Bloumbloum as Bloumbloum
J’entre dans la pièce d’à côté, avec comme un noeud dans l’estomac. Quel revenant, quel esprit m’attend, cette fois ?
J’inspecte la nouvelle pièce. Rien d’alarmant. Ca sent le chocolat chaud. J’aime bien. Le sol est en chocolat blanc, c’est très joli, et il y est sculpté des mosaïques. J’hume la bonne odeur qui vient à mes narines. Mon ventre gémit. Depuis combien de temps n’ai je pas mangé ? Depuis deux jour, je crois. Prudemment, je passe mon doigt sur les murs, puis le porte à ma bouche. Un bonheur m’envahit. C’est du chocolat aromatisé avec du miel. Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon. Allez ! J’en re-mange un petit peu !
« Malheureux ! Arrête ça tout de suite ! »
Qui est celui qui me parle ? Je l’ignore. En tout cas, ce n’est plus mon grand père. Mais les esprits bavards ne me font plus peur du tout. Alors, je continue de manger.
« Cesse ça, gamin ! »
Je l’ignore et m’empiffre de plus belle. Après tout, pourquoi m’en priver ? C’est tellement bon !
« Recrache ça tout de suite ! Ce chocolat est ensorcelé !
– Ensorcelé ?
– Exactement, gamin ! Recrache ça !
– Mais…mais…c’est impossible ! J’ai tout avalé !
– Malheureux ! Tout mortel qui goûte ce chocolat se transforme en sculpture en chocolat ! Tu es condamné !
– NON !
– Si, hélas. Je ne peux rien faire pour toi. Le maître n’accepterais pas.
– Combien de temps me reste t-il ? Que puis-je faire pour être sauvé ?
– Quel âge as-tu ?
– Quel…
– Répond moi. Quel âge as-tu ?
– J’aurais treize ans dans deux jours.
– Hum…pour un jeune enfant comme toi, la métamorphose devrait durer deux jours.
– Ce qui veux dire qu’elle sera achevée le jour de mes treize ans ?
– Je pense bien, oui.
– Ho non ! Et quand…ça arrivera, pourrais-je…continuer à vivre, même tout en chocolat ?
– Je pense bien, oui. Mais ce ne sera pas joyeux. Généralement, les personnes attentent de ce sortilège se dévorent au bout de deux heures.
– Je t’en prit ! Y a t-il un remède ?
– Oui. Mais je ne puis te le dire. Si je le fais, le maître me sanctionnerais sévèrement.
– Mais tu es mort, toi ! Moi, j’ai encore toute une vie à mener ?
– Qu’as tu à ton bras ?
– À mon bras ?
– Oui. Pourquoi est-il si…jaune ?
– Il est moisi.
– Ah…j’aurais dû m’en douter. Il faut dire que tu ne sens pas la rose ! C’est une pièce où il vaut mieux éviter de s’aventurer.
– J’avais remarqué. Il y en a d’autre comme ça ?
– Il y a la pièce qui rend fou. C’est la pire. Fais attention.
– D’accord.
– Au fait. Ton amie, là…
– Papergirl ?
– Ouais, ben…méfie toi d’elle.
– Pourquoi ?
– Tu verras. »
Résigné, je décide de quitter la pièce. Au moment où je met la main sur la poignée, la voix se fait entendre.
« Petit ?
– Oui ?
– Hum…si tu veux guérir…
– Oui ?
– Fais un truc bien.
– Pourquoi ?
-… »
Je n’en tirerais rien de plus. J’ouvre la porte, et sors dans le couloir.