Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA 500ÈME PIÈCE VU PAR L’ENFANT DES MERS
LA 500ÈME PIÈCE VU PAR L’ENFANT DES MERS

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LA 500ÈME PIÈCE VU PAR L’ENFANT DES MERS

Enfant des mers as Enfant des mers

PIÈCE 500

Je refermai la porte derrière moi et remarqua qu’elle était cachée par un tableau de Picasso, le Guernica. Mais je me désintéressais bien vite de l’œuvre, aussi célèbre soit-elle. La pièce était large, spacieuse, meublée d’une large table où reposais mille et une friandises et d’une petite dizaine de fauteuils et chaises diverses. J’en repérai une qui me parut assez confortables, mais je n’eus pas le temps de la tester car sept aventuriers se tenaient devant moi. Le seul mot qui me vint à l’esprit en les voyants fut « bizarre ». L’un était un nain barbu, mais il y avait également un garçon brun et deux jeunes filles, l’une très sale habillée de vêtements misérables et l’autre bien mieux vêtu. Une petite fille pas plus haute que trois pommes (à peine dix cm) se tenait côte à côte avec quelqu’un qui flottait à quelques centimètres au-dessus du sol et dont le corps était transparent.
La fillette me demanda mon nom, d’une voix claire et forte, étonnante pour sa taille et son âge. Je lui répondis puis elle se présenta : « Je suis Poussière d’Étoile, mais tu peux m’appeler Poussière. Voici Esprit, ma meilleure amie, Gabi et Leila qui sont compagnons, comme Un gars et le Petit grand nain, là-bas. »
Je pus deviner sans aucune difficulté que cela faisait quelques mois, si pas des années, qu’ils arpentaient le sol du Château, contrairement à moi qui ne mettait aventuré entre ses murs qu’il y a quelques semaines. Mon cœur se mit à battre très fort dans ma poitrine. Des aventuriers ! Des vrais, en chair et en os ! Je ne cachai pas mon excitation et bavardais avec entrain. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? Je n’avais pas grand-chose à raconter, mais j’écoutais attentivement toutes les histoires de mes camarades qui, eux, en avait vu des vertes, des rouges et des pas mûres ! Cela me fit sourire. J’adorai cette expression ! Je me sentais un peu naïve face à eux, si expériencés. Mais je ne pus m’empêcher de commenter :
« Tout de même, c’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit ! » Je regardais Esprit et Poussière se chercher du regard.
Esprit prit la parole : « Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! » Je jetai un coup d’œil autour de moi. Elle avait raison.
« C’est vrai ! » s’exclama Gabi.
« Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! » fit remarquer Un gars. Au même moment, un grincement provenant d’une épaisse porte noire me fit sursauter. Instinctivement, nous nous rapprochâmes tous les uns des autres. Le Petit grand nain jura et attrapa sa hache. Enfin, une fille blonde entra dans la pièce.
« Salut ! » lança-t-elle. « Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet ! » Aussitôt, Esprit et Poussière se relaxèrent et nous présentèrent Miss Juliette. Elle avait l’air encore plus insouciante que moi ; elle ne réagit pas du tout quand les filles lui expliquèrent notre inquiétude. Et étonnement, tout le monde commença à se détendre et comme si de rien n’était, on se remit à papoter. Aucune gêne dans la conversation et personne ne reparla du mystère. Tant mieux ! Je parlai un peu avec tout le monde, de tout et de rien, faisant plus ample connaissance. J’admirai Poussière d’’Etoile, m’amusai avec Miss Juliette et apprit qu’elle pouvait se transformer en chat, mangeai quelques pâtisseries (il y avait de tout : des tartelettes, des gâteaux, des biscuits, des petits pains) et pris un verre d’eau.
Peu après, une femme d’une trentaine d’années et une jeune fille brune arrivèrent. Leurs noms étaient ArtistElsa et Violette. Poussière parla pour nous tous, expliquant dans les moindres détails ce qu’on savait de notre petite réunion. Elle avait à peine fermé la bouche qu’une onzième fille arriva. Leeko s’intégra au groupe après que Poussière eut répété son petit discours et nous invita dans les fauteuils. Je m’assis dans celui que j’avais repéré en entrant et qui s’avéra en effet très confortable. Les fauteuils étaient disposés en un cercle, de sorte que nous puissions tous nous voir sans avoir à se tourner dans tous les sens.
Un seul siège était vide et j’étais assez curieuse de savoir à qui il appartenait. On fut tous assez surpris quand on découvrit que la dernière aventurière, habillé en tenue de combat (T-shirt de camouflage, pantalon brun, bottes en cuivre…) nous sauta dessus tel un bolide affamé… et qu’une louve nous égorgea à moit1ié. Heureusement, ArtistElsa, pleine de compréhension, cria : « Stop ! Nous ne sommes pas tes ennemis ! Nous sommes des aventuriers, comme toi ! » ce qui eut pour effet de ralentir un peu l’animal, sans pour autant qu’il enlève ses griffes de Miss Juliette. Elle nous regarda tour à tour, droit dans les yeux. Je n’ai jamais réussi à supporter ça, mais quand son regard se fixa dans le mien, je tiens bon. J’espérai qu’elle comprenait que l’on ne lui voulait aucun mal. Apparemment oui, car après quelques secondes, elle nous dit qu’elle s’appelait Louvelo. Elle se retransforma en une fille d’apparence normale, mais chacun de nous savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences et que derrière cette fille se cachait un être redoutable.
On s’était tous levés et s’est avec soulagement que l’on se rassit. Cependant, je pouvais voir Gabi qui se tortillait sur son siège, le Petit grand nain jouant avec sa hache, même Miss Juliette semblait anxieuse. Seule ArtistElsa était sereine. Et moi, une seule chose occupait mon esprit : pourquoi nous étions nous tous retrouvé ici, dans cette même pièce ? Je voulais croire que c’était juste le hasard qui nous avait tous emmenés ici, mais plus j’y pensais et plus il m’était difficile d’y croire.

Soudainement, je sentis mon siège bouger sous moi. Je reteins une exclamation, mais pas Poussière. C’était comme s’il y avait un mini tremblement de terre à l’intérieur du château. J’étais effrayée. Je n’étais pas du genre courageuse et brave, qui n’a peur de rien. Mes yeux s’agrandirent de frayeur quand les murs commencèrent à se fissurer et qu’une poudre blanche nous entoura. Je me levai. Ou plutôt, j’essayai. J’étais incapable de bouger. Mes pieds étaient collés au sol par une glue ultra-forte. Poussière, un Gars, Leïla… Tous mes compagnons étaient dans la même situation que moi. La poudre blanche me piquait les yeux et la poussière m’aveuglait. Je clignai les yeux pour tenter de faire disparaître la douleur, mais quand je les rouvris, un homme, très grand, se tenait devant nous. Nous ne savions pas qui il était mais il était si… Il n’y avait pas de mot pour le décrire. Il se répandait une sorte de méchanceté de tout son être, s’était étouffant.
« Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »
Ses mots s’enroulaient autour de nous tel un serpent, il parlait avec tellement d’arrogance que s’en était insupportable. « Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. » Dans n’importe quelle autre situation, j’aurai répliqué que je ne pouvais pas lui avoir posé de problèmes, j’avais à peine visité cinq pièces, mais face au Château, car c’était bien lui, mes lèvres restaient immobiles.
Et puis il rit. Ce n’était pas un rire joyeux, ni un rire comme les vilains dans les films. C’était bien pire. Le son était amplifié à travers la pièce, répugnant, et toutes les fibres de mon corps tremblaient à l’unisson. Mais ce n’était pas de peur. Enfin, si un peu, mais c’était surtout par dégout. Pourquoi ? Je ne sais pas.
« Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. » Et puis il se tut. Et d’un pas rapide, il se retrouva devant Poussière.
« Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! » Le poison dans sa voix ne présageait rien de bon. Mais pourtant, Poussière réussi à réunir assez de courage pour tirer un poignard et le lui lancer au visage. Mais c’est à peine si elle lui fit une éraflure.
« Si c’est ainsi, meurs donc la première! » Je vis le visage de Poussière rougir, des larmes lui couler sur les joues. Elle avait mal. Le Château était en train de l’étrangler ! Louvelo réagit au quart de tour. Elle prit sa forme de Louve et bondit sur le monstre. Elle fut l’élément déclencheur. Tous, comme s’ils n’avaient attendus que son signal pour attaquer se jetèrent dans l’action. Je me joignais à eux. Je plongeai la main dans mon sac-banane, et sourit lorsque j’en tirais un arc et un carquois. Je bandais mon arc et tirais une flèche. Elle alla se planter dans l’oreille du Château. Mais il l’arracha essaiment comme il repoussa toutes les autres attaques.
Je ne faisais pas attention aux autres jusqu’au moment où la taille de notre ennemi augmenta jusqu’à atteindre plus de cinq mètres de haut. Il était colossal. Il brisa le mur et ramassa des briques pour les lancer sur nous. Aussitôt, Un gars prit la table et la retourna de telle sorte qu’elle nous servait de bouclier. Je tirais une flèche et me reçus un bloc de pierre à la tête.
Là, je me dis que l’on ne travaillait pas avec la bonne technique. J’essayai d’appeler Gabi (c’était la plus proche de moi), mais c’est Violette, ArtistElsa et Leila qui me hélèrent. Je me faufilais vers elles. Elles m’expliquèrent leur plan. Ni une, ni deux, je leur passais un gros élastique de mon sac et courus chercher ce qu’elles avaient besoin. Et pendant que les garçons et Esprit faisaient diversion, ArtistElsa alla trouver Poussière. Je leur donnai le saladier et elles assemblèrent le tout. Poussière et ArtistElsa nous rejoignirent. J’étais surexcité. C’est à peine si on demanda à Poussière son avis avant de la mettre dans le bol. Gabi coupa l’élastique et Poussière s’envola dans un bel arc de cercle. Elle atterrit exactement là où nous le voulions. Elle s’agrippa aux narines (berk !) du géant, grimpa le long de ses joues et lui enfonça son poignard dans la pupille. J’avais envie de lui hurler « Bravo ! » mais me retient. On l’attaqua tous ensemble, moi avec mes flèches, Louvelo et Miss Juliette avec leurs griffes… Chacun avec notre arme mais tous dans le même but. Le Petit grand nain se servit d’une corde pour attacher les pieds du géant. Il trébucha, tomba. Poussière et Miss Juliette sautèrent par terre. Je devais avoir l’air d’une idiote, mais ce n’est pas grave.
Le Château reprit une forme normale et dit : « Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. » Hein ?

Des harpies nous entourèrent. Je n’eus pas le temps de bander mon arc qu’elles disparurent et qu’un liquide noir et nauséabond le remplaça, bientôt suivit par une tempête de vent énorme. Le plumage d’un rapace succédait aux sables mouvants tout droits sortis du Mont St Michel. Et ainsi de suite. Les apparitions ne restaient pas visibles plus de cinq secondes. Je n’avais aucune stratégie d’action, je ne pouvais viser aucune cible. À nouveau, une harpie me blessa, je fus trempée et recouverte du liquide, le tonnerre retentit au-dessus de moi, si près de mes oreilles que je faillis devenir sourde. Un aigle me mordit. J’étais incapable de me défendre et ça me tuait. Mais je remarquai très vite que l’ordre des transformations était fixe, toujours harpies-liquide noir-tempête- sables -etc.
Je m’éloignai inconsciemment de Gabi et Leila, me retrouvant coincée contre un mur. Je m’aperçus de mon erreur quand une horde de harpies s’acharna sur moi, seule dans mon coin. Cependant, j’avais compris le mode de fonctionnement du Château, alors je pus me défendre. Je m’en sortais à peu près contre les harpies, les aigles (des flèches faisaient l’affaire) et le sable mouvant (je m’accrochais au mur) en revanche je ne savais pas quoi faire contre l’eau noir et la tornade. Les éclairs étaient attirés par des lances plantés au sol par mes compagnons. Ils avaient eux aussi remarqués la répétition et ils s’organisaient. Je me rapprochai d’eux. Je comptais le temps entre chaque piège. Sables. 1. 2. 3. 4. Aigles. 1. 2. 3. 4. Gobelins. 1. 2. 3. 4. Harpies. 1. 2. 3. 4. 5. 6. Eau. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 6 et demi. Le rythme ralentissait : le château faiblissait et on le voyait fréquemment apparaitre sous sa forme humaine. Sable. 8 secondes. Je ramenais la corde de mon arc contre ma joue, tirai. La flèche se ficha dans le cœur d’un aigle. J’eus le temps de tirer trois autres flèches. J’atteignis Leeko. J’entendis quelqu’un crier : « Eau ! ». 12 secondes. « Harpies ! » puis « Sable ! ». Tous ensembles, nous sautèrent au mur. Les changements de forme se faisaient lents, plus d’une minute chacune. « Gobelins ! » Je me mis en position de combat. Nous étions les attaquants et plus les attaqués.
Et puis, plus rien. Le château repris sa forme humaine. Il haletait, des gouttes de sueurs un peu partout sur son corps. D’un accord commun, nous l’attaquèrent mais il disparut. Ceux qui avaient bondi tombèrent et perdirent l’équilibre. Le petit séisme qui suivit n’arrangea rien.

J’accrochais mon arc et mon carquois dans mon dos. Nous formâmes un petit cercle par terre. Je sortis quelques cannettes d’Orangina de mon sac-sans-fond-très-utile et des pommes. Je restais un peu sans rien dire, tout au plaisir de partager un moment de bonheur avec eux. Je souriais au blagues d’un Gars, mais me joignit peu à la conversation. Je ne voulais pas gâcher mon bonheur en pensant à la séparation qui, j’en suis sure allait suivre. Je fouillai un peu dans mon sac puis me levai. « Qui veut faire du roller ? » lançais-je. Je brandis deux paires de patins et en sortis dix autres de tailles diverses. Je me chaussais.
Quelques heures plus tard, nous nous quittâmes. « Mais on se reverra! » nous dit Poussière. Je partie par une porte opposé au tableau de Picasso. J’avais beaucoup appris auprès de ces aventuriers hors-pairs, et je m’étais fait de nouveaux amis. J’espérai que l’on se retrouverait un jour comme l’avait prédit Poussière, mais rien n’était plus sûr.

« EXPLICATIONS du Projet Pièce 500 : À l’occasion de la 500ème pièce du Château, un groupe d’explorateurs (La chatte qui pêche, Miss Lovegood, Un gars…, Miss Juliette94, Le petit grand nain, Gabi, Leïla#♥, Violette, Papergirl, Leeko, Enfant des mers, ArtistElsa) ont décidé, sur une idée de La chatte qui pêche, de faire une pièce collective où ce groupe rencontrerait le Château et l’affronterait. Nous nous sommes basés sur un premier texte de La chatte qui pêche pour écrire la même pièce, mais chacun de notre propre point de vue.

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