J’atterris lourdement sur mes fesses et me relève avec difficulté. Ouille ouille ouille. Ça fait très mal. Mais lorsque Robin et Lucy m’atterrissent dessus, ça fait encore plus mal.
Soudain, une gigantesquement prodigieuse explosion se produit et Folly sort d’une carte en feu,me tombe sur la tête, les cheveux et les vêtements en feu, évanouie. Nous nous écartons. Lucy sort une clef en jade de la poche intérieure de son haut (tellement petit, le haut, que personne n’aurait pensé qu’il y en a une) et la tend devant elle. Pas le temps de poser de questions. Seule elle sait ce qu’elle fait. Et puis tant pis. Si elle tue cette tarée, personne ne lui en vaudra. Elle a torturé Robin!
-Par le pouvoir de la clef de l’eau, Verseau Aquarius!!! scande-t-elle d’une voix forte.
Jaillit alors de la ridicule petite clef une vague que même un grand surfeur aurait été incapable d’affronter, et qui aurait suffit à faire couler le Titanic. Elle éteint le feu de Folly, mais ses poumons se remplissent d’eau et elle étouffe dans son inconscience.
-Tu vas la tuer, abrutie!!!
J’ai crié. Je ne sais pas pourquoi je tient à cette pauvre folle, mais je sais qu’elle nous sera utile. Si on ne la tue pas avant. La chasseuse de monstres se dirige vers sa victime d’une démarche de top-modèle, et lui appuie son talon de dix-huit centimètres à l’endroit où se situent les poumons. La jeune fille recrache un peu d’eau tintée de sang. Lucy lui en veut vraiment. Je l’écarte d’un mouvement brusque et commence à prodiguer les premiers soins à la jeune télépathe. Endormie, elle me semble avoir treize ans. Elle ouvre les yeux, me murmure un vague merci, puis, elle me donne de son habituel ronchonnement: «C’est bon, je peux me relever toute seule, tu m’a prise pour une faiblarde, hein, tu penses que je te dois la vie parce que ta sadique de poupée Barbie a manqué de me perforer les poumons et que tu l’en a empêcher, mais t’as juste fais ça parce que je suis utile, n’est-ce pas…» etc. Folly, quoi. Mais elle a vraiment tort de se croire plus forte que les autres, parce que la voilà qui commence à verdir, puis se retourne juste à temps pour vomir sur une carte. Une carte? Nous revoilà dans la même pièce qu’avant. La même? Non, les lettres sont à l’envers, comme dans une miroir.
-Non siam ho! S’exclame la carte souillée du vomi de Folly. Ne àliov sed serèinam!
C’est une reine de cœur. Je réponds:
-Élosed. Nom eima tse… ale… ade..edalam.
-Srola, uq’no iul epuoc al etêt.
Nous entendons un sifflement aigu et Robin est le plus prompte à agir, il se jette sur nous et nous plaque au mur. Une carte s’abat à l’endroit était une microseconde auparavant. C’est un lapin blanc. Celui d’Alice, comble de la ressemblance, il a dans la main de petites tartelettes à la fraise. Miam. J’ai beaucoup trop faim. Je m’engouffre dans cette carte, en marche arrière, juste après avoir vu Folly adresser un doigt d’honneur à la grosse reine.
Autrice : Sakura en sucre, sous le pseudo « Sakura en sucre »