La pièce suivante était proprement immense. Le sol n’était que sable et mes bottes y laissèrent de légères empreintes. Attentive, je regardai autour de moi. Les murs étaient gris, de pierre, simple.
Un seul petit détail. Il y avait des blocs de pierre énormes… partout. Ou presque.
Je sentis tout de suite que quelqu’un pouvait être embusqué derrière et redoublai de prudence, tous mes sens en éveil. Soudain, un cri jaillit. M’écartant du chemin où je me trouvais. Je me précipitai derrière un bloc et, sans réfléchir, accourait vers le bruit.
Un monstre véritable, d’une dizaine de mètres de haut, la peau rouge et visqueuse, les yeux jaunes et globuleux, la bave soulant de son menton et de ses dents jaunes et acérés, il me tournait le dos. Je pouvais vois dans tous les détails les pics qui déformaient son dos, sa peau pleine de boutons, luisante.
Un sixième sens dû lui faire connaître mon existence. Je retins mon souffle quand, dans un mouvement fluide, extrêmement rapide et à peine discernable, il se retourna et me fit face. Dans ses yeux ne se lisaient aucunes peurs, aucunes faiblesses, même pas de la haine ; juste un instinct animal qui le poussait à tuer tous ceux qui passaient ici.
C’est alors qu’une silhouette apparut à ses côtés. Mon sang se glaça. Ils étaient deux !
La deuxième personne avait un aspect humain. Plus petite que moi en taille, des cheveux blonds mi-longs, des yeux marrons clairs, des traits harmonieux. Une fille ! Elle était même plutôt belle. Et avait l’air de savoir se battre. Je ne la fixai pas dans les yeux, ayant trop peur de ce que j’allais y découvrir. Je pouvais affronter des animaux, mais pas une fille de mon âge aux yeux emplis de haine.
C’est alors qu’il se passa quelque chose d’incroyable. La jeune fille, si rapidement que je mis du temps à m’en rendre compte, s’écarta de quelques mètres, attrapa son arc et tira.
La flèche se ficha au milieu du front de la bête. Celle-ci s’écroula dans un râle, et non sans avoir au passage écorché le bras de la jeune fille. Reprenant mes esprits, je sautais sur le monstre et, aidée d’Anduril, je l’achevai. Puis je me tournai vers la jeune fille et levai mon arme d’une main, portant l’autre à mes couteaux. Cette fois-ci j’étais prête, et nous étions à peu près à force égale. Mais elle me fixa d’un air intrigué, et un peu amusé.
-Qu’est-ce que tu fais ? On a gagné, il est mort. Il n’était pas très intelligent, sinon il aurait vu mon arc.
Je baissai Anduril. Mais ne la rangeai pas.
-Qui es-tu ?
-Mes amies m’appellent Ourite. Je suis une exploratrice, tout comme toi je pense. Je me suis retrouvée ici par accident. J’essaie de survivre mais seule, ce n’est pas facile.
-Pourtant, tu es très habile avec une arme.
J’avais rangé mon épée magique. Elle me fixa en levant un sourcil, un rideau de cheveux dorés couvrant une partie de son visage.
-Tu trouves ? Pourtant, j’ai failli y laisser ma peau.
Je me rappelai de sa blessure. Je réfléchis quelques secondes. Moi aussi, je trouvais ça dur.
-Ecoute. Si on explorait les pièces ensemble, on serait plus fortes. Je crois que le pire est à venir, et pourtant, j’ai des connaissances magiques et je sais manier l’épée et les couteaux. Emérence, la femme du Château, m’a donné des outils. Je peux te soigner, tu es meilleure que moi avec des armes, tu m’as sauvé la vie et… (J’ai hésité) Tu as l’air plutôt sympa. D’ailleurs, tu peux m’appeler Etincelle.
-Ah, toi aussi tu as reçu un prénom bizarre ?
Et, pour la première fois depuis de longues semaines, une jeune fille m’illumina d’un magnifique sourire.
Autrice : Etincelle de Feu, sous le pseudo « Etincelle de Feu »