Nous sommes éjectés dans une autre pièce, vaste, et couleur sable. Ma vue se brouille. Je n’ai pas le temps d’en voir d’avantage. Je m’évanouis dans les bras de mon bienfaiteur.
…
Des mains me touchent, soignant mes blessures, bandant mes plaies. Je frissonne.
Les mains s’arrêtent. La personne à mes côtés sait maintenant que je suis réveillée, et attend. J’ouvre les yeux, effrayée, et rencontrent ceux calmes de Théo. Ses yeux clairs, semblables aux miens me sondent. Il murmure de sa voix calme.
-J’ai soigné les blessures de ton corps humain. Transforme toi en reptilienne pour que je puisse soigner tes lésions.
Théo est de dix ans mon aîné, et je lui obéis.
Des écailles recouvrent mon corps, et ma peau devient verte pâle.
Le varan commence à soigner mes blessures, patiemment, puis lorsqu’il a fini sa besogne, il m’aide à m’asseoir.
Il remarque vite que je suis très faible, et me donne de la poudre d’or, ainsi que de l’eau. J’avale le tout, silencieusement. Aucun de nous n’a émis de son depuis plusieurs minutes. Il brise finalement le silence, pour assouvir sa curiosité.
-Comment es tu arrivée ici ?
-Notre mentor m’a ordonnée de chasser les ennemis des nagas qui vivent ici.
Théo n’est pas surpris. Il m’a rencontrée au Vatican, chez notre maitre commun. Bien qu’il soit un varan, et que je sois un rejet, il m’a aussitôt prise sous sa protection. Il m’a déjà sauvé la vie.
-Il aimerait te parler.
-Comment ça ?
-Je suis venu ici pour toi.
-Silvère est au courant?
-C’est lui qui m’envoies. Je dois te surveiller.
-Je ne suis plus une enfant.
-J’ai du te sauver.
Je me mords la lèvre. En effet, sans lui, je serais certainement morte au milieu de cette secte.
-Tu es aussi prisonnier du Chateau.
-En réalité, je ne suis pas vraiment là. Silvère m’a apprit à séparer mon âme de mon corps, grâce à la méditation. Je suis juste venu te sauver. Je reviendrais à chaque fois que tu as besoin d’aide. Il voudrait te parler.
Il me tends un téléphone.
Je murmure étonnée.
-C’est le tien ?
-Non. C’est un téléphone spécial qu’il m’a donné juste pour toi.
Je saisi le mobile, et aussitôt il sonne. J’hésite. Que me dira Silvère si je réponds ? Théo m’encourage du regard.
Je décroche, et Théo s’évapore sous mes yeux, en un souffle. Si j’avais douté de ses dires, désormais, je ne peux que le croire.
-Aifé ?
-Maitre ?
-Je suis heureux de savoir que Théo est arrivé à temps. Vas tu bien ?
-J’ai beaucoup souffert.
Silvère garde le silence, car il sait ce qui s’est passé. Nous restons de longues minutes, sans rien dire, puis il soupire, et murmure, doucement.
-Je sais que tu as eu des problèmes. Les nagas sont sensibles à la drogue. J’aimerai que tu gardes ce téléphone, pour me parler. Je t’indiquerais également tes cibles à l’intérieur du Chateau.
Je souris. Mon maitre ne perd pas son temps, comme autrefois, et m’indique directement ce qu’il désire. J’accepte, et l’échange en italien s’interrompt.
Je me retourne. Je suis dans une pièce couleur sable, et le sol, est un tatami, tandis que les murs, sont de bois clair. Aucune fenêtre, et cette pièce me fait penser à celle dans laquelle j’ai vécu toute mon enfance, en compagnie de mon mentor. Un courant d’air frais, cependant parcourt la pièce, et me fait frissonner. Je regarde le téléphone. Deux numéros en mémoire. Celui de mon maitre, et un autre.
Curieuse, j’appuie, et une voix peu inconnue, pétillante de vie me répond.
-Come stai?
Je préfère répondre à la provocation de mon interlocuteur à l’appareil en français, et murmure entre mes dents :
-Théo… C’est toi…
-Sì, è sospettato?
-Réponds moi en français…
-Évidemment que c’est moi ! Tu en doutais ?
-Non. Merci de m’avoir sauvée.
Il redevient soudain sérieux. Il reprends sa voix posée, et dit d’une voix forte :
-Tu es ma sœur. C’est normal. Je serais toujours là pour toi.
Un grincement guttural retentit alors dans le combiné.
-Il m’appelle. Je pense à toi.
-Addio…
Il raccroche, car Silvère n’a pas l’habitude d’attendre ses disciples.
Je regarde une dernière fois la pièce, puis, je me dirige vers la porte. Je souris. Théo, m’a donné un katana, le mien étant disparu lorsque je suis entrée dans la secte. Mon nom est écrit sur le manche.
Je pousse la poignée de la porte, déterminée à affronter toutes les pièces.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »