Ailes d’Ange (Aile 2) as Ailes d’Ange (Aile 2)
Je bascule en avant, et me retrouve face contre terre. La tête me tourne méchamment. Je viens de passer à travers une porte, dans le sens littéral du terme. Pas très agréable.
En attendant que ça passe je m’assois. A côté de moi, je sens la présence rassurante de l’Ombre. Sans que je m’en rende compte, mon souffle se calque sur le sien, à moins que ce soit l’inverse. Peu à peu, ça passe, je me sens mieux. On a pas échangé un mot, on en a pas spécialement besoin. Je me relève. Et je prends conscience de notre environnement. C’est sombre. Humide. Poisseux. Même glauque. Les murs suintent, et quelque part, un peu plus loin dans le noir, de l’eau goutte, dans un plic-ploc régulier. Et quand mes yeux s’habituent à l’obscurité. Et on pousse un cri d’horreur en même temps.
En face de nous, sur des rangées et des rangées, s’alignent des cadavres. Des crânes bien empilés, luisants, d’un blanc nacré.
Flageolante, je fais un pas en arrière, et pose la main sur le mur derrière moi. Je la retire aussitôt. Il y en partout, des crânes brillants.
Je veux vomir. Mais je n’ai rien dans le ventre. La tête me tourne de nouveau. Et puis l’Ombre, dans mon dos, glisse ses doigts sur mon crâne. Je lui suis reconnaissante. J’ai l’impression diffuse qu’elle me comprend sans un seul mot.
Après quelques minutes, je me décide, et avec elle, je commence à avancer, à tâtons. Elle me guide, par pressions sur les bras, les jambes, le dos. Je ne vois rien, mais elle si. Je ne sais pas comment elle fait.
Et puis, c’est là, à cet instant, qui est perdu parmi tant d’autres, que ça arrive. Une douleur à l’arrière de la tête. Comme un filet poisseux dans mes pensées. Je tombe à genoux. Je suis foudroyée. Et tandis que ça passe, un léger rire retentit dans mes oreilles.
Je sers les dents.
Foutu château, qu’as-tu fais ? à qui ?
Tu ne m’auras pas.
Et le sol se dérobe sous nos pieds.