OuiNonBof as OuiNonBof
Je me réveillais soudainement dans un petit salon carré au parquet impeccablement ciré et aux murs pourpres ornés d’un petit liseré blanc. La pièce était meublée d’un petit canapé en velours noir, avec des gros coussins moelleux (enfin, je crois, je ne suis pas allée m’avachir sur les coussins pour vérifier, mais bon.), et d’une petite table en verre sur laquelle s’épanouissait une magnifique orchidée rouge dans un vase transparent.
C’est bon, vous suivez, là ? Bon. Tant mieux pour vous si vous suivez, parce que moi je ne suis pas du tout. Déjà, où suis-je ? Toujours ce fichu château, je suppose. Qu’est-ce qu’il est tarabiscoté, d’ailleurs. L’architecte devait être un fou dangereux. Je suis sûr qu’il est encore dans une des salles du château et qu’il… Attendez une minute, la porte s’ouvre.
« Bonjour bonjour, je suis l’architecte du Château des 100 000 Pièces. Je fais un petit état des lieux, mais je ne fais que passer, hein, j’ai encore 45 482 pièces à visiter, alors je vais pas tarder, moi, hein. »
Qu’est-ce que je disais. Bref. Après ce passage éclair du concepteur du Château, reprenons les lamentations.
Et où est passée la voix off ? Celle qui prenait soin de relater avec précision nos aventures, Sam Gamegie et moi ? Et d’ailleurs, il est passé où ce crétin de Sam Gamegie ?
Ah, il est là. Il caresse le lapin nain que l’architecte du Château a laissé dans la pièce. (Eh, ne me demandez pas pourquoi, ce ne sont pas mes affaires, hein!)
Comme je suis paumée et complètement à la masse, je m’adresse à mon fidèle compagnon :
« – Hey Sam, ça gaze ?
Je reconnais que ce n’est pas une fantastique entrée en matière, mais je suis dans le pâté, je vous rappelle, je viens de me réveiller. Hé ho. Faut pas pousser Mémé dans les orties ! (J’adore cette expression. Bref.)
– Ouais, carrément ! Je me suis réveillé quelques minutes avant toi, et j’étais parti essayer de trouver un peu d’herbe à pipe mais bon, c’est mal fichu, ce Château.
– Je confirme ! Bon, tu sais où on est ?
– Absolument pas. Tu sais, je n’ai pas une mémoire fantastique, alors, hein…
– Sam, tu es génial.
– Merci !
– C’était ironique.
Sur ces humbles paroles, ce cher Hobbit me balance son petit lapin nain dans la tête. L’air de rien, ça fait mal, hein, un lapin nain. Enfin bon, là n’est pas le sujet. (Où est le sujet, d’ailleurs, ça je me le demande bien.)
– Bref, Sam, j’ai comme l’impression qu’on a subi un effacement de mémoire ! On ne se rappelle pas de là où on était avant ! C’est trop tragique !
– Pff, n’importe quoi. Je pense juste que tu as délaissé le Château des 100 000 pièces pour faire autre chose. Et du coup, ben, nos derniers souvenirs ne sont plus très frais.
– Ta théorie se tient, mon cher, mais le souci c’est que je ne suis pas du tout le genre de fille à tout laisser en plan comme ça, hein.
Là, Sam commence à se fendre la poire, et je réprime une soudaine envie de lui balancer à mon tour ce lapin nain dans la tête. Quand même, il est vachement mignon, il faut pas qu’il finisse en ballon de hand. En tout cas il est doux. Je précise, je parle du LAPIN, hein. Euh, donc. Ah oui, Sam qui se fiche de moi.
– Hé, ho ! Bon, bon, ça va, j’ai abandonné le Château comme une vieille chaussette, on s’est retrouvés là et voilà. Maintenant, on n’en parle plus, j’appelle la voix off pour qu’elle reprenne son boulot, on retourne explorer le Château et on n’en parle plus ! Basta !
– Tu penses vraiment que tu vas t’en tirer comme ça ? Sans excuses pour les JBnautes qui lisaient tes aventures, sans excuses pour le Château lui-même, sans excuses pour ce fichu architecte qui doit se demander ce que c’est que cette tribu de JBnautes déjantés qui squattent sa construction ?
– … Tu as raison, je suis vraiment trop égoïste.
– Tout à fait.
– C’EST BON, TOI, TE LA RAMÈNES PAS TROP AVEC TES PETITS COMMENTAIRES ! Donc, je disais, je suis vraiment trop égoïste.
Tout à fait. Tiens, c’est bizarre, j’ai l’impression d’avoir déjà vécu cette scène.
– Il m’énerve, il m’énerve ! JBnautes, Château, je suis désolée d’avoir abandonné cette super aventure qu’est l’exploration du Château des 100 000 Pièces, juste parce que j’ai écrit une pièce qui ne me plaît pas. Dans la vie, il ne faut pas baisser les bras et c’est exactement ce que j’ai fait… Si vous voulez bien de moi, je repars avec mon fidèle compagnon Sam Gamegie, en quête de nouvelles aventures.
Eh, tu veux faire du ski ? Alors demande au crâne du prof, il est luisant !
– … RAAAH ! MAIS T’AS TOUT GÂCHÉ ! Et… Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes, ça veut rien dire, ça ! Grrr, allez viens on va continuer à explorer le Château.
… Oh, et puis sache que je ne t’en veux pas vraiment, hein, t’es vraiment super sympa et cette histoire de ski c’est quand même pas mal.
– Mais oui, je sais bien que tu ne m’en veux pas vraiment. Allons-y gaiement. Et puis on prend le lapin nain, hein, il est vraiment trop chou.
– Je suis d’accord. C’est reparti !
Et c’est ainsi que ce duo de choc reprend du service, toujours à gambader comme des fleurs dans un cimetière gluant. L’explosion de vitalité et les commères avec des chapkas sont au rendez-vous pour casser des noix avec les dents ! Oh, tiens, vous êtes la voix off ? Toujours aussi incompétente, à ce que je vois ! … Tandis que OuiNonBof, toujours aussi stupide et prétentieuse, se fait plein d’ennemis, Sam Gamegie la supporte avec une patience infinie et organise avec soin et discrétion son assassinat. Hé, madame le voix off, vous ne m’êtes pas bien sympathique ! Vous êtes virée ! Et tâchez de vous trouver une remplaçante d’ici la prochaine fois !
Qu’est-ce que je disais… OuiNonBof la cruelle dédaigneuse… Si vous voulez rejoindre le complot visant à l’assassiner, rejoignez-nous chez… Qu’est-ce que je viens de vous dire ?! Vous êtes VI-RÉE !