Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE LA GARE
LA PIÈCE DE LA GARE

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LA PIÈCE DE LA GARE

Miss Lovegood as Miss Lovegood

J’entrai dans une nouvelle pièce, en repensant à tout ce qu’avaient dit Poussière d’étoiles et Om. Nous ne nous connaissions pas beaucoup, à vrai dire, et c’était la première fois que nous parlions de la vie que nous avions avant notre entrée dans ce gigantesque édifice. Je pensais à Om, à son combat contre le Château. Allait-il réussir ? Et comment tout cela se terminera ? Beaucoup de choses restaient mystérieuses, lorsqu’on y réfléchissait. Pourquoi, par exemple, avions-nous été réunis dans cette pièce 500 ? Est-ce du hasard ? Peut-être y avait-il des gens qui nous observaient et qui nous guidaient à travers ce Château. Si ça se trouve, chacune de nos rencontres, chacun de nos choix étaient anticipés et prévus à l’avance. Peut-être étions-nous simplement le fruit d’une expérience. Tout cela demeurait mystérieux, nous n’en savions rien.
Je regardai autour de moi. Le décor de cette nouvelle pièce ressemblait beaucoup à une gare ferroviaire. Il y avait deux quais, quelques bancs où étaient assises plusieurs personnes et une voie de chemin de fer. Personne ne parlait, tous attendaient patiemment l’arrivée d’un train, je pense. Celui-ci ne tarda pas. C’était une ancienne locomotive à vapeur, toute petite et peinte en noir et rouge.
-On monte ? proposa Poussière d’étoiles
-Allons-y, on verra bien où ça nous mène, répondis-je, et puis je n’ai jamais pris le train, j’ai envie d’essayer.
Nous entrâmes donc dans la locomotive. Les sièges étaient minuscules et pas très confortables. Je regardai par la fenêtre. On voyait défiler des champs et des lacs. Au bout d’un moment, je remarquai que c’était toujours les mêmes. Les champs étaient tous identiques et les lacs avaient exactement la même forme. Après réflexion, j’en déduisis qu’il devait sûrement s’agir d’images collées aux vitres pour nous distraire. Je reportai alors mon attention sur Poussière d’étoiles. Elle semblait figée sur son petit siège. Je la questionnai du regard et elle me fit un léger mouvement de tête en direction des passagers assis à côté d’elle. Je les observai, sans comprendre.
-Ils sont complètements immobiles, me chuchota-t-elle, on dirait des statues. Et regarde leurs yeux.
-Mais… c’est impossible, ils… ils n’en ont pas ! m’exclamai-je
Poussière d‘étoiles hocha la tête, l’air épouvanté.
-Il y parfois de drôles de trucs dans le Château, dit-elle
Om s’incrusta dans notre la conversation :
-Eh bien, si vous avez peur de simples créatures comme celle-ci, vous mourrez d’effroi en croisant des Gantropes, par exemple ! Vous n’avez pas vu les pires !
-Nous n’avons pas peur, répliquai-je, c’est juste inhabituel pour nous ! Sont-ils vivants ?
-Ma foi, je ne sais pas trop. Il est impossible de discuter avec eux puisqu’ils sont muets. C’est ça qui est fascinant, justement. Je rêve de trouver un moyen de communiquer avec eux.
Nous ne répondîmes pas. Je regardai de nouveau les fenêtres, en repensant à toutes nos révélations. Je n’arrivai pas à oublier ne serait-ce que quelques instants tout ce que nous avions dit. J’essayai d’imaginer la vie de Poussière d’étoiles, chez les Dissents. Je la voyais courir sur les feuilles des sapins et récolter des graines. J’avais envie d’en discuter encore, mais je n’osais pas en reparler. Je pensai alors à Amélie. Était-elle encore en vie, dans un endroit du Château ? Je me souvins m’être promis de la retrouver et de la délivrer de l’enchantement qu’elle avait signé avec son sang, dans cette pièce nommée « Bonheur. » Mais depuis que poussière d’étoiles était arrivée, j’avais complètement oublié tout ça. En même temps, ma nouvelle amie est plus dynamique, plus sportive, et plus aventurière qu’Amélie. J’espérais que celle avec qui je partageais autrefois un corps disparaîtrait peu à peu de ma mémoire. Rien ne s’était effacé, pourtant. Je sortis alors le miroir que m’avait donné le Père-Noël sur une des tours du Château. Je regardai dedans. J’y voyais l’œil bleu d’Amélie. Peut-être qu’elle possédait ce miroir, elle-aussi, et qu’elle voyait mon œil noir dedans.
La voix de Poussière d’étoiles me tira de mes pensées :
-Esprit ? Tu dors ?
-Non non, je suis là ! répondis-je, je réfléchissais un peu, c’est tout.
-On est arrivés en gare, me dit mon amie, viens !
Nous descendîmes. Il faisait beaucoup plus frais à l’extérieur du train. Je remarquai alors que nous étions sur un balcon. Nous pouvions voir des montagnes, des arbres en très grande quantité et des ruisseaux au dehors. En me penchant, je remarquai que nous étions au deuxième étage du Château. Il y avait également des balcons au-dessus de nous et sur les côtés. Nous étions à peu près au centre de l’édifice, et assez près d’une tour.
Le train redémarra et nous reprîmes place à l’intérieur. (En effet, nous ne pouvions pas rester bêtement sur le balcon. (Et pourtant, c’est ce que firent plusieurs passagers.)
Je m’installai de nouveau près de la fenêtre. Om s’assit à côté de moi et Poussière d’étoiles prit place en face de nous, comme tout à l’heure.
-Dis donc, j’espère que le voyage ne va pas être trop long, car on s’ennuie un peu, ici, avec pour seule compagnie les champs et les lacs, soupira Poussière d’étoiles
Quelques minutes plus tard, une cigogne entre dans le compartiment. Elle jeta quelque chose sur notre table, puis repartit.
-C’est un journal, s’exclama Poussière d’étoiles, il doit venir de la pièce des journalistes !
Om le feuilleta et nous lut un passage à voix haute.
-Tiens donc, cela est intéressant. «Un combat contre le Château. Cher lecteur, ouvre grand tes oreilles. Nous avons appris récemment que nous vivons en vérité dans un immense château, composé de plusieurs centaines de milliers de pièces. Il semblerait qu’un monsieur possède l’édifice entier. Mais apparemment, cet homme est mauvais envers nous et nous veut du mal. Certains groupes se sont donc formés au sein du château, afin de combattre ce monsieur. Nous n’en savons pas plus pour l’instant, mais sache que ta petite vie tranquille risque de bientôt s’arrêter ! En effet, ces personnes désirent s’allier avec le maximum de monde, et il se pourrait que tu deviennes rapidement un des leurs. Nous sommes d’ailleurs d’accord avec leur projet, rien de tel que l’union entre les personnes pour combattre une noble cause ! »
Ces journalistes ont l’air très enthousiasmes, commenta Om, même si certaines de leurs phrases sont un peu idiotes, je trouve.
-Ce n’est pas très grave, qu’ils en parlent est le plus important ! dit Poussière d’étoiles
Le train entra en gare, coupant court à la discussion.
-On est arrivés ! dis-je, regardez, on voit d’autres voyageurs sur les quais.
Nous nous levâmes. Les autres passagers reprirent vie, et commencèrent également à bouger. Nous descendîmes de la locomotive. Il y avait énormément de monde sur les quais, beaucoup plus qu’à l’autre gare. Je vis même quelques personnes vivantes et je leur adressai un petit signe de la main. Quel bonheur de voir enfin des gens avec des yeux ! Nous longeâmes les quais, jusqu’à trouver une porte en bois, qui paraissait ne pas appartenir à ce lieu, comme si elle était là spécialement pour nous.
Poussière d’étoile l’ouvrit, laissa passer Om et moi, puis s’engouffra à son tour, dans une nouvelle pièce.

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