Gabi as Gabi
Au bout de quelques minutes passées dans le couloir, Leïla décide de franchir la porte suivante et s’avance vers elle. Celle-ci est ornée d’un magnifique dessin de sablier gravé dans le bois. Je l’effleure du bout des doigts.
– C’est très impressionnant… On dirait un vrai sablier…
– On dirait même que le sable coule réellement. ajoute-t-elle
J’abaisse alors la poignée et nous pénétrons côte à côte dans la salle.
La seule chose que je trouve à dire, c’est « Waouh ! »
La pièce est gigantesque. En fait, c’est une immense plaine, avec quelques arbres par-ci par-là et une rivière circulant tranquillement au milieu.
Nous nous avançons en regardant de tout les côtés. Des oiseaux piaillent dans le ciel.
– C’est beau… souffle mon amie
Je hoche la tête et m’approche d’une crevasse. Je lâche une exclamation de surprise quand j’aperçois trois gros œufs de la taille d’une tête, reposant au fond. Nous nous accroupissons près d’eux et nous les observons.
– Gabi ? fait soudain Leïla
– Oui ?
Les cris des oiseaux sont devenus plus forts.
– Tu es sûre que se sont des oiseaux ?
Je lève la tête et vois alors ce que j’avais pris pour des petits pigeons.
– Oh mon dieu… Des…
– Ptérodactyles. je complète. Cours !
Nous nous élançons droit devant nous. Des Ptérodactyles ? Des dinosaures ? Ici ?
Le sol se met à trembler sous nous et un Diplodocus surgit à notre droite en balançant son long cou. Nous le contournons mais nous nous retrouvons face à un… Tyrannosaure.
– Tu sais que les Tyrannosaures sont carnivores ? je lance
– Oui oui…
Nous nous remettons à courir mais à l’instant où le dinosaure pousse un cri, le décors change.
Le cri du dino se transforme en cri humain et une silhouette s’effondre non loin de nous. Nous sommes cette fois au beau milieu d’hommes armés occupés à se battre. Mon regard est attiré par une banderole surmontée d’un aigle doré.
– Des romains ! s’écrit Leïla
L’un d’entre eux nous remarque, ouvre des yeux ronds et nous lance quelque chose en latin. Malgré mes cours au collège, je ne comprends pas un seul mot. Leïla m’écarte juste à temps d’une épée tranchante et l’image change de nouveau.
L’épée se transforme en une lance pointée dans ma direction. Nous sommes dans une grande salle décorée de dorures et de tapisseries, face à un homme assis sur un trône et vêtu d’une longue tunique brodée de fleurs de lys.
– Nous les avons trouvé en train de roder dans le château. annonce le soldat avec la lance
– Dis moi que ce n’est pas Louis XIV… me murmure Leïla
– Mmh… C’est Louis XIV.
– Super. On ne pouvait pas…
– …tomber mieux.
Une déflagration retentie à ma gauche et un char d’assaut me dépasse. Des rafales de mitraillettes résonnent quelque part. Le ciel est noir, la terre boueuse et recouverte de corps. Un avion nous survole et quelque chose explose non loin de là.
– J’ai rien dit. rectifie Leïla
– La Seconde Guerre Mondiale… je balbutie
– Et on est en plein milieu du No man’s land.
Je fais un pas en avant et mon cœur se soulève à la vu des corps meurtris.
– C’est horrible ! s’exclame Leïla
Un soldat au visage ravagé par la douleur et la colère surgit alors devant nous et pointe son arme dans notre direction, avant de presser la détente.
Nous sommes dans une salle aux murs blancs. Tout a disparu. Plus de guerre, ni de roi, ni même de dino. Juste Leïla et moi, allongée sur le sol blanc.
Nous nous relevons, encore chancelantes à cause de ce qui vient de se passer.
– On a voyagé dans le temps. je dis
Elle hoche la tête.
– C’était… Trop cool.
– Effrayant mais trop cool.
– J’espère que ça recommencera.
Nous sourions et elle ouvre l’unique porte de la pièce.