rouge-gorge as rouge-gorge
Sous mes pieds, le Pont-Levis, car tel était, est et sera toujours son nom, tremblait. Je m’avançai encore de quelques pas, et me retrouvai devant la Grand-Porte. Elle ne possédait pas de poignée, mais des dizaines de petites aspérités offraient des prises suffisantes. Je savais déjà ce que je trouverai derrière: le Cathedrall, l’immense hall qui accueillit tant d’êtres en quête d’aventure mais n’en vit repartir aucun.
Je posai la main sur le corail de Chimère. Il était un peu tiède, chose étonnante à cette altitude. Mais après tout, dans le lieu où je m’apprêtai à pénétrer, rien n’était normal.
Je commençai à pousser la porte quand mes yeux se posèrent sur un étrange petit trou sur le mur, fermé par une grille. Il faisait à peu près deux paumes de mains de hauteur et une de largeur. L’intérieur était tapissé d’inox, et trop profond pour que j’en voie le bout. Ce devait être une bouche d’aération, mais je doutais que quiconque ne l’ait explorée, elle était beaucoup trop étroite pour cela. Et puis, quel intérêt, quand l’on se trouve à côté de l’immense, du majestueux Cathedrall?
A présent sûre d’emprunter une voie qui ne l’avait jamais été auparavant, je pris une grande inspiration et amorçait ma transformation. Mon corps se ratatina, mes jambes se firent grêles et noueuses, ma boche et mon nez fusionnèrent. Lorsque cela fut fini, j’étais une petite boule ailée couverte de plume avec une tache orangée sur le poitrail, c’est à dire un rouge-gorge. Je voletai jusqu’à l’entrée de la bouche d’aération, et l’estomac un peu noué, m’engageai dans cette voie camouflée mais non moins glorieuse.