Aifé
-Vous aviez le choix.
Un village incendié, disparu, rayé de la carte. juste des cendres et des poussières. Quelques corps fumants, tandis que le sang sèche déjà.
Peut être que si ce tonneau d’alcool fort n’avait pas été renversé, si de la paille sèche ne jonchait pas les rues, si les modestes cabanes n’étaient pas de bois, et si je n’avais pas été là, tous ces habitants innocents seraient encore en vie.
Ou pas. Quelqu’un d’autre aurait été chargé de la mission. Et aurait été plus cruel encore.
Quelques hommes agonisent encore, leurs râles disparaissant sous les craquements du feu, les flammes léchant le bois sec.
Mes pupilles deviennent verticales, alors que je sombre dans ces souvenirs vieux d’il y a à peine quelques minutes seulement.
*Flashback*
Je marchais dans les rues étroites et ténébreuses de ce village. La lune était absente cette nuit. Tant mieux. Cela faciliterait mon travail. Je me colla aux murs, et marcha furtivement telle une ombre, impassible.
Mes yeux étaient absents. Aucune lumière en eux.
J’ÉTAIS TOTALEMENT CONCENTRÉE SUR MA MISSION
Quelle mission? C’est la question que me posa le premier paysan venu, tandis qu’il déchargeait son restant de récolte.
La réponse fut simple.
J’ai enfoncé mon poignard dans la gorge de l’homme. Il a eu de la chance. l’agonie fut brève. Je me sentis sourire un instant.
C’est lorsque j’ai débarqué dans une taverne quelconque que ma mission a réellement commencé.
Les paysans ont posé leur chope, m’ont jeté un regard méfiant, et le silence c’est fait, peu à peu.
-Je suis ici par ordre de mon Maître.
Aucune réaction, si ce n’était une lueur de panique dans leur regard. je continue.
-Votre révolte envers Lui, le Seigneur et Maître des Lieux n’est pas passé inaperçue. Je suis ici pour réparer le tort que vous Lui avez causé.
Les Hommes avaient peur. Tous connaissaient les rumeurs qui courraient sur le Château. Un sourire cruel orna mon visage.
-Vous avez le choix. Payez un lourd tribut, ou mourrez.
Un homme se leva, tapant du poing sur la table, et hurlant.
-Nous ne nous soumettrons pas! Nous sommes libres!
Je fis un pas. Je me doutais de leur réaction. Les hommes commençaient à s’agiter. Je haussai la voix.
-Un oiseau en cage peut toujours voler. Mais est ce qu’un oiseau brûlé le peut?
Pas de réponse. Aucun n’a pu réagir. La taverne était devenue de flammes. Je quitta tranquillement la salle, contemplant mon oeuvre.
Le feu a gagné du terrain. En voici le résultat.
Désobéir au Maître était une grave erreur.
*Fin du Flashback*
Village de feu, village de flammes, village de cendres, village de suie, village de mort. Désolation, carnage, massacre, néant, punition.
J’ai accompli ma mission. C’est tout ce qui importe. Je m’enfonce dans le sol.
Léger goût de cendre dans ma bouche.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »