Enfant des mers as Enfant des mers
… puis les rouvris. Nous nous trouvions toujours sur la même plateforme. Une ouverture dans le plafond lui avait permis de passer sans encombre. La pièce dans laquelle nous étions ressemblait vaguement à une grotte. Ses parois semblaient n’avoir jamais vu de main humaine, mais étaient assez espacés pour faire passer trois bœufs côte à côte. Elles étaient faites d’une roche grise et rugueuse, irrégulière. Quelques os jonchaient le sol ça et là et l’on pouvait apercevoir des pelotes de poils qui trainaient, semblant attendre qu’on les ramasse. Nos pas résonnaient dans la caverne et nous entendions l’écho lointain des cliquetis de l’eau. Miri et moi jetions fréquemment des coups d’œil en arrière, de peur que quelqu’un nous ais suivi. La caverne paraissait s’étendre à l’infini, tant elle était sombre. Nous nous prenions les pieds dans les os qui se brisaient en un bruit déchirant (et très désagréable). À un moment, je crus apercevoir un crâne, mais je ne suis pas sûre. Les murs étaient recouverts de peinture et de dessins primitifs, une grotte de Neandertal dans un château. Miri ouvrait grand les yeux à côté de moi. Elle devait être surprise. Mais je savais qu’elle apprendra vite. Il le faudra, si elle veut survivre dans ce château.
Soudain, des crissements retentirent. Le son se répercuta et se répéta à l’infini. Un bruit de succion épouvantable qui faisait gémir mes oreilles, suivi d’un hurlement de rage à peine contenu et de la friction de deux surfaces l’une contre l’autre. Je jetais un coup d’œil à Miri. Elle s’était arrêtée et tremblait de la tête aux pieds.
–Miri. Viens.
Elle me jet un regard perdu.
–Miri ! On doit partit. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est gros. Et c’est après nous. Il faut courir. Maintenant.
Elle sortit enfin de sa transe, et je vis l’instant même où elle prit conscience de la réalité. Ces yeux s’agrandirent, elle serra les lèvres, se redressa, et plia légèrement les genoux dans une attitude particulièrement défensive. Enfin, elle bondit et s’élança. Elle a toujours été une excellente sprinteuse. C’est une qualité qui la sauverait sûrement.
Nous courûmes. Longtemps. Nous tournions dans ce dédale improbable, ne nous arrêtant jamais. Nous n’avions pas le temps, la Créature se rapprochait. Elle était beaucoup trop proche à mon gout, à présent. Quelques mètres de plus, et nous pourrions sortir. Il y avait une porte pas loin. Je le sentais. Plus que quelques mètres… Un cliquetis. Plus que sept… Cours, Miri, cours ! J’accélérai. Je la voyais, maintenant. Elle était là, à moins de cinq mètres… Cinq mètres trop loin. Un tentacule visqueuse m’attrapa et me fis faire un vol plané. Je saisis le bâton accroché à ma ceinture et il s’élargit aussitôt, formant mon épée double. Je l’attrapai à deux mains, et la brandit au-dessus de ma tête, pr6ete à sectionner le tentacule qui m’avait faite prisonnière, quand j’aperçus un visage. Mon mouvement se stoppa net, tellement je fus saisie d’effroi. Son expression était figée dans un dernier hurlement de douleur, le cri ultime. Et son corps… Son corps avait été déchiqueté, membre par membre. Cette Créature l’avait avalé. Je voyais ses entrailles, les restes de corps humain ou inhumains de tous ses repas. C’était morbide. Je réprimai mon envie de vomir, et réagis. Je ne voulais pas finir comme ces pauvres malheureux. Mon épée effectua un arc de cercle autour de moi et atteignit sa cible. Je chutais mais je me rétablis assez vite. La Créature ne semblait pas avoir attaqué Miri qui avait la main sur la poignée de la porte. Elle me vit arriver en courant et se glissa dans son entrebâillement.