosselés et le sol de la pièce avec grand plaisir. Les réjouissances s’avèrent cependant éphémères, car un vent immense s’engouffre brutalement dans la machine à laver et me secoue dans tous les sens avec force. Des larmes de douleurs s’échappent, les membres endoloris.
Un immense soulagement m’envahit quand le cycle venteux prend fin. Je me précipite alors dans tous les sens pour trouver le moyen de sortir d’ici le plus rapidement possible. La machine ne semble cependant pas avoir d’issue. A moins que… pourrais-je sortir par son hublot ? Je tâtonne pour atteindre ce dernier. Sa paroi lisse m’indique sa présence. Je constate avec étonnement qu’il s’ouvre aisément de l’intérieur. Je prends le temps de sortir et de découvrir le dehors : l’air frais contraste grandement avec l’atmosphère lourde et savonneuse de la machine à laver. Je glisse un pied hors de la machine, sans atteindre le sol. Cette douce sortie s’interrompt brusquement quand des jets d’eau se brisent contre mon dos. Un nouveau cycle de lavage s’actionne ! Je me jette dehors pour l’éviter.
Auteur : Miss Lovegood sous le pseudo « Miss Lovegood »