Les Chroniqueurs du Château as Les Chroniqueurs du Château
Passage 9 : Violette
Je n’ai pas compris grand chose depuis que j’ai pénétré dans ce cachot, mais ça, au mois, j’ai vite saisi : il fallait que je cours si je voulais sauver ma vie. J’ai peut-être plusieurs milliers d’années, je n’ai pas perdu ma forme olympique et j’ai vite distancé la Créature. Ce n’était pourtant pas le cas de tous, et j’essayais de rattraper au passage les quelques uns qui trébuchaient, veillant à ne laisser personne derrière.
Mais dès que nous avons pénétré dans la nouvelle pièce, nous retrouvâmes notre optimiste.
Cette pièce était immense, et parfaite d’un point de vue stratégique ! Je ne sais pas si tous les explorateurs saisirent ce dernier aspect, mais tout le monde fut impressionné par ce lieu. Les murs, le sol, le plafond, tout était écarlate. Les mots d’Émerence me revinrent en mémoire : « La porte rouge de sang des morts… » Un rictus de dégoût me tordit la bouche. Mais je ne perdis pas de temps à me préoccuper de la couleur de la pièce et me précipitai pour aider les explorateurs qui avaient déjà entrepris de refermer l’énorme porte au nez de la Créature. À côté, Émerence criait des ordres fermes dans toutes les directions.
Passage 10 : Ewilan
J’avais peur. Pour la première fois, j’avais peur. L’exploration du Château n’était plus un jeu. C’était une guerre. Au fond de moi, je voulais fuir par la porte qu’Émerence avait désignée. Mais il était trop tard. Trop tard pour revenir en arrière. Je devais combattre. Me fier à mon destin.
Des cris fusèrent. La Créature, comme ils l’appelaient, venait de repousser la lourde porte sanglante.
Émerence cria un ordre. Les aventuriers se mirent en formation de combat. Les guerriers devant, et les magiciens derrière. Je ne savais pas où me mettre. Si je voulais me battre, il me faudrait de l’espace. Je courus souplement devant la porte, pour pouvoir frapper, au moins une fois, la Créature librement, sans crainte de blesser mes compagnons d’infortune.
La Dame du Château ordonna aux explorateurs qui luttaient contre la force inhumaine de notre ennemie, d’ouvrir la lourde porte sanglante à son signal.
Un sifflement strident résonna dans la pièce immense. Le signal.
La porte s’ouvrit.
La Créature se tenait là, devant moi. Plus une seconde à perdre.
Place à l’action.
Prenant de l’élan, je virevoltais au-dessus de la Créature, pour atterrir derrière elle. Je mis à profit les quelques secondes qu’elle m’accorda, ne comprenant pas mon stratagème.
Fléchissant ma jambe droite, et prenant appui sur ma jambe gauche, je m’envolai dans les airs. Pour lancer ma jambe sur la Créature, et la propulser vers l’armée insolite qui l’attendait de pied ferme.
Passage 11 : lolo
J’étais électrisée par l’idée du combat. Et je n’étais pas seule, l’atmosphère faisait littéralement des éclairs. Soudain, dans un tourbillon, la porte s’ouvrit et je vis un aventurier bondir sur la Créature. Il atteint sa cible, violemment, et nous nous tendîmes, prêts à nous jeter sur le monstre. Mais… ça ne se passa pas comme prévu. Le choc n’eut pas lieu. Au contraire, l’aventurier s’enfonça jusqu’au genou dans le corps gluant de la Créature! Il y eut un instant de stupéfaction générale, puis il poussa un cri de pure terreur. Ce fut le déclencheur. L’orage éclata, nous nous jetâmes tous en avant en hurlant de rage, des épées et couteaux brillèrent, et chacun se mit à attaquer la Créature. J’attrapai un bras de l’aventurier et le tirai en arrière de toutes mes forces, ses ongles plantés dans ma peau. D’autres vinrent m’aider, et je le sentis qui se dégageai avec un bruit de succion. Mais la Créature poussa un sifflement strident et fonça aveuglément dans la pièce.
Passage 12: Calliope
Je frappe, presque au hasard, aveuglée par la masse d’aventuriers qui s’élance sur la Créature. Elle rue comme un beau diable, se débattant avec une telle violence que régulièrement, des explorateurs sont projetés aux quatre coins de la pièce. Emérence, l’instigatrice de ce rassemblement, à ma droite, paraît dépassée : comment venir à bout de cette Créature gélatineuse que nos coups n’atteignent pas ?
Notre ennemi commun, soudain, se tourne vers l’endroit où je me tiens. A côté de moi, un garçon tente de lui asséner un violent coup d’épée. La lame, à son grand désarroi, rebondit contre la chair visqueuse de la Créature et revient vers notre groupe. Placée à ses côtés, je sens l’épée me frôler de près. De très près.
– Si vous commencez à vous échanger des coups entre alliés…
Je ne prête pas attention à la remarque sarcastique de mon compagnon et tente, à mon tour, d’envoyer une frappe brusque au flanc de la Créature. Je ne sais si c’est en raison de la texture gluante de sa peau ou de ma force phénoménale et involontaire, mais je sens mon bras pénétrer profondément dans sa chair. Je ne parviens pas à retenir une mimique de dégoût et de terreur : je suis coincée !
Le garçon d’avant et une jeune femme tente de me tirer en arrière. Soudain, attirés par une brusque clameur, nous levons tous les yeux.
Deux « armées » viennent de franchir les portes de la salle. Deux armées qui provoquent des sentiments contraires dans nos rangs.
La première, du soulagement. C’est la jeune fille d’avant, Garette si je me souviens bien, qui revient de la pièce des Captifs. Je veux pousser un hurlement de joie… Qui s’étouffe avant de franchir mes lèvres.
La seconde armée… Je sens, près de moi, le regard d’Emérence s’emplir de haine. Elle souffle : « Le Château… »
[
PARTIE TROIS : LE CHATEAU]
[PHASE A]
Passage 13 : Ailes d’ange (Aile 2)
« Le Château … »
Ce murmure qui se propage entre nous me glace le sang.
Je me retourne. Je devine un mouvement de recul d’un côté, tandis que l’autre avance. Opposition de nos nouveaux alliés à nos ennemis.
Un sifflement gras et glauque nous fait sursauter. Dans un bouillonnement visqueux, la Créature se tortille et s’enfonce dans le sol. Il ne reste d’elle, quelques secondes après, que d’éparses flaques visqueuses au sol. Une clameur de joie secoue notre regroupement.
Emérence n’y prend pas part. Elle fixe avec haine l’armée du Château. Il est arrivé. Je le sens aussi. La chaire de poule me saisit.
Un vide entre nos deux troupes. Un no man’s land.
Une silhouette sort de leurs rangs, un drapeau blanc dans les mains.
Il nous faut un émissaire, à nous aussi.
Une ondulation secoue la foule. Je trébuche.
Et me retrouve au premier rang.
Je fais un pas de trop vers l’avant.
Il y a comme un soulagement derrière moi. Je sens l’Ombre se glacer contre ma peau, figée par la peur. Je ne mène pas large non plus. L’émissaire ennemi me fait signe d’avancer. Nous nous faisons face à mi-chemin entre les deux camps.
Ses traits me paraissent plus distincts.
« Rendez-vous. »
Ce n’est pas une question, mais un ordre.
La voix d’Emérence perce le silence.
« Aden ! »
Passage 14 : Shvimwa
« Aden ! »
Ce qui cri d’espoir, d’amour, de tristesse, de regret…m’avait transpercée. C’était un cri immense, impressionnant, suppliant, aussi. Ce cri de détresse et de mélancolie, de lassitude était pour moi atroce. C’était tout l’amour d’une mère pour son fils, et ça faisait mal.
« Tu n’es pas ma mère, Emérence. Tu m’as engendré, tu as fait de moi un être vivant mais je ne te dois rien. Tu nous as abandonné. »
Cette froideur glaciale mit Emérence mal à l’aise. Elle aimait son fils et il la dédaignait !
« Mais qu’a donc fait le château ? Toi qui était bon et non cruel, toi qui était aimant et non glacial… »
C’était la détresse de la mère qui perçait dans sa voix, et quelque chose en Aden en fut secoué. Il lui restait du cœur et il fut transpercé, il lui restait une âme et il tremblât, sa conscience se réveilla, son cœur trop longtemps de glace semblât touché…en vain. Il tournât le dos à sa mère éplorée, cette femme d’ordinaire si forte, aujourd’hui si faible et fragile…Aden, sans se retourner, chuchota à l’oreille d’un homme en noir dont la silhouette me semblait familière et s’installa dans sa loge.
« A l’attaque ! »
Cris de guerre, bruit d’épée, râle du mourant, tout se précipita. Emérence se releva et reprit son poste. Quand les mots ne traversent pas les Hommes, se sont les épées, les flèches et les canons qui les transpercent.
Mettant Plitza à l’abri, je me jetais corps et âme dans la bataille…
[PHASE B]
Partie 15 : Louvelo
Le Château combattait comme la première fois, mais son style s’était nettement amélioré. Il se métamorphosait sans cesse, invoquait divers monstres et soldats meurtriers, tandis qu’en même temps, l’armée d’Aden nous attaquait. Il était moins périodique, moins régulier. Il nous était impossible de trouver un ordre précis, comme auparavant. C’était le chaos.
Nos efforts pour le combattre semblaient vains. Nous nous rendions compte de l’absurdité de la chose, de l’inconscience de nos gestes : nous étions une poignée d’explorateurs perdus dans ce tourbillon infernal de violence, dans le bruit assourdissant que faisaient les épées en se fracassant l’une contre l’autre et les grognements et cris des blessés, puis le choc sourd de leurs corps heurtant le sol. Alden s’était réfugié derrière un pilier de pierre, ou il s’était assis, tremblant, regardant se dérouler la bataille. Il n’avait pour se défendre qu’une dague abimée, et le faire combattre l’aurait tué, sans trop de doutes.
Emérence combattait au milieu de nous tous, sa robe tournoyant autour d’elle, illuminée par les flammes azur qui naissaient de ses paumes et se projetaient en un rayon brulant contre les armures des soldats ennemis, qui fondaient presque aussitôt. Elle était notre chef, notre reine, la seule raison pourquoi nous n’avions pas déjà succombé sous les lames adverses. Certes, notre combat semblait futile. Mais elle me donnait l’espoir que nous allions gagner.
Je saignais. Le liquide poisseux imbibait mes vêtements, collait le tissu à ma peau. J’avais troqué ma dague contre une épée qu’un soldat ennemi avait fait tomber, et je faisais tournoyer la lame au-dessus de ma tête, visant les points faible de l’armure des soldats ennemis ; le coude, les genoux, le cou, de minces fentes où j’introduisais mon épée, transperçant la chair.
Le sang me battait aux tempes ; l’adrénaline courait dans mes veines, insufflait de l’oxygène dans mes poumons, me donnant la force de continuer. Il fallait que je tienne. J’avais tellement de choses à accomplir. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point je tenais à la vie. Chaque souffle me semblait maintenant une chance, un don. Chaque battement de mon cœur me faisait redoubler d’efforts. Je devais survivre ce combat.
Partie 16 : Arrietty
Tout, autour de moi, n’était plus que chaos. Une cacophonie de râles, de cris et d’armes entrechoqués. J’avais perdue Gloom dans cet entremêlé de sang et d’hommes, je ne voyais nulle part personne connue, j’étais seule et sans arme, dans une salle gigantesque, remplie à en exploser, résonnant d’un fracas terrifiant, au côté, j’imagine, d’une armée de bric et de broc, tous alliés, quelques uns un peu maladroitement, contre un monstre phénoménal, guidés par une femme au visage fermé et déterminé. Prête à tout. Et dans ma tête, c’était pire. Bien pire.
Au milieu de mes questions, de ma peur, de ma surprise, au milieu de ma lassitude, de mon envie de retrouver Gloom, de mon désir de mourir, de pleurer, de me rouler en boule, se réveillait avec un sourire carnassier, cette force obscure qui me pousse à tuer, cette passion morbide pour le sang que j’avais lentement et avec dégoût apprivoisé lors des Guerres Orientales sur les plaines nues de Shan’r. Et brusquement, je ne fus plus qu’elle. Qu’un désir élancé comme une lame. Je virevoltais dans la pièce, évitant les puissances ennemies, me saisis d’un poignard rougi baignant dans une flaque rouge et me lançais à l’attaque. J’étais feu follet, j’étais invincible. Le monde m’appartenait.
Je me jetai sur un soldat pour lui planter la lame dans les côtes avant de sauter en l’air pour en surprendre un autre. Mes yeux tombèrent alors sur un corps inanimé, allongé sur le sol. Une jeune fille aux cheveux sombres, une épée abandonnée à son côté, une flèche fichée dans le buste, agonisait. Une autre lui serait la main, ses yeux vairons fixant avec horreur la blessure saignante avant qu’un coup d’épée traître, asséné par derrière, lui traverse le corps de part en part, la laissant sans vie, abandonnée sur le cadavre de son amie. Un voile rouge me tomba sur les yeux, et envahie par une envie de sang, je me ruais vers le soldat ricanant responsable d’une telle lâcheté.
Partie 17 : Ewen
Autour de moi, tout le monde hurlait, courait, frappait. Les corps inertes des nombreuses victimes de la bataille, autant de notre côté que de le leur, commençaient à s’entasser sur le sol de la pièce, et le combat semblait se décaler vers le mûr Sud. Je me battais avec mon couteau, et chaque ennemi qui m’assaillait le regrettait assez rapidement. J’avais déjà tué huit ennemis et une drôle de sensation, qui s’immisce à l’intérieur de votre cœur sans que l’on comprenne pourquoi, sans que l’on puisse la chasser, me tenaillait. J’étais en train de me salir les mains, je devenais un tueur, un criminel, un assassin, même si cela restait pour la bonne cause. Pourrais-je me le pardonner ? Il le faudrait. Car si ce n’est pas moi qui tue, c’est mes ennemis qui le font.
Après plus de 30 minutes de combat acharné, nos troupes semblaient enfin prendre l’ascendant sur le Château.
Partie 18 : Ourite
Un nouvel adversaire fit face à moi. Encore un… Tuer pour ne pas être tué, ôter la vie d’un autre pour garder la sienne…
Il me regarda dans les yeux. J’y vis une lueur cruelle et impitoyable, et je compris qu’il ne reculerait devant rien. Pas même devant la mort.
Il tenait une longue dague à la main, à la garde recouverte de cuir, sans doute pour une meilleure maniabilité.
Un fouet et plusieurs poignards affutés pendaient à sa ceinture, un bouclier le protégeait des attaques et un heaume de métal recouvrait sa tête. Et moi… je n’avais qu’un couteau.
Il commença à me tourner autour, en cherchant une faille dans ma garde. Qu’il ne tarda pas à trouver, d’ailleurs. Il tenta une attaque. Il ne prit même pas la précaution de prendre son fouet ou de feinter, il frappa immédiatement. Je ne parai son attaque qu’avec difficultés, au dernier moment. Il grogna quelque chose dans son heaume, qui déforma sa voix, et repartit derechef à la charge. Toute sa puissance fut concentrée dans son deuxième coup, et, lorsque sa dague frappa mon avant-bras, je ne pus résister. Ma main lâcha prise, le couteau s’envola en tourbillonnant, entraîné par la vitesse, et disparut de ma vue. Je laissai échapper un gémissement. Mon bras me faisait atrocement souffrir et j’avais perdu mon arme. Mon unique chance d’espérer pouvoir sortir vivant de cet affrontement. Il allait me frapper à nouveau, sans doute pour la dernière fois, et je ne verrais pas l’issue de cette bataille. Je ne voulais pas mourir !
Il prit le fouet accroché à sa ceinture. De petites griffes de métal pendaient au bout des lanières de cuir, pour mieux faire souffrir la victime. Pour me faire souffrir… Il leva le bras droit.
Il s’apprêtait à abattre le fouet sur mon bras lorsqu’un rugissement inhumain retentit. Sans doute l’invention d’un magicien ennemi, pour nous déconcentrer, car un des nôtres ne prendrait pas un tel risque. Je tournais quand même la tête pour voir de quoi il s’agissait, et là, je restai muet de stupeur. Mon adversaire aussi, d’ailleurs, s’était retourné, et regardait un homme. Car c’était bien un homme qui avait poussé ce cri déchirant. Tous les combats avaient cessé, tous regardaient dans cette direction.
Le temps semblait s’être suspendu. Il me tournait le dos, et je ne pouvais pas deviner ses traits. Comme je ne reconnaissais pas son armure, j’en déduisis qu’il ne faisait pas partie de nos troupes. Son armure de cuir renforcée de métal était déchirée en plusieurs endroits, mais il ne semblait pas avoir de blessures douloureuses au point de pousser un tel cri. Soudain, il se retourna. Je frémis en réalisant qu’il me regardait. Tout d’abord, je ne compris pas pourquoi. Et puis… je le reconnus. C’était le Château ! Et, dans son œil, un poignard de métal était enfoncé jusqu’à la garde. Il s’était fait crever l’œil ! Du sang vermillon coulait abondement de la plaie. Des cris de joie s’élevèrent de notre camp. S’il ne voyait plus d’un œil, ses coups seraient moins puissants, et surtout moins précis, et cela nous donnait de grandes chances de remporter la bataille !
Mais. Il y avait un mais. Comment ce poignard s’était-il retrouvé dans l’œil du Château ? Qui aurait pu le toucher ? Personne n’était assez habile au lancer de poignard pour atteindre une telle cible.
Le poignard roula par terre avec un tintement métallique. Le Château l’avait arraché d’un geste brusque, rageur. Il me regardait toujours. Je fuis son regard, qui me mettait mal à l’aise et reportait mes yeux sur la lame métallique qui avait roulé sur le sol. Cette forme m’était familière… Je regardais de plus près le poignard, et là, j’en eu le souffle coupé. C’était mon couteau ! Il brillait d’une lueur rougeâtre, et la lame brillait de reflets métalliques. Cette lueur ne pouvait provenir d’un seul et unique endroit…
Les pièces d’un engrenage géant se mirent en place dans ma tête. Lorsque mon adversaire, d’ailleurs toujours occupé à dévisager l’orbite sanguinolent du Château, m’avait frappé de sa dague, mon couteau, entrainé par la violence du coup, était parti en l’air. Et, à côté de moi se trouvaient le groupe de magiciens… Un d’entre eux a dû apercevoir l’arme, et utiliser sa magie pour la diriger vers l’œil du Château… d’où la lueur rougeâtre, qui était le signe d’un enchantement. Astucieux. Très astucieux.
Un vent de panique souffla sur les rangs de nos adversaires. Nous reprenions l’avantage !
Les combats reprirent peu à peu, avec l’énergie de la crainte pour nos adversaires, et celle de l’espoir pour nous…
Partie 19 : Leeko
L’espoir… En ces heures sombres, plus personne n’espérait. Pourtant, lorsque le Château a reçu cette dague dans l’œil, l’espoir est revenu. Nous nous battions pour la vie, pour que toujours une lueur d’espoir brille au fond de nous…
Il y a eu un cri.
Un cri de rage, de haine, de douleur…
Un cri de peur.
C’était le Château. Il agonisait.
L’armée d’Aden s’est regroupée autour de lui, comme pour le protéger. Nous avons poussé un cri de victoire, empli d’espoir en nous avançant en leur direction. Il fallait en finir. Vite.
Nos troupes avançaient, tuant, tuées. Le Chateau reculait, la main sur son œil en sang. Autour de lui, ses soldats tombaient comme des mouches. La fin était proche.
Il a poussé un dernier cri ; avant de disparaitre. Ne laissant derrière que quelques traces de son sang.
C’était fini. Il était parti.
Nous aurions pu nous estimer vainqueurs, mais en analysant le désastre qui nous entourait, nous avons vite compris qu’à la guerre il n’y avait ni vainqueur, ni vaincus. Juste des perdants.
Mais nous avions retenu une seule chose de cette bataille. Le Château était mortel. On pouvait le tuer…
Partie 20 : ArtistElsa
Je me tenais debout, dans un coin, affalée contre un pan de mur restant, mon épée pleine de sang pendante dans ma main. Je n’arrivais pas à réaliser ce qui venait de se passer ; j’étais encore sur mes gardes, prête reprendre le combat contre mon adversaire qui avait soudainement disparu quelques minutes auparavant, comme tous ses compagnons. Tout s’était déroulé si vite. Ce que nous venions de vivre semblait être irréel, comme un rêve, ou une énième aventure dans une quelconque pièce. Mais nous avions bel et bien vaincu cette gigantesque armée, et leur chef si puissant. Pour la deuxième fois nous avions triomphé de ce monstre.
Epuisée, je scrutai la pièce – qu’on ne pouvait d’ailleurs plus qualifier de telle à présent, tant la violence de la bataille avait tout ravagé. La catastrophe naturelle la plus destructrice n’aurait, à vrai dire, pu faire plus de ravages. Ça et là, zigzaguant entre les cadavres étalés de toutes parts formant un véritable cimetière, erraient des guerriers tout comme moi sonnés. D’autres aventuriers, plus lucides, se félicitaient les uns les autres, sans un sourire cependant. Enfin, certains penchés au dessus d’un corps inerte, le visage déformé par des pleurs silencieux, étreignaient une dernière fois leurs amis et compagnons.
La gorge nouée, je détournai le regard de ce spectacle. Mes yeux se posèrent alors au centre de l’endroit. Sur le sol, le Château avait laissé, comme un dernier souvenir de lui, une immense flaque grisâtre luisante, dont la texture semblait épaisse et visqueuse, et qui dégageait une odeur acide se mêlant à celle du sang et de la sueur. Une brise venue de nulle part traversa alors le champ de bataille, me faisant reprendre mes esprits. Je fis un effort pour me remettre tant bien que mal sur mes jambes tremblantes, qui peinaient à me soutenir, et je me dirigeai vers le groupe d’explorateurs qui se rassemblaient peu à peu autour d’Emérence.
Partie 21 : Jad de Salicande
Un groupe se formait autour d’Emérence, près de la flaque grisâtre, et déjà elle commençait à parler. Je me hâtais, malgré ma fatigue, et entreprit de l’écouter d’une oreille distraire :
« … fruit de l’union de nos forces ! Il reviendra c’est sûr, mais… »
Mon attention se dirigea vers cette flaque grise. Ce n’était pas normal. Un sentiment d’urgence provenait du fond de moi, et quelque chose d’imminent aller arriver.
– « Excuse-moi, tu me laisses passer ? J’suis un nain, j’te rappelle, et j’aimerais bien voir ce qui se passe de plus près, me dit un nain qui me menaçait de sa hache rouge de sang.
– Oui, oui… b-bien sûr, bégayai-je. »
Il retourna au discours d’Emérence, et moi dans mes pensées. Que disais mon Maître de magie déjà ?
« La téléportation est une formule complexe et qui utilise beaucoup d’énergie. Comme chaque fois que quelqu’un utilise de l’énergie, il y a une perte : de puissance magique chez les humains, par exemple, ou de vitesse pour les elfes. Mais cette perte se base aussi sur l’intention de la personne : si elle veut aller loin, elle laissera une grande trace, si elle veut revenir, aussi. Comme ça elle se téléporte à l’endroit de son premier départ et hop, elle recycle sa « perte ». »
Evidemment. Pourquoi la flaque prenait-elle autant de place ? Et nous qui nous nous étions mis près d’elle…
Il était déjà là, à moins de cinq mètres de nous. Il était trop tard, il commençait à avancer vers nous…
« Rajomall ! ».
La formule pour ralentir le temps. La règle : celui qui lançait la formule était coincé, ne pouvait plus bouger, devenait un spectateur. Seul une personne pouvait agir, une personne de mon choix : je succomberais de fatigue sinon. Une personne seulement pouvait être dans cet espace-temps ralentit.
Je choisis.
Le nain.
Partie 22 : Le petit grand nain
Awitchakaën laissa échapper un juron. Le démon qui habitait ma tête depuis des semaines avait perçu avant moi la venue du Château, et à cet instant je le bénis d’avoir choisi mon esprit comme terrain d’accueil.
« – Ecoute-moi bien et ne parle pas. Le magicien que tu as bousculé agressivement tout à l’heure a…
– Je ne l’ai pas…
Le Démon des rêves me fit taire avec une grossièreté que même un nain ivre aurait trouvée déplacée. Je le laissai continuer, surpris.
– Donc. Il a compris juste avant vous que le Château allait revenir, il a stoppé le temps pour tout le monde sauf pour toi. Toi seul peux bouger à une vitesse normale, les autres -y compris le Château- sont presque immobilisés.
– Presque ? Et pourquoi moi ?
– Presque. Et… L’instinct ? Fais en sorte qu’il ait eu raison de te choisir…
– Et dis-moi, comment tu as su qu’il s’était passé tout ça, toi ?
– Plus tard ! »
Je respirai un coup.
D’abord, agir en guerrier. Je jetai la hachette de lancer que j’avais dans la main vers le visage du Château. Dès qu’elle se sépara de ma main, elle se mit à avancer dans l’air aussi vite que les autres objets alentour ; je changeai tout de suite d’avis. Je repris la hache presque figée dans l’air, j’attrapai le plus d’objets tranchants possible sur le sol et dans les mains des aventuriers, et couru vers le Château. Je lui enfonçai violemment chaque arme dans les parties de sa peau exposées. Je couru prendre la grande hache que j’avais laissée à terre, et revint sur mon ennemi lui abattre un violent coup sur la nuque.
Les événements autour de moi n’étaient pas totalement figés, le Château commençait déjà à réagir à mes coups : je sentais se dessiner un mouvement de recul dans son attitude, bien qu’il ne bougeait qu’imperceptiblement. Les autres aventuriers en étaient à peu près tous seulement à bouger la tête, y compris le magicien (qui lui n’avait pas l’air parti pour bouger tant que son sortilège serait actif).
Je me retournai vers le Château en réfléchissant à un autre moyen de le mettre hors de combat, quand je réalisai que celui-ci avait agi bien plus rapidement que je ne le pensais. Une trentaine de lames étaient en train de traverser l’air à une vitesse qui devait être prodigieuse pour ceux qui étaient encore dans l’espace-temps normal. Le Château les avait déjà tirées quand je lui avais assené les coups, elles n’étaient simplement pas sorties de l’ombre de son grand manteau à ce moment-là… Je calculai rapidement que le temps qu’il franchisse les cinq mètres qui les séparaient des aventuriers, j’avais moins de deux minutes.
« Trouve quelque chose de léger que tu puisses utiliser comme bouclier, » intervint Awitchakaën, « dès que tu le lâcheras il tiendra en l’air, tu ne seras pas obliger de le tenir… »
Je parcouru rapidement la pièce du regard, puis m’autorisai un sourire. Quoi de plus léger qu’un cadavre de gobelin ? Le sol en était recouvert.
J’en soulevais un premier, puis le plaçai à hauteur des projectiles. Dès que je le lâchai, il sembla échapper à la gravité et demeura suspendu à environ un mètre du sol. Je l’avais mis sur la trajectoire d’une demi-douzaine de lames, qui étaient toutes à environ un mètre du corps. Et trois mètres du groupe d’explorateurs encore en tas, qui changeaient encore très lentement de posture. Je réitérai rapidement l’opération avec trois autres cadavres (j’en avais tellement vu depuis le début de mon exploration que je ressentais à peine le moindre dégoût à leur contact), et m’assurai dans les vingt secondes qui me restaient qu’aucune lame n’avait échappé à ma vigilance.
Les couteaux rencontrèrent les uns après les autres les obstacles que je leur avais opposés. Aucun ne passa au travers des corps, qui continuaient à chuter lentement.
« Achève le Château, maintenant », ordonna le Démon des rêves.
Je me mis à réfléchir. Je n’avais rien à ma disposition qui me permettent d’éliminer le Château, s’il restait dans l’état qui était le sien.
S’il restait… Mais bien sûr ! Si le Château se métamorphosait, comme il le faisait souvent pour se défendre contre des ennemis en grand nombre, j’avais peut-être une chance de me débarrasser de lui sans avoir besoin de pouvoirs particuliers…
Il me fallait compter sur les réflexes du Château et sur une bonne dose de chance. Je trouvai rapidement un javelot laissé à terre par un mort, retirai la main qui y était encore accrochée, et me plaçai face au Château, à quelques mètres de lui, juste devant le groupe des explorateurs. Je visai le visage et lançai. L’arme commença à traverser, lentement, la distance qui la séparait de mon adversaire. Je repris la hache que j’avais utilisé pour frapper le Château précédemment, et commençai à patienter.
Le javelot avançait petit à petit dans l’air, et je vis que le Château commençait déjà à réaliser ce qui se passait. Comme je le pensais, plutôt que d’essayer d’esquiver le projectile, il commença tout de suite à se métamorphoser. Ses traits se déformèrent un peu, des protubérances apparurent à différents endroits sur sa peau avant de se transformer en visages, tandis que des plumes se mettaient à pousser partout sur sa peau. Mon ennemi se changeait au ralenti en harpies, ce qui était d’ailleurs la première forme qu’il avait adopté lorsque nous l’avions combattu quelques temps plus tôt avec d’autres explorateurs.
Trois minutes s’écoulèrent encore avant que les harpies ne prennent totalement forme, une supplémentaire avant qu’elles ne se séparent les unes des autres et qu’elles ne commencent à se séparer. Le javelot passait lentement dans le vide laissé par l’envol des créatures.
« Vas-y », m’intima Awitchakaën.
Je repris le javelot et le plantai dans la poitrine de la harpie la plus au centre, avant d’effectuer un moulinet pour briser le crâne d’un autre monstre avec le cadavre de son congénère. Tenant ma hache dans l’autre main, je tranchai d’un grand geste la tête de deux autres des harpies. Je continuai ainsi environ une minute, décimant une trentaine d’ennemis ne pouvant pas du tout se défendre. Les quatre harpies encore en vie commençaient déjà à se métamorphoser à nouveau, prenant cette fois une forme qu’il m’était impossible de tuer : une tornade. Une toute petite tornade, puisque le Château avait perdu la moitié de sa consistance avec la mort des harpies.
D’un seul coup, le temps se remit à avancer normalement. Les derniers gobelins et les dernières harpies que je n’avais pas encore vu toucher le sol le rencontrèrent brutalement. Le magicien tomba à genoux, épuisé. Tous les explorateurs se tournèrent enfin pour de bon vers les restes du Château.
La minuscule tornade se changea une dernière fois, en un guerrier de petite taille ressemblant un peu à la forme initiale du Château, et qui tituba un peu avant de retrouver son équilibre.
Il ouvrit la bouche pour parler quand la Créature défonça un mur sur la droite, percuta trois explorateurs isolés qui moururent sur le coup et écrasa le Château.
Les quelques aventuriers toujours vivants (moins de la moitié de l’effectif initial) se regroupèrent en catastrophe à l’opposé de la Créature. Emérence érigea rapidement un semblant de protection magique autour de nous, et se mit soudain à pleurer. Le Château était mort.
Le Château était mort.
Il n’y avait plus de Château.
La Créature avait gagné.
Toutes les implications nous apparaissaient progressivement : nous n’étions évidemment pas capables, en l’état, d’affronter et de vaincre la Créature. Les sbires du Château ne le suivaient que par crainte de son pouvoir, pour la plupart ; le bâtiment se retrouverait divisé entre les derniers fidèles du Château (comme mon frère, le grand petit nain), tous ceux qui trahiraient le Château (dont beaucoup se regrouperaient sous le commandement de la Créature, qui semblait plus intelligente qu’on ne l’avait d’abord pensé)… Les explorateurs qui auraient survécus, dans d’autres pièces, ne tiendraient pas plus de quelques jours.
La voix d’Un gars s’éleva, tremblante :
– Le bâtiment… Si le Château était vraiment mort, le bâtiment devrait s’effondrer, non ?
Un silence soudain accueillit ses paroles. Il avait raison, évidemment. Le Château n’était pas mort, la Créature n’aurait pas pu le tuer simplement en l’écrasant.
Par contre, elle pouvait très bien le faire maintenant que personne ne l’en empêcherait.
– PROTEGEZ MON MARI ! » hurla Emérence. Je haussai les sourcils. C’était bien la première fois qu’elle l’appelait comme ça.
Un gars se jeta en avant, son épée d’or à la main. L’aventurière pouvant se métamorphoser en louve était déjà sur la Créature, qui ne s’attendait visiblement pas à ce genre de réaction. Quelques explorateurs se tinrent un peu en retrait du combat, mais la plupart se précipitèrent sur la bête, qui était déjà débordée. L’énorme loup lacérait la peau molle de violents coups de griffes. Plusieurs magiciens jetaient de loin des sortilèges afin d’éblouir, de ralentir, de blesser la Créature. Emérence s’était jetée dans la mêlée et balançait au hasard des boules de feu qui atteignaient généralement leur cible, et que les explorateurs tâchaient d’éviter.
Au moment où j’arrivais à portée des tentacules de notre ennemie, je vis Un gars plonger entre deux des appendices. Il était collé au corps de la Créature, qui ne s’était pas encore rendu compte de sa présence.
Un gars se dressa d’un seul coup et enfonça son épée d’or dans un interstice entre deux tentacules. Il la retira, la replanta ailleurs. Fit un grand geste. La masse gélatineuse du corps de la Créature s’ouvrit d’une plaie béante, et un liquide visqueux commença à s’en échapper.
– Fuyez ! cria quelqu’un.
– Emérence ! fis-je. Le Château !
Elle se retourna vers le petit corps inanimé qui gisait à quelques mètres de la Créature, mutilé par le choc que lui avait infligé celle-ci. Elle s’en approcha, et sans un regard pour son mari, elle le jeta sur son épaule.
– Partez, dispersez-vous ! fit-elle à la foule des aventuriers. La Créature est loin d’être morte, et le Château ne la combattra pas pour nous…
Chaque groupe d’aventurier prit une direction différente, partant par les multiples portes ouvertes dans la pièce et dans les brèches causées par l’affrontement. Je suivis Emérence, Un gars, et un petit humain masqué qui semblait décidé à ne pas rester seul, à travers un trou dans le mur qui avait étrangement la forme d’un homme, et dont les contours étaient recouverts de taches de sang.
Au moment où je franchissais le mur, Un gars regarda derrière moi et eut un regard terrifié. Instinctivement, je me jetai sur le côté, tandis que mon ami se précipitait à la suite de la magicienne. Le petit homme se fit happer par un tentacule, et le craquement brutal de ses os étouffa son cri avant même qu’il ne l’aie poussé.
La Créature se tourna vers nous, mais n’eut pas le temps de lancer vers nous ses tentacules, cette fois. Jad, le magicien, qui s’était relevé, lança un sortilège offensif en direction du sol, près de notre ennemie. La bête tourna vers lui la petite excroissance qui lui tenait lieu de visage, et leva plusieurs de ses tentacules vers lui.
A ce moment-là, Louvelo, sous sa forme animale, se jeta sur la Créature. Le poids de l’énorme louve et celui de la Créature, le sol fragilisé par l’attaque de Jad… Alors que tous les tentacules s’accrochaient au corps de Louvelo, Emérence s’arrêta de courir. Sa boule de feu ne toucha pas la Créature, mais le sol autour d’elle. L’épaisseur qui nous séparait de l’étage d’en dessous se brisa, et Louvelo et la Créature commencèrent à chuter. Les tentacules raclèrent le sol autour d’elles, mais ne purent se raccrocher à rien de solide.
L’impact de la Créature sur le sol la déstabilisa suffisamment pour permettre à Louvelo de se libérer. Celle-ci bondit hors de la pièce et passa hors de portée de notre regard, nous qui l’observions de la pièce du dessus. La masse gluante qui se débattait pour retrouver son équilibre poussa un hurlement rauque en voyant le dernier aventurier qu’elle aurait pu tuer lui échapper.
Nous fîmes revenir autant d’aventuriers que nous le pouvions, même si certains étaient partis trop loin pour que nous les retrouvâmes. Tous les magiciens présents s’employèrent à refermer la brèche en utilisant tous les matériaux qui étaient à leur porter et en les soudant à l’aide de leur magie. En quelques minutes, l’interstice par lequel nous voyions la Créature devint large d’à peine quelques centimètres. Quand Etincelle de Feu referma définitivement le trou, le monstre s’arrêta d’un seul coup de crier.
Avant de nous réjouir d’avoir enfin vaincu la Créature, Emérence demanda de faire l’inventaire de nos pertes humaines. Quelques noms commencèrent à fuser, quand une voix retentit dans nos têtes.
« Jad… Où est Jad ? »
-Qui a parlé ? demanda Calliope.
-L’Ombre, répondit Analayann. Une de mes deux compagnons de voyage, avec Jad, qui a disparu alors qu’il était encore avec nous au moment de la chute de la Créature.
Un gars les regarda. Me regarda. Sortit son épée, se précipita à l’endroit où la Créature était tombée et tailla une nouvelle ouverture dans le sol.
Le cercle des explorateurs se déplaça autour de l’orifice. La Créature était partie, laissant de grandes traces d’un sang visqueux et verdâtre. Seulement, autour, il y avait aussi du sang humain. Et, surtout, le bâton de mage qu’avait toujours arboré Jad de Salicande depuis que je le connaissais.
Quelque part en bas, un hurlement animal retentit. Louvelo était encore en bas, elle aussi.
Je ne réfléchis pas plus longtemps. Je pris mon élan et sautai, sans regarder qui me suivait.