lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste as lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste
Maintenant que j’avais perdu mon compagnon, j’avançais dans les couloirs sombres du château. Il faisait chaud, vraiment très chaud, une chaleur suffocante qui ajoutait au sentiment de malaise que je ressentais. J’étais venue ici pour accompagner le garçon, je souhaitais de toutes mes forces qu’il parte seul à l’aventure…et maintenant que c’était chose faite, je ressentais un sentiment de satisfaction certes, mais proche de la tristesse malgré tout. Je décidai de continuer l’exploration de cet étrange château.
Il y avait de nombreuses portes dans ce couloir, toutes identiques. J’avançai sans parvenir à décider quelle porte pousser. Je me décidai enfin pour l’une d’entre elles.
La pièce dans laquelle j’entrai…était vide. Entièrement vide. Une minuscule ampoule (c’est drôle, je ne m’étais pas attendue à trouver de l’électricité dans un pareil endroit) éclairait d’une faible lueur la pièce qui semblait gigantesque. Je me demandai s’il était bien utile d’explorer une telle pièce. Pourtant, j’avançai de quelques pas. Je restai immobile quelques secondes, ne sachant quelle attitude adopter. Il faisait froid, très froid, presque au point de regretter la chaleur moite du couloir.
J’avançai encore de plusieurs mètres, en supposant que je progressai en ligne droite, mais c’était difficile à confirmer car la pièce semblait ne présenter aucune limite. Je fus soudain prise de panique car lorsque je me retournai pour repérer la porte d’entrée…je ne parvins pas à la distinguer.
Je pris quelques minutes pour respirer profondément, tentant de retrouver un semblant de calme.
Et j’avançai encore. Encore. Encore. Je ne saurais plus dire combien de temps j’avançai. Curieusement, le sentiment de panique m’avait quittée, et le froid intense du début s’atténuait au fur et à mesure de ma progression…un peu comme si la pièce voulait m’inciter à continuer sur cette voie. Ce que je fis, car soudain, l’incertitude du début avait cédé la place à la conviction que je faisais ce qui devait être fait.
Après ce qui me parut un temps infini, il me sembla distinguer au loin une lueur. Et le sentiment de quiétude s’intensifia encore.
J’arrivai enfin à l’autre bout de la pièce, devant une porte, qui aurait été identique à la porte d’entrée, si elle n’avait pas été munie d’une minuscule lucarne en son milieu ; et aussi cette inscription : « explorateur du château, réfléchis bien avant de pousser cette porte. Mille regrets tu pourrais éprouver. Une seule chance t’a été offerte. »
Quel pouvait-être le sens de cette phrase sibylline ? Que pourrais-je bien regretter ?
J’allai ouvrir la porte lorsque j’eus l’idée de jeter un œil par la lucarne. Elle était si petite qu’au début, je ne vis rien. Lorsqu’enfin j’arrivais à distinguer le paysage, je ne compris pas tout de suite ce qui s’offrait à ma vue, tant cela me sembla incongru. Car ce que je finis par distinguer nettement…c’était le salon de mon appartement !
Qu’est-ce que tout cela pouvait bien vouloir dire !
Je me remémorai la phrase étrange sur la porte. Et je compris. Cette pièce offrait une porte de sortie aux explorateurs, un retour direct chez eux. D’où le sentiment de sérénité que l’on ressentait en s’en approchant. Mais pousser cette porte signifiait aussi…arrêter ici l’aventure.
Je lâchais doucement la poignée que je m’apprêtais à tourner l’instant d’avant. Arrêter l’exploration alors même que je venais de la débuter. Certes, je n’étais venue ici que pour accompagner le garçon. Ma mission était donc terminée, je pouvais rentrer chez moi. Mais était-ce réellement ce dont j’avais envie ?
La décision m’apparut soudain d’une évidente clarté. Je fis demi-tour et commençai à m’éloigner.
Après quelques pas, je me retournai. Le message sur la porte avait changé : « à bientôt …si le château le veut bien ». Je déglutis avec peine. Cette fois, le message me parut menaçant ; voulait-il dire que désormais, seul le château lui-même pourrait décider de me laisser sortir ?… « une seule chance… ».
Je retrouvai sans peine le chemin vers la porte d’entrée, car cette fois-ci l’ampoule éclairait brillement la pièce. Je sortis et retrouvai la chaleur étouffante du couloir. Lorsque la porte se referma derrière moi, je tentais d’y trouver un signe distinctif, afin de pouvoir rentrer chez moi lorsque je le souhaiterai. La fin du message inscrit sur la porte résonna alors dans ma tête… « si le château le veut bien ». J’inspirai profondément, et fis la seule chose qui s’offrait à moi : je repris mon exploration. Tout à coup, j’aurais tout donné pour que le garçon soit à mes côtés. Si le château le voulait bien, alors peut-être…