Nous fermâmes la porte derrière nous, et nous retrouvâmes en face d’un couloir semblant s’étendre de chaque côté à l’infini, agrémenté à intervalles réguliers de portes.
-Qu’est-ce que… commença Yann.
Avant qu’il puisse ajouter un seul mot, le couloir sembla se resserrer sur lui même, la lumière, produite par un long néon accroché au plafond, se mit à clignoter, et un puissant courant d’air balaya la pièce. Je tentai de rester debout, nous passâmes un instant dans le noir, puis, lorsque nous pûmes voir à nouveau, nous constatâmes qu’il ne restait plus que quatre portes. Au dessus, écrit en noir et épais sur le mur en béton, il y avait marqué « Une porte, une personne. Choisissez ».
-C’est quoi ces conneries ? Marmonnai-je.
-Il y a écrit quoi ? Demanda Ahna.
-Qu’on va devoir prendre chacun une porte, résuma Yann.
-On va voir ça… fis-je, et je tentai de m’approcher de ce dernier.
Sans succès. J’étais incapable de faire le moindre pas de côté. Voyant la perplexité sur mon visage, mes compagnons tentèrent de m’imiter. Sans plus de réussite. Je constatai que le vent nous avait réparti en ligne devant chacune des portes, et que nous ne pouvions pas changer.
-Et comment on est censés choisir, du coup ? M’exclamai-je, agacé.
Les lettres noires s’effacèrent et furent remplacée par un nouveau message : « Il suffit de demander pour échanger de porte ». Yann le lut à voix haute à l’intention d’Ahna.
-Voyons quels choix nous avons, se contenta de commenter celle-ci en s’avançant.
Sur les portes étaient fixées de petites plaques vaguement dorées avec en gravure le nom des futures pièces. Nous les lûmes chacun à voix haute, sauf notre guerrière, bien entendu, et notre vampire le fit pour elle.
La pièce du désert de sable rouge.
La pièce dépressurisée.
La pièce en quatre dimensions.
La pièce de la vase.
-A votre avis, qu’elle est la moins dangereuse ? Demandai-je.
Après une courte concertation, nous optâmes pour « la pièce dépressurisée ».
-C’est donc celle pour Yann, trancha Ahna.
Celui-ci protesta un peu, mais surtout pour la forme.
-Et s’il y a pas d’air dedans ? Demanda-t-il toutefois.
-Tu retiens ta respiration, répondit Ahna.
-Non, surtout pas, la contredis-je. Déjà, je vois pas pourquoi y aurait pas d’air, et surtout, si tu as tes poumons remplis d’air et que la pression diminue, l’air va se dilater, se dilater et… paf ! Je te laisse imaginer la suite.
-Charmant, commenta Yann, plus que vaguement inquiet. Mais c’est vrai. Qui est l’ahuri qui a décrété que cette pièce est la moins risquée ?
Je haussai les épaules, et me hâtai d’ajouter :
-Par contre, je prends la pièce en quatrième dimension ! Ça m’intéresse.
Cela me fut accordé, et après un bref débat entre Livian et Ahna, celle conclut qu’à choisir, elle préférait marcher dans la vase, et la répartition se conclut.
-Bon ben les amis, nous reste plus qu’à trouver nos portes… Fis-je, et à peine avais-je terminé ma phrase que je remarquai, en regardant ma porte, que les petites plaques avaient changé et que nous étions tous en face de la bonne.
Ahna, Yann et moi échangeâmes un dernier regard. Je sentais que l’émotion serrait la gorge de Yann, et je dois admettre que l’inquiétude à l’idée de ne plus les revoir me retourner l’estomac. Je n’avais pas eu le temps d’envisager cette possibilité dans toute son horreur, et à présent, elle me pétrifiai. Je m’obligeai à respirer profondément. C’était probablement à moi de me charger du discours d’adieux.
-Si nous devions ne pas nous retrouver à la sortie, commençai-je en ignorant la présence de Livian, je tiens à déclarer solennellement que ce serait dommage.
-Je vous retrouverai, affirma Ahna d’un visage indéchiffrable. Chez tout autre qu’elle et pour tout autre que nous qui la connaissions, cette marque d’attachement extrême aurait pu passer pour une menace.
Ne pas pouvoir les toucher pour leur dire peut-être adieu, même si je refusai de penser à ça, me donnait de l’urticaire. Yann déglutit.
-De toute façon, je sais qu’on va se revoir dans même pas cinq minute, affirma-t-il d’un air peu assuré.
Nous sourîmes faiblement, et tous en chœur accompagné de Livian, nous poussâmes nos portes, nous faisant violence pour ne pas regarder en arrière.
Autrice : lolo, sous le pseudo « lolo »