Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE CAFÉ OÙ JE MIS LES CHOSES AU CLAIR AVEC MOI-MÊME ET MIRI
LE CAFÉ OÙ JE MIS LES CHOSES AU CLAIR AVEC MOI-MÊME ET MIRI

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LE CAFÉ OÙ JE MIS LES CHOSES AU CLAIR AVEC MOI-MÊME ET MIRI

Enfant des mers as Enfant des mers

La première chose que je vis fut la terrasse d’un café. Quelques personnes y étaient assises et buvaient tranquillement des tasses de cafés ou de chocolats chaud avec du pain, des biscuits secs, ou même des crêpes. Je ne vis pas de deuxième chose, car je jetai un regard furtif avec ma sœur. Et là, son visage me transmettait un message clair et net, aussi, je la menais directement à une table libre, et appelait un serveur. Il ne mit pas cinq secondes à arriver.
–Bonjour, mesdemoiselles. Voici notre carte. Désirez-vous boire quelque chose en particulier ?
–Deux chocolats chauds, s’il vous plait.
Un hochement de tête, et il disparut.

Ma sœur avait le regard perdu, hagard. Elle semblait… broken. Détruite de l’intérieur, telle une fleur de lys dont on aurait arraché les pétales une à une. Je ne sais pas comment je n’avais pas pu le remarquer, mais ses yeux étaient éteints, brisés. Gris. J’étais sûrement trop ébranlée par l’annonce de la mort de mes parents et de mes sœurs et frères. Je pris sa main dans la mienne, et caressais doucement sa paume, comme le faisait notre mère autrefois. Ma mère… Repenser à elle, à son amour presque impossible, à l’adoration qu’elle éprouvait envers ses enfants, sa douceur, aux moments où, petite, elle m’embrassait sur le front quand j’étais malade, ses yeux couleur eau, variant toujours entre bleu, vert et gris, et clairs, presque transparents… Même les crises de colère qu’elle piquait et son autorité sans faille me faisaient souffrir. Et Père, avec ses airs de gladiateurs sans peur, qui était toujours aux petits soins avec ma mère, l’appelant Elentyia, ou Orianan, des noms qui, tels un rayon de soleil, illuminait le visage de notre mère ; Père qui nous a toujours aimé à sa façon. Un père qui m’a appris à me à me cacher et à me battre, à me défendre. Ce père qui m’a appris la chasse, le tir à l’arc, la fauconnerie, celui qui m’a montré comment positionner ses doigts sur une corde, délicatement, comment replier mon coude afin qu’il ne nous gêne pas, puis relâcher la tension juste au bon moment.
Et ma sœur, Ellenita, ma petite Lia, ma toute petite. Je pensais te revoir un jour, grandie, heureuse. Je pensais te voir épanouie, je t’imaginais un visage rayonnant, une peau lisse et délicate, comme toi, et des cheveux blonds comme le blé des champs, d’un blond aux multiples nuances. Lia, ma douce Lia… Pourquoi a-t-il fallu que ce soit toi ? Pourquoi es-tu… morte ? Comment a-t-on pu faire cela à une enfant, à un ange ? Comment…
Carl Mag’Hil Ashryver Tu as été appelé traitre, fourbe, menteur. Mais pour moi, tu es mon frère, mon protecteur. Une épaule. Celui qui est là, celui qui me défend, celui sur lequel je peux m’appuyer. Celui qui, tout le temps, me comprend. Celui qui lit mes pensées, celui qui a su avant que je le sache ce que j’allais faire. Tu ne m’en as pas empêché, et maintenant, qu’est-ce que je le regrette… Ô, Carl, mon jumeau, ma moitié. Je ne sais comment imaginer ma vie sans toi. Ce lien qui nous unit, ce peut-il qu’il se soit brisé sans que je ne m’en rende compte ? Ce pourrait-il que, d’un simple coup de ciseau ta ligne de vie est été coupée ?
Il va me falloir du temps pour que je comprenne, que je réalise, qu’ils ne sont plus là. Vraiment plus là. Avant, j’avais fait semblant de les oublier, mais maintenant, maintenant qu’ils sont définitivement partis, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas s’il faut que je pleure ou que je cris. Je ne sais pas si il faut que j’aille au cachot d’Émerence, je ne sais pas si je pourrais, en sachant qu’il pourra tuer d’autres innocents, d’autres familles, d’autres amis. Je ne sais pas… Mais il a déjà tué ceux étaient les plus chers à mon cœur, ceux que j’aimais plus que tout au monde. La seule rescapée, c’est Miri, et je sais qu’il ne pourra plus jamais l’atteindre. Il les a déjà tous massacrés, et leurs morts seront toujours sur ma conscience, mais non.
Non, je ne pourrais pas rester à ne rien faire. Ma décision était prise. Je combattrai le Château. Je le combattrai, à en mourir s’il le faut. Je ne laisserai pas des morts impunies. Je me battrai. De toutes mes forces.
Je souris. Le Château vient de faire une très grosse erreur.

Je fus interrompu dans mes promesses de vengeance par la voix de Miri :
–Sara ?
–Oui ?
–Est-ce que tu as choisis ?
–Euh… Oui, je prendrais une crêpe au sucre, s’il vous plait, dis-je au serveur.
Celui-ci nota ma commande, ainsi que celle de Miri, une tarte au chocolat, puis parti vraisemblablement vers les cuisines. Je gardai le silence quelques secondes. J’avais encore une question à lui poser.
–Miri, est-ce que tu sais… Tout à l’heure, dans la chambre…
Je ne trouvais pas les mots. C’était tout moi.
–Est-ce que tu sais ce qu’il m’est arrivé ?
–Tu veux dire ? Le médecin a du te rafistoler après que tu sois tombée dans un escalier.
Très original. L’excuse à la ***, celle que tout le monde utilise quand il ou elle veut cacher quelque chose. La déception dû se lire sur mon visage, car Miri me demanda s’il y avait un problème.
–C’est juste que je ne me rappelle pas être tombée. Je suis même certaine de ne PAS être tombée, et encore moins dans un escalier, et qu’un vieux médecin pas clair m’a planté une vilaine seringue dans le bras. Il ne t’a vraiment rien dit d’autre ?
Je vis ma sœur réfléchir quelques secondes, mais non. J’étais tombée dans l’escalier. Point final.
Il faudrait que je me fasse une liste mentale de tous les mystères à éclaircir. Alors, 1) Qu’est-ce que l’archer/ malade mental n°1 voulait dire et comment connaissait-il mon nom. 2) Qu’est-ce que le docteur/malade mental n°2 m’a fait ? 3) Est-ce que l’ombre qui me suivait avant le grand rassemblement était réelle ou non ? 4) Qui est le Château ? 4) Comment sortir d’ici ?

Au moment où j’eus finit ma petite liste mentale, le serveur arriva et apporta ma crêpe et la tarte de Miri. Nous nous jetâmes sur la nourriture, et elle fut avalée en moins de cinq minutes. J’examinai les traits de ma petite sœur. Elle allait mieux. C’est fou ce qu’un bon dessert peu faire. En l’espace de cinq minutes, elle avait retrouvé sa vigueur. Et sa curiosité.
–Qu’est-ce qu’on fait ?
–Je ne sais pas, on peut rester ici quelques temps.
–Non, je veux dire, comment on fait pour rentrer chez nous ?
–Rentrer chez nous ? Oh, Miri. Je suis désolée.
Ce regard. Je pensais qu’elle savait. Mais non, elle avait dû passer par le Cathédrhall et arriver directement ici. Cela me tuait de la voir ainsi et je m’en voulais de briser les minces restants d’espoir qu’il lui restait, mais il fallait que je le fasse.
–Nous ne pouvons pas rentrer à la maison. Le château, tu sais, il est vivant. Je ne connais pas tous les détails, mais je sais une chose : il ne nous laissera jamais ressortir. Le château a des entrées, mais personne n’a jamais trouvé de sortie. Il y a des aventuriers qui sont là depuis des millénaires, mais aucun d’eux n’est jamais sorti vivant. Nous ne rentrerons jamais chez nous, Miri.
Elle semblait se rapetisser à vue d’œil. Un peu plus, et elle ressemblerait à Poussière d’Étoile. Ou au PGN.
–Jamais ? murmura-t-elle.
–Jamais.
–Oh.
Elle réfléchit quelques instants, puis :
–Alors que fais-tu ?
–J’essaye de survivre.
–Et… C’est compliqué ?
–Non, ça va. Il suffit d’être discret. Et de ne pas voyager en groupe.
–Et comment tu sais ? Je veux dire, que c’est dangereux d’être beaucoup ?
–Parce qu’il n’y a pas longtemps, je me suis retrouvée dans une Pièce remplie d’aventuriers. Nous étions douze. Et le Château a bien failli nous tuer.
–Le Château ?
–Je ne sais pas grand-chose de lui. C’est une personne qui dirige cet édifice que l’on appelle le château. Et il n’aime pas les aventuriers. Du tout. En fait, il nous hait, mais je ne sais pas pourquoi.
–D’accord. Je comprends. Douze, c’est beaucoup ?
–C’est trop. Habituellement, les aventuriers voyagent par pair, ou par trinômes, mais pas plus.
Et je lui expliquais tout ce que je savais sur le Château et le château. Pas grand-chose, en somme. Que des rumeurs, ou des histoires que m’ont racontées les aventuriers lors du dernier rassemblement. Je lui avouai que ce rassemblement avait sûrement été la cause de l’assassinat de nos parents. Cela lui fit un choc, mais je continuai. Je lui parlais de l’appel d’Emerence, de son histoire et mon souhait d’aller la libérer. Et le fait que je pensais que je ne serais pas la seule. Tous ceux que j’avais rencontrés précédemment iraient, ainsi que d’autres, plus jeunes, moins expériencés, mais tout aussi motivés. Nous nous dirigions tous vers le cachot d’Émerence, car tel était le souhait du château, et que cette petite tourelle, bientôt, marquera un tournant de l’Histoire du château.

–Ça va ?
–Je pense.
–Tu comprends que maintenant que tu sais tout cela, tout sera différent. Le Château cherchera à t’éliminer.
–Oui. Oui, j’ai compris. Mais comment fait-il ? Pour nous tuer, je veux dire ?
–J’espère en toute honnêteté ne jamais savoir la réponse à cette question.
–Ok. D’accord. Et… Le cachot, on le trouve comment ?
Je la regardai, surprise.
–Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?
–Absolument.
–Alors on ne le cherche pas. Et on le trouvera.
–Comme avec les chaussettes ?
–Comme avec les chaussettes.
Elle hocha la tête, fit semblant de réfléchir en se grattant le menton pendant cinq minutes, puis s’exclama :
–Alors ! Qu’est-ce que l’on attend ?
J’éclatai de rire.
–Rien. Absolument rien.
Nous nous levâmes, et c’est ensemble, main dans la main, que nous franchîmes une porte menant je-ne-sais-où, tandis qu’un cri lointain déchirait le silence.

Mystère à résoudre no5: Est-ce que mon faucon saura, un jour, m’obéir ?

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