Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ MON AVENTURE A COMMENCÉ
LA PIÈCE OÙ MON AVENTURE A COMMENCÉ

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LA PIÈCE OÙ MON AVENTURE A COMMENCÉ

Miss Lovegood as Miss Lovegood (aventurière Eureya)

La femme hurlait de toutes ses forces. Son mari, assis à côté d’elle, la soutenait tant qu’il pouvait. Enfin, après une demi-heure de souffrance, émergea une petite fille un peu potelée qui pleurait à chaudes larmes. Katarina -c’était ainsi que se prénommait sa mère- la prit dans ses bras et la serra fort contre elle, en répétant : «Oh, ma petite Eureya… comme nous avons eu de la chance ! Une fille… pas besoin d’utiliser le couteau…»

***

Je me prénomme Eureya et je suis née il y a plus de douze ans, il me semble. Je vis avec mes parents Katarina et Thomas, ainsi que mon compagnon Tom dans une grande ferme, composée de trois parties : les champs cultivés, serres et potagers, les abris des animaux et notre maison. Je me lève chaque matin lorsque le coq chante, puis je récolte les tomates, sème ensuite des grains de maïs, puis épluche les tomates, et enfin prends mon repas matinal. Après cette courte pause, je trais les vaches, puis brosse les poneys, étends le linge sale, épluche et coupe en morceaux les carottes et les concombres, puis mange mon repas du soir et vais me coucher. 
Ainsi se déroule ma vie. Ce programme est le même depuis maintenant dix ans, et sera le même jusqu’à mes cinquante ans, âge auquel il sera temps de s’éteindre. Avant cela, lors de mes trente-sept ans, j’aurai eu deux enfants -une fille et un garçon- avec Tom. Si jamais un second bébé du même sexe que le premier voit le jour, je serais contrainte d’utiliser le couteau et d’éteindre sa courte vie. 
Mes deux enfants se reproduiront entre eux, et auront deux enfants à leur tour. Leur vie sera exactement la même que la mienne, et que celle de mes parents, de mes arrières-grands-parents et que celle de tous ceux qui m’ont précédé. 
Il y a une chose dont je ne vous ai pas encore parlé. Au fond de notre jardin se trouve une porte bleue. Elle a toujours existé et existera toujours parait-il. Mes parents ont maintes fois tenté de la démolir, mais il est, hélas, impossible de lui faire le moindre mal. Nous n’avons bien entendu pas le droit d’ouvrir -ou même entrouvrir- cette porte. Mon compagnon n’a jamais eu de soucis pour se plier à cette règle ; car cette porte -et surtout ce qu’il se trouve derrière- ne l’intéresse guère. Quant à moi… parfois, je me demande si le véritable sens de ma vie ne se trouve pas derrière cette porte ; si je ne ferais pas mieux de découvrir ce qu’elle contient plutôt que d’éplucher des pommes de terre. Mes parents nomment cela de la curiosité, et disent que c’est le pire ennemi qu’il puisse exister. Je dois beaucoup m’en méfier, parait-il. 

***

Hier, mes parents se sont éteints. Tous les deux en même temps. Ils ont vécu exactement cinquante ans, et sont très heureux de voir leur vie s’achever ainsi. Bien sur, ils nous ont donné nombre de consignes avant leur départ. Désormais, c’est à Tom et moi de s’occuper de la ferme, et notre travail va ainsi être doublé.
 
***

Il s’est passé un évènement extrêmement grave hier. Pour la première fois depuis des milliers d’années, quelque chose d’imprévu est survenu. Tom s’est éteint. Je me suis levée comme tous les jours, et je l’ai vu allongé sur son lit. Il était complètement immobile, aucun souffle d’air ne traversait ses lèvres. J’ai essayé de le ranimer, en vain. Il s’est éteint. Mes parents ont connu le même sort la semaine dernière ; et je me retrouve donc seule. Je n’aurai donc pas de descendance. Cela me condamne alors à passer le restant de ma vie avec pour seul compagnon les animaux de la ferme. La journée d’hier fut horrible et ennuyante. Ma décision est prise : je ne peux pas passer ma vie seule. Autant m’éteindre dès maintenant. 
Et si… et si je découvrais ce que contient la porte bleue ? Au fond, plus rien ne me retient désormais, et personne ne pourra m’empêcher d’ouvrir cette fameuse porte. Durant toute la matinée, j’ai rassemblé mes affaires et ai préparé un sac contenant des provisions. Un sentiment nouveau m’habite, une sorte d’impatience et de curiosité mêlées à de la peur. 
Je fais mes adieux aux animaux de la ferme, et entrouvre la porte bleue… 

Que me réserve cette nouvelle vie ? 

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