Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU THÉ
LA PIÈCE DU THÉ

LA PIÈCE DU THÉ

Cette pièce a été explorée par Aifé

J’entre dans une petite pièce, éclairée. Elle est de pierre fine, claire, et pastelle. Un matelas, à même le sol, de la même matière que les murs et le plafond. Je ne trouve pas la source de la lumière. Une tasse de thé vert, posée sur le sol. Cet endroit me plaît. Il me rappelle la petite chambre, dans laquelle j’ai vécu ces dernières années, au Vatican, près de mon maitre. Je m’écroule sur le lit, décidée à faire une halte. Je pose mon katana sur le sol, à mes côtés, prête à m’en servir, en cas de besoin. Je m’adosse contre le mur, accroupie sur le matelas, et je ferme les yeux, durant quelques secondes. Je m’abandonne, mais rouvre très vite mes yeux, me rappelant les enseignements de mon mentor.
«Le moment durant lequel le naga baisse sa garde, est le moment de sa mort»
Non, ne pas se laisser aller. Toujours être sur ses gardes, vigilante. Ne jamais se laisser à découvert, quelques instants.
Je m’agenouille devant la tasse de thé, et la saisis. Encore chaud, le mélange me tente. Je le renifle, histoire de vérifier qu’il n’est pas empoisonné, et bois une petite gorgée. Je profite de la sensation. Tant de souvenirs ! Cette vie en Italie me manque. Je me souviens encore, de la première fois, où j’ai bu du thé. Je l’avais recrachée, dégoûtée, par le breuvage amer. Encore jeune, je n’appréciais pas cette boisson peu sucrée.
Mon maitre, n’avait pas insisté, et repris la tasse. Le lendemain, il me l’avais représenté, et m’avait forcé à en boire une gorgée. Durant des jours, ce petit jeu dura, jusqu’au moment, où Théo, parti traquer des reptiliens, était revenu auprès de son maitre. La première fois que je voyais ce naga, âgé de 10 ans de plus que moi. Silvère, heureux de le revoir, lui avait tendu une tasse du breuvage amer, et Théo, épuisé, s’était contenté de sourire, et de boire la boisson. Il m’avait surprise. Comment pouvait on aimer ça ? Encore apeurée par l’homme, je n’avais pas ouvert la bouche. Le jeune varan s’était alors tourné vers moi, et m’avais murmuré :
-Qui es tu ? Pourquoi as tu peur ?
-Je m’appelle Aifé… Qui es tu ?
-Théo. Ravi de te rencontrer.
-Pourquoi aimes tu le thé ?
Il n’avait pas répondu, et avait sourit, heureux de tant de naïveté, il savait que je n’avais pas confiance en Silvère, qui m’assurais que la boisson était bonne. Puis, épuisé, il était entré en transe, et Silvère m’avait entraînée me battre.
Depuis, j’aime le thé. Lorsque le lendemain, Silvère m’avait présenté la tasse, j’avais tenté de la boire, hésitante. Un sourire avait éclairé son visage, lorsque je l’avait fini. Il avait réussi, à m’apprivoiser.
Je continue de boire la tasse. Je reconnais le mélange de mon mentor. Puis, épuisée, je m’allonge sur le matelas, comme Théo l’avait fait autrefois. Je plonge dans un demi-sommeil, aux aguets, prête à me battre. Mais le danger ne vient pas, et je passe une nuit tranquille. Puis, Je me lève, au matin, saisis mon katana, et m’élance vers la porte.
J’ai faim. Théo avait il faim aussi après avoir bu du thé ?
Je m’engouffre dans la pièce suivante, en songeant à cette énigmatique question, décidée à l’appeler pour lui demander.

Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »

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