Je pousse la haute porte de bois rongée par les ans et je me glisse dans la pièce en refermant la pièce avec soin. Mon regard explore les alentours avec minutie, mais je suis seule. Je soupire de soulagement, j’ai tant entendu parler de ce château que j’ai fini par prendre mon courage à deux mains pour m’y rendre en ce jour pluvieux. J’ajuste mon sac à dos sur mes épaules et j’avance dans le hall désert. Soulagée de ne pas croiser de créature effrayante, je regrette toutefois de ne pas croiser un potentiel compagnon de route dans cette exploration qui pourrait m’accompagner dans mon exploration de ce lieu légendaire dont personne n’est jamais ressorti. La légende circule dans la région depuis plusieurs années à propos de ce château et à sa vue, j’ai songé que sa réputation venait peut-être de son pont-levis qui mêle la pierre, la glace et l’acier qui a dû précipiter plus d’un aventurier à l’hospice suite à une chute malencontreuse, écourtant leurs rêves de gloire. Avec précaution, j’ai progressé sur ce long pont avant de me trouver devant la porte où il m’a semblé être à l’aube d’une nouvelle ère, enfin, une nouvelle page de ma vie tout au moins.
Toute à mes pensées, j’ai oublié où je me trouve et je lève la tête pour admirer les lieux. Le hall de marbre rose semble m’entourer et me couper du monde, de hautes colonnes rondes et massives le traversent et semblent l’empêcher de s’effondrer sur moi. Il n’y a rien ici, quelque soit l’endroit où je pose mon regard, il n’y a ni meuble ni ornement. Le silence m’enveloppe et semble m’envelopper en une froide étreinte. A quoi bon m’attarder ici ? Des yeux, je cherche une porte de sortie pour avancer vers ma destinée et je la vois tout au bout, une étroite ouverture fermée par un rideau de velours bleu brodé de motifs végétaux au fil d’argent m’attend. Que vais-je trouver derrière ? Que fais-je en ces lieux ? Je hausse les épaules pour chasser ma peur et je soulève le rideau pour me glisser dans la pièce suivante en songeant que du haut de mes trente ans, je devrais me montrer plus raisonnable. Mais je secoue mes longs cheveux auburn en songeant « Rozennwyn-Sìne, tu ne sais même pas ce que tu vas trouver dans cette pièce, pourquoi donc n’as-tu pas sorti ton couteau ? Et pourquoi diantre l’as-tu rangé tout au fond de ton sac ? ». Je fais taire ma voix intérieure et je regarde autour de moi.
Autrice : Rozennwyn-Sine, sous le pseudo « Rozennwyn-Sine »