Je m’apprête à faire un pas avant de me raccrocher brusquement à la poignée de la porte. La pièce suivante ne possède pas de sol et je manque de tomber dans le vide. Je me penche doucement pour observer l’endroit. Les murs sont incurvés à l’image d’une tour ou un puit. Leur couleur blanche contraste avec le noir des profondeurs. Il est en effet impossible de distinguer un quelconque sol. Je cherche Poussière d’Etoiles du regard, angoissé à l’idée qu’elle ait pu tomber. Je l’aperçois alors au milieu du puit. Elle s’accroche à une corde. Je constate qu’un long fil épais est noué à la poignée de la porte à laquelle je m’agrippais.
Poussière d’Etoiles m’enjoigne de descendre dans le puit. Elle ne distingue pas non plus de fond. J’hésite, ayant peu confiance en la solidité de la corde. Je la soupèse, tire dessus : elle ne paraît pas très résistante. Et en même temps, de quelle autre solution disposons-nous…
Je m’agrippe à la corde et commence à descendre. Pour une fois, être un esprit est plutôt avantageux car je ne pèse presque rien. Je dois cependant rapidement effectuer une pause, exténué. Poussière d’Etoiles semble également essoufflée. Je ne sais pas combien de temps nous allons tenir ainsi. Nous scrutons, inquiets, les murs lisses de cette pièce, cherchant en vain un objet auquel s’accrocher.
C’est en rejoignant Poussière d’Etoiles que je constate qu’elle porte un casque inhabituel. Noir, il est fin et discret. Mon amie découvre également son existence lorsque je l’interroge à ce sujet. Elle pose sa main sur sa tête, étonnée, puis remarque je porte également ce casque. Je l’imite, tout aussi stupéfait. D’où vient cet accessoire ? Cet endroit renferme bien des secrets…
Je me sens tout d’un coup un peu idiot avec un casque de protection sur la tête. Je ne risque pas de briser ma fumée ! Nous n’avons aucune idée de l’utilité de l’objet.
Un cri perçant retentit alors. Poussière d’Etoiles vient de lâcher une main par fatigue. Son unique bras accroché à la corde tremble. Je tente de l’attraper mais ne suis pas assez rapide et ma coéquipière tombe dans le noir en hurlant. Mon cœur cesse de battre.
Un silence oppressant règne quelques instants.
Il est brisé par le son de la voie de Poussière d’Etoiles. Elle m’appelle pour me montrer une formidable découverte. Je tente de descendre mais je suis exténué. Nous n’avons pourtant parcouru que quelques mètres, comme si cette pièce nous essoufflait volontairement.
J’ai le sentiment de rejouer la même scène quand mon bras lâche. Mon corps se balance dans le vide puis je m’entends hurler. Je ferme les yeux. C’est cependant sur un gros coussin moelleux que je retombe. Enfin moelleux… j’ouvre les yeux et tente de dégager mes jambe. La texture de mon sauveur est collante et je me peux me relever, comme si… comme si j’étais collé sur un gâteau gélatineux. En relevant la tête, j’aperçois Poussière d’Etoiles. Nous sommes tous deux allongés sur une pâtisserie adossée au mur. Ma coéquipière m’explique que notre casque permet de tirer des gâteau. Elle m’en fait la démonstration : elle souhaite très fort des secours – par exemple quand on tombe au fond d’un puit- quand un gros gâteau enrobé de sucre glace surgit du casque et se fixe sur le mur situé en face d’elle.
L’invention est fabuleuse. Un peu moins de sucre glace aurait néanmoins été pratique pour éviter de rester coincé dix minutes sur le gâteau.
Nous lançons dès lors des pâtisseries sur les murs du puit pour descendre. Je saute de gâteau en gâteau afin d’éviter de rester trop longtemps sur un seul. Le spectacle est magnifique : des gâteaux multicolores surgissent sans cesse et traversent la pièce avant de s’accrocher aux murs sombres. En jetant un coup d’œil vers le haut du puit, je constate que les pâtisseries disparaissent assez rapidement.
Après avoir sauté sur une cinquantaine de gâteaux, nous parvenons enfin sur le sol. Nous pataugeons dans l’eau noir et glacée du puit et apercevons une minuscule porte. Poussière d’Etoiles reste quelques instants immobile d’un air attristé. Les casques disparaitront sans doute en sortant de cette pièce. Je contemple une dernière fois les gâteaux suspendus au murs du puit et franchis la porte de pierre.
Autrice : Miss Lovegood sous le pseudo « Miss Lovegood »